Pour Paul, c’est donc fait.
Et je le crois dans le ciel Avoxien désormais.
Pour les autres, pour ceux qui restent, qui survivent encore, qui écrivent encore ici, autant le dire, ils comptent aussi, ils importent aussi. Ils forment, eux aussi, cause d’existence et existence de cause.
Ca ne veut pas dire pour autant, très précieux et très précieuses, qu’il vous faille forcément pondre votre oeuf chaque matin. Mais ça veut certainement dire qu’un oeuf de temps en temps, de votre part, est toujours le bienvenu.
Et idéalement, mais là c’est une question de goût, autant que cet oeuf soit chaque fois différent, surprenant.
Car il y a deux sortes de choses à attendre d’une urbanité, d’un savoir vivre.
La première chose, plaisante, rassurante, tient à la présence stable ou assurée d’une personne. Quand on veut la rencontrer, on sait où la rencontrer et on peut la rencontrer. Et sur ce point, la surprise, la mauvaise surprise, est celle du constat ou de l’annonce de sa disparition. Cette surprise là est déplaisante, déstabilisante, attristante voire déprimante.
L’autre chose c’est que pendant sa présence qu’elle nous garantit, la personne ponde des oeufs variés, surprenants, déstabilisants d’intellectualité. Et là, la difficulté est clivante puisqu’il y a à étonner par rapport aux oeufs que pondent les autres et qu’il y a aussi à surprendre par rapport à ses pondaisons précédentes.
Sur ce dernier point, il y a cependant matière à débat. Certains d’entre nous préfèrent découvrir d’une personne qu’elle pond constamment le même bon oeuf pendant que d’autres préfèrent qu’elle ponde des oeufs toujours différents.
Un peu différents, très différents, complètement différents, c’est une question de goût, de plaisir tiré du conflit entre ce qui relève de la connaissance et ce qui relève de la reconnaissance. Selon les sujets, selon les moments, selon nos dispositions d’esprit, nous préférons parfois la reconnaissance qui caresse notre mémoire, parfois la connaissance qui défie notre intelligence, notre capacité à changer d’appui.