Je n’ai jamais cru à toutes les justifications employées dans les guerres lancées par l’empire. Les droits de l’homme, la démocratie, la laïcité, ne sont que des instruments aux mains d’abominables tyrans prêt à tout pour assouvir leur soif de pouvoir, de domination et d’asservissement total des peuples. Aujourd’hui plus que jamais, l’apparence et la réalité s’oppose.
"1984…Dans son célèbre roman, Georges Orwell décortique une certaine version du cauchemar totalitaire.
Nos
démocraties contemporaines constituent apparemment l’exact opposé de la
dictature orwellienne. Mais peut-être n’est-ce là que la surface
trompeuse d’une eau pure, sous laquelle gît une boue infâme.
Et
si au contraire, nos sociétés ne se distinguaient des totalitarismes
passés que par la perfection méthodologique de l’oppression ?
La
perfection de ce système d’oppression, c’est son ignorance par
lui-même. Dans la logique du despotisme, l’ignorance, c’est la force.
Donc ignorer qu’on a intériorisé cette maxime, c’est l’avoir poussé à
ses plus extrêmes implications. Là réside la supériorité du
totalitarisme de marché : pas ou peu de violences sur les corps, mais
une insidieuse violence faite aux esprits. La quantité de violence n’a
jamais été aussi grande, mais elle reste invisible.
C’est
la plus grande mystification de l’histoire : l’Occident prétendument
démocratique est devenu une dictature parfaite, le premier totalitarisme
viable.
Un
totalitarisme où le bon sens est considéré comme subversif, où
l’évidence est déclarée extrémiste. Un totalitarisme où le Bien est le
Mal et le Mal est le Bien, où l’annexe devient le principal et le
principal devient l’annexe, où la vacuité triomphe pendant que
l’intelligence est traquée.
Un
totalitarisme où, enfin, l’esprit public est constamment égaré,
détourné des vraies questions et plongé dans les fausses. Un
totalitarisme où les citoyens sont écrasés par le mal identifié par
Simone Weil derrière le totalitarisme : le déracinement."
Extrait de Née en 1984, de Adrien Abauzit