Bonjour eric,
vous avez à la fois raison et tort.
Raison car effectivement en France, un groupe industriel ou financier achète un média important pour sécuriser ses contrats, licences et relations avec l’état. Et forcément, cela induit chez les journalistes ainsi détenus une forme d’auto-censure. Dans les médias comme partout, on mords difficilement la main qui vous nourrit, et votre fidélité va à celui qui signe le chèque à la fin du mois. Pas besoin d’expliquer à la rédaction de TF1 qu’elle ne doit pas évoquer trop fort les nombreuses malfaçons que l’on constate sur le chantier de l’EPR, ni sur BFM d’évoquer l’épatante gestion du port de Libreville.
Mais vous avez tort sur les autres aspects que vous évoquez. Vous liez la qualité du journaliste à son salaire, c’est aussi ridicule que de croire que les gens les plus compétents sont forcément les plus diplômés, vous faites d’ailleurs également cette confusion. Et quand à définir la qualité d’un journal à son tirage, on constate un peu partout que c’est la presse dite de caniveau qui ont les plus grand lectorat, et on peut difficilement soutenir que c’est dû à la qualité intrinsèque de leurs journalistes.
Si il n’existe plus ou presque de presse d’investigation, c’est avant tout parce que les groupes possédant ces organes les détiennent précisément pour l’appui politique qu’ils procurent, et non pas par volonté d’informer. C’est donc fort logiquement que tout en conservant intact le pouvoir d’influence des dits médias, ils cherchent à en réduire au maximum les coûts de fonctionnement en les faisant fonctionner à minima. ça passe évidemment par la réduction du salaire des journalistes, la mise en avant de quelques stars inoffensives pour le système, et surtout la mise en place d’un paquet de verrous pour éviter que la moindre chose ne bouge.
C’est pourquoi le gouvernement qui est parfaitement profiteur de ce système s’est dépêché de voler au secours de cette presse qui décline, tout simplement pour éviter l’émergence d’une autre presse type mediapart ou
fakir, qui serait elle incontrôlable. Voilà donc comment l’état dépense pratiquement 1 milliards d’€ par an pour perfuser une presse qui n’a plus besoin ni de lecteurs, d’auditeurs ou de téléspectateurs, ni même de journalistes (un abonnement à l’AFP suffisant amplement).
Pour obtenir une information de qualité, on pourrait par exemple essayer d’exclure de tout marché public tout groupe détenant une participation directe ou indirecte dans tout organe de presse. Ce serait peut-être pas suffisant, mais c’est à mon sens un début indispensable.