Dommage, pour une fois que quelqu’un entreprend de démonter Soral point par point (au lieu de hurler mécaniquement au péril rouge-brun), il le fait avec des œillères qui le discréditent, à savoir une analyse marxiste au premier degré (lutte des classes avec cent ans de retard / incompréhension de la composition sociale française actuelle / identification des lignes de fracture sur des bases intégralement idéologiques) et un entêtement pénible à vouloir insinuer que Soral n’est pas un véritable opposant au système parce qu’il ne dénoncerait pas l’impérialisme français. En vérité, Soral ne fait que soustraire le peuple de France aux aventures de ses élites ; même s’il laisse échapper une provocation quand il fait le bilan désastreux des anciennes colonies depuis leur indépendance, il faut garder à l’esprit qu’il est contre la Françafrique, et qu’il soutient notamment la démarche de Kémi Séba. Il ne perd jamais une occasion de soulever les tentatives d’ingérence étrangères, fussent-elles françaises ou non : les grands capitalistes apatrides n’ayant pas vraiment de drapeau... Ne pas faire la distinction entre les PDG de multinationales cotées en bourse et les patrons d’entreprises à échelle humaine, qui emploient et contribuent à créer de la richesse chez nous, c’est faire preuve d’un aveuglément qui ne se justifie que par la mauvaise foi.
Finalement, le propos de l’auteur aurait gagné à ne pas s’étaler sur tant de lignes, puisque le message essentiel, c’est « salauds de patrons, Soral facho ! ». Et toutes les précautions de présentation, recours aux citations et bibliographie ordonnée ne font pas illusion bien longtemps. Bien essayé.