Vous avez introduit votre message en faisant reference à Hegel, et en effet, vous m’embarrassez en ce que vous demandez à mon esprit d’entrer dans un état de médiumnité hegelienne… J’aime les exercices perilleux, alors soit :
Que penserait Hegel de votre problématique ?
Reprenons ces theses posthumanistes pour lesqeuls vous avez de la sympathie…
1- L’homme transforme constamment son environnement technologique, leqeuel le transforme à son tour.
Jusque là on voit se dessiner une dialectique homme/technologie dans laquelle l’homme est toujours maitre.
2- Les mutations technologiques sont toujours plus rapides et notre civilisation, spectatrice, est impuissante devant cette accélération exponentielle. La loi de MooreXXXX
l’esclave se fait de plus en plus performant.
Cependant, quelques hommes , intellectuels et visionnaires, entreprennent d’expliquer et parfois d’anticiper ces phénomènes. Ainsi, le maitre prend conscience du danger que represente l’esclave.
3- avènement du chaos et de la fin du monde : l’esclave est devenu maitre du maitre et il finit meme par le tuer ce qui donne : l’homme est mort (soit l’équivalent du renversement qui vous est cher : Dieu est mort…)
On aurait presqu’envie d’abdiquer devant un raisonememnt si ineluctable dans sa forme. Sauf que, point fondamental : pour que l’esclave devienne le maitre du maitre, il lui faut une conscience (« en soi » qui devienne « pour soi » chez Hegel ou « conscience de classe » chez Marx).
Mais dans tous les scenarii de science fiction, de forme parabolique, que ce soit celles d’Orwell, Wells ou autres contre-utopies, on suppose à l’intelligence artificielle un désir de domination sur le monde, et sur l’homme quand elle n’est motivée par rien d’autre que la programmation que l’homme lui a intégrée.
Aujourd’hui, nous pourtant deja dans l’Oceania que prophetisait Orwell, si nous recensons toutes les technologies de surveillance qui nous observent, des satellites si puissants qu’on peut lire une plaque d’immatriculation d’auto, des cameras thermiques qui permettent de détecter le moindre mouvement humain ou animal à des dizaines de kms, Big Brother is watching you…
Etre libre signifie savoir ce que Big Brother pourrait demander aux hommes, le prédire et s’y conformer dans une obéissance zélée et inconditionnelle ! Sinon, on se condamne à rester sur le bord de la route et à perdre son existence sociale. Tout cela est, et sera de plus en plus, parfaitement réglé par ce lugubre pouvoir anonyme de la machine artificelle émancipée de toute volonté sociale – et donc aussi de la subjectivité du management au profit . Peu a peu, les « décideurs » subjectifs ne sont rien d’autre que les agents d’une technologie autonomisée qui ne cessera de progresser jusqu’à transformer le monde en un désert sans vie.
Cela me fait penser à la meme pretendue incapacite des hommes a reguler le capitalisme financier… Les marches se font, se defont et s’autoregulent de facon si autonome que quand un crash et une crise nous tombent dessus, et que des millions de gens se retrouvent en faillite, personne n’y peut rien, c’est la loi du capitalsime autonomisé, doté de la conscience du saint esprit probablement … Rimbaud avait déjà formulé la devise schizophrénique de l’homme moderne :« Je est un autre »…
Pourtant quand il y a quelques annees, 1000 milliards de capitalisation sont partis en fumée sur les bourses américaines à cause d’un bug d’ordinateur gestionnaire d’actifs. Les autorités, traders et opérateurs ont tout simplement décidé d’annuler toutes les transactions passées passees pendant les heures qua duré le bug. Eh oui, c’est possible !
De meme, jusqu’à événement contraire, l’intelligence artificielle obéit à l’ordre du cerveau humain. Ce sont ceux qui créent les algorithmes et les programmes qui sont intelligents, pas les machines.
Quand vous dites que nous nous trouvons dans la situation de ceux qui réfléchissaient sur les conséquences de la bombe atomique, pas tout à fait : ils n’ont jamais supposé que les bombes se doteraient d’une conscience autonome et qu’elle se rendraient d’elles-mêmes à Hiroshima ou à Nagasaki ;
Or dans votre scenario, vous envisagez un réseau intelligent et autonome, doté d’une conscience. Mais je ne vois donc pas comment vous pouvez supposer que cette forme de conscience pourrait advenir. Vous ne pouvez d’ailleurs même pas résumer la conscience humaine à un agencement de neurones que le progrès technologique pourrait un jour reproduire.
Si le cerveau constitue une structure où la conscience peut « émerger », il est condition de possibilité, et condition nécessaire, mais rien ne prouve qu’il soit condition suffisante. Et toute la difficulté des neurosciences aujourd’hui est de comprendre comment une conscience subjective émerge à partir d’un processus physiologique. Aussi posthumaniste que vous soyez, le mystère de la conscience et de la subjectivité demeure total.
Il n’y a encore aucune forme d’intelligence artificielle qui exprime quelqu’émotion que ce soit. On peut la programmer pour qu’elle éprouve artificiellement une émotion en réponse à un ensemble de paramètres qui lorsqu ils sont réunis engendrent cette émotion, mais si on ne l’a pas programmée dans ce but, elle ne réagira pas. Même si aujourd’hui l’intelligence artificielle peut convertir la pensée humaine en stimuli mécaniques et électriques, elle n’a pas de capacité d’initiation, ni d’adaptation à un environnement imprévisible,
D’autre part, rien ne nous permet de prouver que la conscience humaine soit un système que la machine peut reproduire dans sa manière de procéder. Par exemple, si un ordinateur surpuissant peut battre Gary Kasparov, la façon dont l’homme et l’ordinateur jouent aux échecs sont radicalement différentes : le premier fait appel a sa capacité de saisie spatiale et de raisonnement logique, le second au pur calcul brute.
On ne peut donc que se situer sur le registre de la fiction de l’apocalypse robotique, comme on l’avait déjà fait pour le bug de l’an 2000 dont personne n’a rien vu et pour la fin du monde en 2012 ou encore le film Existenz… on pourrait imaginer que les hommes auraient un implant virtuel qui permettrait de regarder la TV sans écran, de communiquer par télépathie, sans téléphone, ni facebook… Mais, contrairement aux paraboles religieuses, les paraboles de contre utopie me semblent plutôt justifier une forme d’aliénation technologique similaires dans leur forme a l’alimentation du capitalisme que dénonçait Marx, elles ne permettent donc pas de former une morale rationnelle mais au contraire un esclavage rationnel…
Sur ce , je m’en vais m’uploader sur un serveur avec processeur « indesintegrable », des fois que...
P.S : ma jeunesse n’est que dans mon apparence, à mon grand malheur…Je me demande où se cache mon portrait de Dorian Gray…