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Commentaire de Walid Haïdar

sur Mélenchon : la politique comme un acte héroïque


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Walid Haïdar 12 mai 2012 13:30

Fergus : autant je vous ai défendu lorsque certains vous accusaient de sabotage quand vous tempériez certaines ardeurs qui faisaient dire n’importe quoi, autant en l’occurrence c’est vous qui dites vraiment n’importe quoi.


D’abord Mélenchon ne VOULAIT PAS se présenter aux législatives, mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’ici les gens pensent qu’en politique on fait ce qu’on veut « quand on est le chef ». Or Mélenchon n’est PAS le chef du Front de Gauche, d’une part, et d’autre part le chef ne fait pas ce qu’il veut. Donc ce sont les dirigeants et cadres du front de Gauche, et en particulier ceux du PCF, qui ont convaincu Mélenchon qu’il devait participer à la bataille des législatives. Il y avait plusieurs possibilités dont certaines très faciles, mais la possibilité d’Hénin Beaumont a été retenue, et ce n’est pas un choix de Mélenchon seul, mais une concertation, qui en a décidé. Pierre Laurent, pour le citer, a dit que c’était « une bonne idée ».

Donc là, Fergus, vous racontez n’importe quoi. Mais ce n’est pas le pire. Le pire c’est ce fantasme des accords avec le PS pour la survie du PCF. C’est de la merde en barre cette affirmation. Tous les députés PCF sauf 1 ont été élu dans des circonscriptions où le PC était présent au premier tour.

Et ceux qui se sont fait « recadrer », ce sont les dirigeants du PC eux-mêmes, et par qui ? Par leur base, qui après cette campagne n’avait pas du tout envie de voir leurs dirigeants aller à la soupe. Ce recadrement s’est fait en douceur, et tout seul, sans que personne ne dise rien. Ils ont bien senti qu’il n’était plus temps de se contenter vivoter à la marge du PS, mais d’avoir d’autres ambitions. Alors bien entendu, tout le parti n’est pas sur cette ligne, bien entendu, l’inertie de la réalité est là, et tout ne change pas du jour au lendemain dans les mentalités, dans les consciences, mais ce qui est certain, c’est que :
1/ Le fait que Hollande ne reprendra pas d’idées majeures du FdG est probable
2/ Le programme du FdG est un tout cohérent dont les mesures particulières sont difficilement applicables seules
3/ Si des gens du PC participent à un gouvernement qui fait semblant de faire du social, ou qui en fait très peu, et ne se dote pas d’une stratégie de combat appropriée face à la finance, alors ces gens qui participeront au gouvernement se feront du mal politiquement, et surtout, ce sont EUX, qui feront du mal au FdG.

Vous n’acceptez pas, visiblement, qu’une autre force de gauche que le PS puisse avoir l’ambition de gouverner. C’est bien singulier, pour quelqu’un qui vote pour le FDG. Or on n’arrive pas au pouvoir en s’opposant de façon ferme à la dérive libérale d’un gouvernement auquel on participe.

Le PCF est en train de changer de logiciel, ne vous en déplaise, et va finir par comprendre que le PS pourrit sur pattes, et qu’il est temps de prendre la relève.

Pour ce qui est de la théâtralisation, vous ne commencez pas dans l’ordre. La théâtralisation, ça c’est votre interprétation subjective, et qui arrange vos schémas. Le fait objectif, c’est que Mélenchon va à Hénin Beaumont, pour mener une bataille idéologique franche, contre Marine Le Pen, son adversaire direct. Son adversaire direct parce que l’idéologie qui est la sienne est diamétralement opposée à la nôtre. Son adversaire direct parce que l’enjeu est la bataille pour la conscience de classe. MLP est en train à Hénin Beaumont de retourner le cerveau des ouvriers contre leur propre intérêt de classe, et Mélenchon considère qu’il ne doit pas la laisser faire, que la gauche ne doit pas la laisser faire.

Oui, cette bataille sera probablement médiatisée, mais dites moi, vous vivez dans quel monde ? Alors comme ça, alors que l’idéologie dominante est partout, dans chaque média, dans chaque publicité, à chaque seconde de notre existence, nous devrions veiller à ne pas médiatiser nos combats ? Mais vous plaisantez mon bonhomme ! Il n’y a que les pires bourgeois bien pensants pour dire de telles âneries, mais ils ne les disent pas par hasard : ils les disent parce que ce serait tellement mieux si les contestataires contestaient dans leur coin, sans qu’on les voit trop...

Et s’il perd ? Et s’il perd il aura mené bataille, il aura fait son devoir, et ce qu’il aura semé portera ses fruits plus tard, après des combats supplémentaires, victorieux, ou non, mais avec du courage, et un pas en avant vers l’objectif. On ne mène pas un combat parce qu’il est facile ou gagné d’avance, et je crois rêver à énoncer de telles évidences, oubliés via la crétinisation générale de la société de consommation où tous vos désirs de dentifrice innovant sont assouvis.

A un moment donné il va falloir ranger ses petits discours convenus sur ce qui est bien et ce qui n’est pas bien (« oulala, c’est pas bien bien de faire entendre ses idées dans les médias, oulala, mais c’est contre productif » dit le bisounours), et se retrousser les manches avec un soupçon de courage, et une pincée de réalisme politique.

Et le seul réalisme qui vaille en politique, c’est d’avancer coûte que coûte vers son objectif politique. Si c’est un objectif de strapontin, il faut aller dans une circonscription gagnée d’avance, et éliminer les amis qui la convoitent. Si c’est un objectif de conquête idéologique, il faut aller au charbon, et faire porter sa voix le plus largement possible. C’est ce que fait Mélenchon.

Votre message, plus j’y pense, et plus je le trouve lamentable.

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