"Quiconque
change sa religion, tuez-le."
Le plus cocasse avec ce hadith (qui de fait est plus un hadith-dans-un-hadith
qu’un hadith stricto sensu) est qu’il s’applique bien plus aux théologiens qui
supportent la condamnation à mort des apostats qu’aux apostats eux-mêmes puisqu’en
premier lieu il ne concerne pas les apostats (soit ceux qui changent DE
religion : ici pas de réel souci de traduction le sens demeure le même : cette
sentence évoquent ceux qui changent LEUR religion et non ceux qui changent DE
religion soit les apostats) mais bien ceux qui changent LA religion soit pour
simplifier les hérétiques.
D’ailleurs ceux visés par ce
hadith-dans-un-hadith au départ soit les « zanadiqa » (traduction
approximative « hérétiques » bien que le terme peut avoir un sens plus
large) et plus précisément un groupe particulier les « saba’iyya » qui non seulement changeaient des principes
fondamentaux de la religion islamique ( croyance en la métempsychose, en
l’incarnation divine chez les imams, divinisation de Ali, et une sorte d’antinomisme
(soit l’idée que les membres de tel groupe religieux ne sont pas tenus de
respecter les principes moraux ou éthiques ni les obligations de la religion
qu’ils professent) mais aussi soit pratiquer l’entrisme en vue de semer
dissenssions au sein de la communauté musulmane naissante, soit plus tard
furent des éléments centraux dans les guerres inter-musulmanes et la scission
Sunnisme/Chiisme (les « saba’iyya » semblant avoir été proto-chiites,
bien que leurs positions extrêmes soient généralement considérées comme
hérétiques (ghulat) au sein du Chiisme mainstream).
Donc pour en revenir à cette
situation cocasse : le fait est qu’en introduisant l’idée que les apostats
devraient être condamnés à mort : non seulement 1) les théologiens qui le font
en usant de ce hadith l’interprètent intentionnellement de travers (ils savent
pertinemment à quel groupe ce hadith renvoyait) mais 2) changent effectivement
LEUR religion puisque le Coran ne prévoit aucunement la mort des apostats : leur
sort appartenant à Allah ( pré-mortem : ils ne peuvent plus espèrer être guidés
par Dieu, post-mortem ils ne pourront espérer sa miséricorde et donc BBQ
perpétuel)…et donc le théologien supportant ce changement radical face au Coran
(texte fondateur de la religion islamique) change effectivement SA religion : so
en toute logique, il se rend lui-même passible de peine de mort…