Monsieur Pelletier,

Soupçonner les opposants à madame Royal d’appartenir à l’extrême droite n’est pas plus digne que les attitudes que vous dénoncez. Pour ma part, lorsque madame Royal a annoncé son intention de se présenter à l’investiture du PS, j’ai eu un préjugé favorable. Désir d’avenir, participation des citoyens à la campagne (etc.), tout cela m’a séduit, je l’avoue. Et j’en ai même oublié ses fautes du passé, comme avec ce pauvre m. Hanse.

Mais très vite, ses écarts de langage, son absence de maîtrise des dossiers, y compris sur l’enseignement, domaine qu’elle devrait connaître, m’ont fait peur. Il faut confier les clefs de la nation à quelqu’un de compétent et de crédible ; quelqu’un qui outre la légitimité des urnes aura la légitimité de ses pairs, quelqu’un qui a la stature d’un chef d’Etat. Désolé, mais madame Royal, aujourd’hui, ne l’a pas !

A cela, il faudrait ajouter que je me suis rendu compte que sa démocratie participative, ce n’est que de la com’ ! Du flanc ! De la poudre aux yeux. Elle veut se faire passer pour un actrice nouvelle avec des méthodes nouvelles. Or c’est faux. Donc, il faut comprendre que les espoirs déçus rendent plus amers les potentiels partisans que les opposants avérés.

En outre, pour avoir observé le langage infra-verbal de madame Royal, je peux conclure que son autoritarisme m’apparaît comme incompatible avec le travail d’équipe. Or, un Président de la République est un chef d’équipe. Jamais madame Royal n’aurait été engagée par un cabinet de recrutement et/ou par un DRH.

Je suis politiquement indéterminé ; je ne suis ni de gauche, ni de droite, et j’ai voté à gauche comme à droite, jamais aux extrêmes. Et si je pense de façon péremptoire que les hommes politiques de premier plan ont tous usé de stratagèmes moralement inavouables pour réaliser leurs ambitions, et si pour ce fait aucun d’eux ne peut avoir mon adhésion pleine et entière, malheureusement il nous faut voter pour... le moins pire d’entre eux !

Aujourd’hui, je suis bien embarrassé parce qu’aucun de ces hommes politiques ne possède la stature requise pour nous conduire à naviguer dans les eaux troubles et les tempêtes qui se préparent, pour relever les nombreux défis qui s’offrent à nous. Il nous faudrait un visionnaire, quelqu’un qui dépasse les clivages, quelqu’un qui sacrifiera sa petite personne et ses ambitions personnelles au profit de notre pays.

Cette personne n’existe pas parce que l’organisation de la société et notre culture marchande empêcheraient l’éclosion d’un tel homme.

Ceci dit, je comprends votre réaction, monsieur Pelletier, mais comprenez la déception de nombreux français.

Pour terminer, la société entière est de plus en plus exigeante envers les individus et les organes qui la composent. Exigence en terme de résultat à l’école, dans le monde du travail, bref, partout où l’on respire. Alors oui, nous avons le droit d’exiger de nos hommes politiques d’être meilleurs que ce qu’ils sont actuellement. Ou alors, qu’ils aillent faire autre chose.