Rectification sur une contre-vérité :
En 1988, Mitterrand fait 34,11% et non 40%. Il fait ce score alors qu’il y a une cohabitation, càd qu’il n’est pas comptable de la politique du gouvernement. On ne peut donc pas comparer ce score avec celui de Sarkozy à ce premier tour.
Le score de Sarkozy doit être comparé avec celui des équipes au pouvoir. Donc :
en 1988 Chirac fait 19,96%
en 1995 Balladur fait 18,58% (derrière Chirac, le total des voix de droite étant de près de 40% - mais le Premier Ministre sortant est sévèrement sanctionné)
en 2002 Jospin fait 16,86%.
On le voit, à part pour 2007 où l’UMP conserve la main avec un score de Sarkozy à 31,18% (thème de la rupture + captation de l’électorat du FN + tous les médias à sa botte), jamais l’équipe sortante au pouvoir (le gouvernement, pas la présidence) ne fait mieux qu’un peu moins de 20%.
Donc le score de 27% de Sarkozy est très bon, compte tenu du contexte. Il est même inespéré, vu son bilan désastreux, le fait qu’une de ses promesses n’a été tenue, la hausse du chômage, la baisse du pouvoir d’achat, le mépris quotidien des règles républicaines, la haine de sa personne chez nombre de Français, etc.
En fait, Sarkozy conserve le même étiage qu’en 2007 voire a un étiage plus haut si on ne considère pas les voix du Front National qu’il avait réussi à mobiliser. Hors FN, les personnes qui ont voté pour lui ont réitéré leur vote, et il est normal que les électeurs du FN soient revenus à leur bercail au vu des résultats de Sarkozy.
Il ne s’agit donc en rien d’un échec lamentable. Sarkozy, usé par le pouvoir, fait quand même un score supérieur à celui de Ségolène Royal, alors en position d’alternance (deux mandats de Chirac) : il obtient 9,7 millions de voix contre 9,5 millions à la candidate socialiste, alors que le taux de participation est plus faible.
Cet étiage est d’ailleurs fort étonnant : c’est la première fois depuis l’alternance que le parti au pouvoir fait un score aussi élevé et qu’est plébiscitée sa politique (alors que la droite est à la présidence depuis 3 mandats, càd 17 ans). En gros, on peut dire que si Sarkozy a semé une haine inextinguible chez ses opposants, il a largement satisfait ceux qui ont voté pour lui.