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Commentaire de Onecinikiou

sur Mélenchon à Hénin-Beaumont : Le bon choix !


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Onecinikiou 18 mai 2012 15:52
@ Logan,

Vous invoquez l’argument selon lequel le programme de MArine Le Pen serait ultra-libéral pour mieux le déconsidérer évidemment, et nous serons sans doute au coeur du sujet comme au coeur des contradictions, me semble-t-il, d’une certaine opposition à laquelle vous vous référez. 

Et je m’inscrirai en faux puisque un certain nombre des mesures qu’elle préconise - si ce n’est la cohérence d’ensemble de son programme - foulent au pied les préceptes libéraux les plus dogmatiques et les plus inscrits dans l’idéologie dominante actuellement à l’oeuvre, notamment au sein des institutions européennes qui, pour le coup, sont un vrai repère d’ultralibéraux totalement (et majoritairement) soumis à cette doctrine. 

Maintenant je donnerai quelques exemples pour motiver cette assertion :

1/ Le fait de vouloir réinstaurer des taxes douanières aux frontières et entraver ainsi le libre-échange mondial entre sphères économiques absolument hétérogènes (production, social, environnement, redistribution etc...), rentre dans le cadre d’une remise en cause fondamentale et radicale de cette idéologie. C’est sans doute, avec la question de l’Euro, le point plus important de son programme, le point cardinal de par sa cohérence interne, et celui qui le légitime le plus aux yeux de nombreuses personnes. 

Car nous pourrions invoquer comme vous le faites le Smic, le RMI, le niveau de fiscalité ou de redistribution, ou mêmes les retraites, tout cela demeure des épiphénomènes et est donc inutilement important DANS UN PREMIER TEMPS, dans la mesure où bien d’autres facteurs et paramètres macro-économiques, situés par conséquent à un niveau hiérarchique supérieur, CONDITIONNENT tous ceux-là ! Les facteurs dont il est fait mention ici.

2/ La réappropriation de l’outil régalien de création monétaire (en revenant sur la Loi scélérate Pompidou-Giscard de 1973), ce qui suppose de remettre en cause le principe d’indépendance de la Banque de France - et non de la BCE, j’aurais l’occasion de m’expliquer sur l’importance de cette nuance - est là encore le signe indéniable d’une volonté de sortir de l’idéologie libérale promeut par l’école monétariste.

3/ La sortie de l’Euro qui est envisagée participe également de cette remise en cause dans la mesure où la monnaie unique est l’un des instruments de domination de l’idéologie libérale qui infuse toute les strates de l’Union Européenne et de ses institutions (Commission, parlement, CEDH, etc...). C’est bien la raison pour laquelle les oligarchies bancaires et financières au sein des différents Etats-membres de l’eurozone feront tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver leur merveille, puisqu’elle leur assure de confortables revenus (notamment à travers le financement odieux des dettes publiques) tout comme elle garantit que l’outil monétaire ne soit jamais plus sous contrôle souverain du peuple (ou des peuples en ce qui concerne l’euro), grâce au statut de la BCE et du Traité de Lisbonne qui nous engagent sur ce point et qui jouent le rôle de chien de garde à la monnaie unique. 

C’est également la raison pour laquelle nos politiques, acquis au système et aux ordres de ces oligarchies, qualifient la sortie programmée et concertée de l’Euro comme une catastrophe annoncée (Sarkozy), et ses partisans (et non des moindres, je connais une flopée d’économistes extrêmement sérieux qui l’envisagent sinon la souhaitent) comme de véritables fous à lier. Argumentation prévisible d’individus aux abois qui n’ont plus que l’anathème vis à vis de leurs contradicteurs pour faire la promotion de leurs idées.

4/ La sortie de l’espace Schengen quant à lui symbolise la réappropriation non pas seulement des frontières, mais de l’idée même de frontière, abandonnée par tous les gouvernements successifs de la France depuis l’éviction du Général. Il est incontestable que la volonté marquée de Marine le Pen de limiter drastiquement les flux migratoires va de pair avec cette réappropriation, et transgresse là encore de manière irréfutable l’idéologie néolibérale qui, partagée il est vrai à gauche par l’ « internationalisme des imbéciles » (Sapir), théorise une totale liberté d’établissement des capitaux, des marchandises, et... des travailleurs.

Ainsi il est à tout le moins surprenant, sinon suspect, que de supposés authentiques anti-libéraux se prononcent continûment pour la restriction des deux premiers vecteurs de ce néolibéralisme mortifère pour nos économies - et de son cortège de désindustrialisation, de chômage, d’endettement, de casse de notre modèle social, de désindexation des salaires et même de désinflation généralisée - sans jamais rien mentionner (ou si peu) sur ce troisième vecteur de propagation pourtant d’importance ?!! Car pour cela encore faut-il comprendre que l’immigration n’est pas un stigmate qui nous tombe du ciel mais fut bel et bien l’allié objectif de la mondialisation économique (la fameuse armée de réserve de Marx) et du discours néolibéral qui l’accompagna. 

C’est une stratégie savamment mise en oeuvre afin d’en faire le parfait complément, à l’intérieur des « frontières » des nations occidentales, du dumping économique, fiscal et social opéré à l’exterieur de celles-ci par les pays émergents à bas coûts. Le salariat occidental se retrouvant ainsi pris entre deux feux simultanés, entre le marteau et l’enclume. Avec pour fameux résultats une dépression incontestable de la masse salariale, un chômage endémique, une dépolitisation de la classe ouvrière (laquelle je ne crois pas qu’elle sert les intérêts de la vrai gauche, de la gauche radicale), et une baisse de la pression aux revendications sociales qui leurs est concomitant. Et qui là encore, est incontestable. En somme, du pain béni pour le grand patronat et ses affidés.

Pour étayer cette thèse voilà un rapport de 2009 tout ce qu’il y a de plus officiel du Conseil d’Analyse Economique, qui délégitime notamment le discours traditionnel sur le recours à l’immigration comme palliatif à la “pénurie de main d’œuvre“ dans certains secteurs. Ses auteurs expliquent que « du point de vue de la science économique, la notion de pénurie n’est pas évidente. Le fait que certains natifs rejettent certains types d’emplois peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d’occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu’ils soient pourvus ». C’est pourtant du plus évident bon sens !

http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/084.pdf

C’est donc simplement parce que le patronat ne veut pas revaloriser les salaires qu’il importe, avec la complicité des associations pseudo-antiracistes bien mal nommées (dont Mélenchon est un des fondateurs), une main d’œuvre plus docile, et donc plus malléable, comme le confirme la conclusion du rapport qui n’hésite pas à affirmer, je cite : « Dans le cas du marché du travail, cela signifie qu’à la place de l’immigration des années soixante on aurait pu envisager une hausse du salaire des moins qualifiés ». La messe est dite n’est-ce pas ?

Toujours selon ce rapport, une hausse de la proportion d’immigrés d’un point de pourcentage réduit le salaire moyen de 1,2 %. Ces chiffres expliquent largement l’omerta entourant les questions légitimes que posent, non pas l’immigré en tant que tel (bien que cela peut impliquer d’autres problématiques qui lui sont propres) mais l’immigration en tant que politique consciente et délibérée, que les gouvernements « de droite » comme « de gauche » se refusent à affronter concrètement de peur selon moi de déplaire aux desideratas du grand patronat. Mais comme l’on dit : Paris (Hénin-Beaumont ?) vaut bien une messe.


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