Que c’est
beau une foule …
Place
au peuple !
Chaque
rassemblement du front de gauche donne lieu aux mêmes scènes, aux
mêmes mouvements enthousiastes. Il y a longtemps que le peuple
n’avait été à pareille fête. Une foule debout, heureuse et fière.
Des inconnus se souriant, se parlant, se serrant la main ou
s’embrassant dans une fraternité qui a retrouvé droit de cité. Que
c’est beau une foule aimable ! Que c’est prometteur un vent de
liberté !
Une
marée humaine qui applaudit, non pas parce qu’on l’y invite, mais
parce qu’elle en éprouve le besoin impérieux, parce que ce qui lui
est dit, vient du fond de ses convictions, de ses indignations ou de
ses rêves. Chaque fois que son candidat évoque des jours meilleurs,
un pouvoir qui reprend ses droits, une légitimité qui lui revient,
la foule frappe des mains dans un même élan du cœur. Que c’est
beau une foule qui s’enthousiasme ! Que c’est troublant une rue qui
se soulève !
Son
orateur se lance dans une tirade, les mots arrivent en vagues, les
adjectifs roulent sous la voix enrouée, les arguments s’enchaînent,
gonflent, grondent. La masse pourtant se tait, écoute, attentive, ne
voulant rien perdre de la démonstration, s’étonnant elle-même de
tant de sagesse, de tant d’attention. Que c’est beau une foule qui
comprend ! Que c’est grandiose un peuple en marche !
Après
le silence, ce murmure suspendu, cette multitude qui retient son
souffle, chacun laisse aller le flot de ses émotions. Un tonnerre
d’applaudissements, des cris qui déchirent les oreilles, des slogans
qui retentissent en chœur. Tous à l’unisson de proclamer leur
confiance en celui qui s’avance en leur nom. Que c’est beau une foule
qui adhère ! Que c’est magnifique une force qui enfle !
Sur
son estrade, Jean-Luc Mélenchon s’amuse, il se gausse de ceux qui
l’attaquent. La foule rit, se plait à suivre ses saillies. L’humour
restera l’arme de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Il n’y a pas de
méchanceté chez ces gens à qui l’on a tant pris, tant menti, qui
ont été tant trahis. Alors le rire libère, il répare les
outrages, il efface les vilénies. Que c’est beau une foule qui rit.
Que c’est puissant une idée qui inspire.
Mélenchon
convoque l’histoire. La Révolution revient à la charge. Le peuple
reprend sa Bastille, une nouvelle nuit du 4 août efface les
privilèges, Robespierre est à côté du candidat. Le peuple des
sans-culottes et des bonnets phrygiens refait surface. La devise de
la République résonne des sept mille poitrines : « Liberté-
Égalité – Fraternité. Que c’est beau un peuple qui a une
mémoire. Que c’est grand une histoire qui se réveille !
Il
faut hélas évoquer les ennemis de l’intérieur. Ces faces lugubres
qui veulent toujours plus, qui privent sans cesse les humbles, les
travailleurs de leurs droits, de leur dignité. Dame Parisot est dans
les bras du candidat. Il lui fait danser une gigue endiablée. Elle
voltige de répliques en répliques. Que c’est beau une foule qui
prend le pouvoir. Que c’est envoûtant cette folle farandole.
Le
président au bout de son mandat est l’invité d’horreur, la face
sombre de nos années de honte et de souffrance. Tous ses mensonges,
ses trahisons, ses forfaitures sont dévoilés, le peuple gronde, il
hue le malfaisant, celui qui a vendu la Nation aux intérêts des
puissants, trahi la parole de la France, nié le suffrage universel
d’un Référendum oublié. Que c’est beau une foule qui se dresse.
Que c’est nécessaire la justice populaire qui réclame des comptes.
La
sixième République est en marche. Le peuple retrouve la parole, il
sera écouté, consulté. Il décidera de son destin. La
représentation confiscatoire, c’est fini. Chacun aura sa part de
responsabilité, son droit à la décision. Les temps vont changer,
les petits barons et les grands prévaricateurs seront réduits au
silence. Que c’est beau une foule qui prend son destin en main. Que
c’est troublant une démocratie qui renait de ses cendres.
Un
homme parle au nom de tous. Il n’est rien de plus que tous ceux qui
sont là. Il se dit être des nôtres, il est nôtre, il est en nous.
Ce n’est pas une admiration béate, une croyance magique en un homme
providentiel. C’est un pacte signé, un contrat d’allégeance, une
union de tous pour celui qui ne fait que parler en leur nom. Que
c’est beau une foule qui croit en l’espoir d’un changement véritable.
Que c’est enthousiaste un peuple qui donne sa confiance.
Le
meeting se termine, la foule se déchaine, les chants montent du
tréfonds de leurs mémoires. La foule avait oublié qu’elle savait
chanter à l’unisson. Qu’importe que ce soit l’Internationale et
ensuite la Marseillaise. Ce qui compte c’est d’être là et de
reprendre ensemble des chants, de renouer avec ce plaisir de
l’harmonie collective. Que c’est beau une foule qui croit en des
lendemains qui chantent. Que c’est grand un meeting du Front de
Gauche. Que c’est émouvant, une insurrection populaire.
Foulement
leur.