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Commentaire de Alexandre Santos

sur Télévision sans frontières ni barrières de langues


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Alexandre Santos Alexandre Santos 20 octobre 2005 16:37

J’ai lu pas mal de choses sur internet à propos de l’esperanto, et on voit bien que cette langue a vraiment le potentiel de servir son but premier (voir le rapport de Grin, etc).

Ceci étant dit, tant que l’étude de l’esperanto n’apportera pas des débouchés économiques évidents, son adoption restera limitée (ce qui n’est pas un problème en soi, l’idée de voir un groupe de personnes avoir des activités sans idée de profit immédiat est très séduisante).

Je ne dis pas que l’apprentissage de l’esperanto n’apporte pas des avantages considérables (je vois comme avantages principaux une plus grande culture - ce qui est un potentiel économique, et la possibilité d’élargir son réseau de contacts, ce qui est certainement une source de richesse, morale comme économique).

Mais par contre il n’y a pas d’avantages « évidents », facilement chiffrables. On ne me donnera pas d’emploi pour ma maîtrise de l’esperanto, je n’aurai pas d’augmentation.

Encore une fois, ceci n’est pas un problème en soi. Mais cela ne satisfera pas ceux qui voudraient que l’esperanto devienne la principale langue de communication internationale.

Le plus facile serait évidemment que les institutions officielles exigent la connaissance de l’esperanto pour les relations internationales. Cela serait déjà suffisant pour faire exploser le nombre de locuteurs.

Mais les administrations ne le feront pas tant que l’esperanto ne sera pas plus disseminé, le problème devient celui de la poule et de l’oeuf.

Je me dis que pour pallier l’absence d’intérêt economique pour augmenter l’usage de l’esperanto, la communauté esperantiste pourrait développer une économie alternative, qui donne des raisons plus concretes de s’investir dans la langue.

D’une certaine façon cela existe déjà avec le Pasporta Servo, qui peut se voir comme un système de troc de services. L’autre exemple qui me vient à l’esprit est la formation de ce réseau de compétences entre esperantistes du monde entier, ou la coopérative de services de traduction que Henri Masson mentionnait (je pense).

Mais on pourrait imaginer d’autres possibilités. Il est déjà arrivé que certains groupes ou autorités utilisent des monaies alternatives pour résoudre certains problèmes sociaux. Ainsi le Brésil avait institué une monaie spécifique qui pouvait être obtenue par les t universitaires en offrant des cours de ratrapage aux licéens. Cette monaie leur permettait ensuite de réduire leurs frais universitaires (et uniquement ceux là). Ceci avait permis au gouvernement de mobiliser une section de la population pour résoudre un problème sans devoir forcément lever des fonds.

On pourrait imaginer quelque chose de semblable dans la communauté esperantophone, mais je pense que ça a déjà été tenté dans les années 50, sans succés. Et actuellement avec l’apparition de l’euro l’intérêt de la chose se trouve (à première vue, du moins) réduit.

Une autre possibilité est de dispenser un service utile en esperanto : cours d’informatique dans les régions frontalières avec des populations linguistiquement hétérogènes. Manuels et cours techniques en esperanto dans des régions ou ceux-ci ne sont pas disponibles en anglais, etc.

Vu que la communauté esperantiste ne semble pas manquer de bénévoles très actifs, ceux qui ont la capacité de faire des formations intéressantes pourraient se grouper en « écoles ».

Évidement cela n’aurait de sens que si l’apprentissage de l’esperanto est un avantage effectif pour l’utilisateur potentiel de ces services, et non pas un coût supplémentaire qui lui est imposé.

Le pire serait de mimer l’attitude des missionnaires, qui viennent vous donner la nourriture qui vous sauvera accompagnée d’une bible/coran et d’une abondante activité prosélyte (mais d’un autre côté, si on veut diffuser une langue ou un enseignement, on est prosélyte). C’est à dire faire passer ses objectifs politiques devant l’intérêt de ceux à qui le service est destiné.

Je vois mal l’intérêt de donner des cours divers en esperanto à Paris, par exemple. Dans le cas d’étrangers ne parlant pas français, ils ont justement intérêt à apprendre cette langue le plus vite possible pour survivre en France, tandis que si les élèves sont francophones, ils devraient être épargnés de ce coût supplémentaire. Le seul cas de figure avantageux serait que certains cours soient donnés par des professeurs étrangers avec des compétences utiles mais qui ne parlent pas le français. Mais il me semble qu’on a déjà essayé de faire des « académies » de ce genre là...

On pourrait par exemple imaginer que une ONG décide d’aider une région Cambodgienne à mettre en place les prémisses d’une activité économique dans les nouvelles technologies. Vu que cette activité se ferait dans le long terme la langue de référence serait l’esperanto. Les populations locales pourraient l’apprendre à l’aide d’enseignants dépechés sur place, et des formateurs venus d’autres pays (eux aussi ayant suivi quelques mois de formation en esperanto) pourraient alors dispenser des formations sur place (par exemple sur linux, réseaux communautaires wi-fi, etc).

Dans ce cas de figure l’esperanto serait intéressant, vu que les populations locales (qui pourraient elles mêmes être linguistiquement diverses) ne devraient pas faire d’efforts trop grands pour profiter de la formation, et que l’ONG pourrait recruter des formateurs de tout le monde (au prix d’un certain effort de formation de la part de ceux-ci). Évidement ceci ne marcherait que sur un projet basé sur le long terme, et dans des régions où l’anglais n’est pas généralisé (même si dans ce cas on diminue le nombre possible de formateurs).

On pourrait aussi penser que l’esperanto pourrait être une langue de travail d’ONGs de diverses nationalités, et je me demande quel a été le rôle joué par l’esperanto dans les divers forums sociaux organisés récemment dans le monde. Vu que ce publique est très sensible aux questions d’autonomie culturelle, l’esperanto pourrait facilement devenir la langue pivot pour les traductions, qu’en est il ?

Enfin bref, je suis sûr que la communauté esperantophone a déjà du retourner cette question dans tous les sens. Quelles ont été les expériences recueillies ?


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