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Commentaire de Christian Labrune

sur Epître à Marianne…


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Christian Labrune Christian Labrune 29 avril 2012 11:51

@Najat
Je veux bien que le hadith à la fin du septième article de la charte soit un faux, qu’il ne corresponde pas du tout à ce qu’une exégèse correcte imposerait, qu’il y soit question des Turcs et non des Juifs et que cela doive se passer non pas dans le monde actuel mais à la fin des temps. Je veux bien que les gens qui ont concocté cet article soient des faussaires, cela ne m’étonne pas vraiment, et que ce ne soit pas LE véritable islam. On peut bien dire aussi que les massacres des croisades que décrit Amin Maalouf ou l’extermination systématique des Indiens d’Amérique par les Espagnols, tout cela n’est pas très conforme aux enseignements des évangiles, que tout cela n’est pas très chrétien, mais c’est quand même en se servant du prétexte de la religion chrétienne ou de l’islam et en poursuivant des objectifs politiques que, dans tous les cas, on tue et on massacre.

Ce qui me heurte, ce n’est pas une essence de l’islam qui n’existe pas et que je rendrais responsable de tant d’atrocités, mais ce qui m’est donné à voir d’un prétendu « islam » au quotidien. C’est comme si on spéculait sur les intentions : il est toujours possible que les intentions soient pures, mais quand elles produisent des catastrophes, on peut aisément faire l’économie des intentions, elles ne comptent guère au regard des faits. Que le Hamas et les prêcheurs fous d’Iran ou d’Arabie Saoudite inspirés par de mauvaises intentions qui n’aient rien à voir avec les intentions pures des « vrais » musulmans fassent circuler un faux islam comme on fait circuler une fausse monnaie, c’est bien possible, mais elle se donne quand même pour la vraie et dans les échanges au quotidien, nul n’y voit que du feu.

Si j’étais un peu plus avancé dans la connaissance de l’Islam, ce que vous m’écrivez à propos de l’eschatologie selon Muhammad m’intéresserait au même titre que, par exemple, les débats sur le monophysisme au concile de Chalcédoine, c’est-à-dire d’un point de vue purement historique, mais il est inutile de vous dire qu’il m’est tout à fait indifférent de savoir si ce sont les catholiques ou les monophysites qui ont raison. Ce serait aussi vain que de discuter les thèses d’Aristote à propos du phlogistique. Et il ne me viendrait pas non plus à l’idée, à vrai dire, de me moquer d’une physique d’Aristote désormais complètement périmée : le pauvre bonhomme avait fait ce qu’il pouvait, à partir des très maigres connaissances dont il disposait.

Et je ne pense pas non plus que vous puissiez croire quoi que ce soit touchant à la venue du Dajjal qui « se déplacera à une vitesse extraordinaire » ! Ce que je sais et ce que vous savez aussi bien que moi touchant à la fin de notre monde, c’est que dans quatre ou cinq milliards d’années la terre sera progressivement absorbée par le soleil si, avant cela, elle ne rencontre pas une grosse météorite ou si un sursaut gamma du côté des trous noirs qui sont au centre de la galaxie ne nous fait pas crever quasi instantanément. L’eschalogogie musulmane vaut bien l’eschatologie chrétienne et tout cela, désormais, ce sont des contes à dormir debout aussi périmés que la science primitive d’Aristote. Les contemporains de Paul de Tarse croyaient que la parousie était pour bientôt ; la plupart pensaient et craignaient en être témoins. Personne ne l’attend plus, Dieu merci, même parmi les chrétiens. Si par conséquent le vrai et authentique musulman croit dur comme fer au retour de Dieu sur terre pour un jugement dernier qui séparera les bons des méchants, je me dis que l’antique et « vrai » islam, qui se contente de répéter des vieilles prophéties, est peut-être moins criminel qu’un faux qui appelle au meurtre mais je range tout de même sa croyance dans le tiroir des vieilles histoires antiques qui ont fait leur temps.

En tout cas, si l’instruction dont vous me parlez à la fin consistait, entre autres choses, à informer les jeunes de ce que sont les « vraies » religions par opposition aux « fausses » que les politiques s’appliquent complaisamment à entretenir pour susciter les divisions, je ne serais pas trop d’accord parce que je ne vois aucune distinction pertinente entre les vraies et les fausses. Le clivage, pour moi, du point de vue de la culture, se fait plutôt entre le scepticisme hérité de la pensée rationaliste et le système des croyances hérité du Livre. Et sI on applique le scepticisme au fait religieux, il ne reste plus grand chose des religions.


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