Des organismes biologiques aux systèmes numérique : un processus continu d’autonomisation
Merci de ces premiers commentaires.
Nous croyons intéressant d’ajouter au texte ci-dessus (bien que déjà trop long) le complément suivant :
Appelons
systèmes numériques des systèmes
associant des technologies de communication et de mise
en mémoire, des composant robotiques et des logiciels
d’intelligence artificielle. Ces systèmes se
nourrissent de données qu’ils recueillent dans
le monde naturel ou dans les sociétés
humaines. Nous faisons l’hypothèse que ces systèmes
apparaissent, se développent et s’autonomisent
à partir de processus comparables à ceux
caractérisant les organismes biologiques. Ils
donnent naissance à des systèmes que nous
nommons cognitifs, c’est-à-dire capables de se
représenter eux-mêmes au sein de « cartographies »
qu’ils se donnent de leur environnement, le tout avec
des performances très inégales, dépendant
des capacités de leurs entrées-sorties
et de leurs mémoires centrales. Leur organisation
spontanée en réseaux augmente leurs capacités
cognitives. On pourra parler d’ « acquis culturels ».
Des processus de même nature ont été
depuis longtemps identifiés par les biologistes
concernant l’apparition et le développement de
la vie sur Terre.
Si cela était le cas, il serait possible d’envisager
une loi générale de développement
des systèmes complexes, quelle que soit leur
nature, à partir d’un état fondamental
ou initial (toujours présent évidemment)
que nous nommerons pour simplifier le vide quantique.
Cette loi intéresserait, avec des formulations
globalement identiques, toutes les formes de vie existantes
à ce jour, incluant évidemment les sociétés
humaines. Mais elle intéresserait tout autant
les systèmes artificiels déjà présents
ou susceptibles de se développer sur Terre, voire
à terme sur d’autres planètes, d’abord
à l’initiative des humains, ensuite proprio motu.
Postuler qu’une telle loi serait envisageable ne relève-t-il
pas d’une illusion ? Pourrait-on comparer sinon en jouant
sur les mots des formes de développement en apparence
profondément différentes, Il faudrait
pour cela rapprocher un grand nombre de sciences jusqu’ici
peu enclines à coopérer. De plus, que
serait l’intérêt d’une telle démarche ?
Quelles conséquences pourrait-on en tirer sur
le plan de la pratique expérimentale ?
Pour répondre à ces questions, on peut admettre que les humains, que ce soit dans les sciences, les philosophies ou les religions, s’intéressent particulièrement aux changements évolutifs qu’ils perçoivent dans le monde. Ils tendent à y rechercher les lois, sinon à inventer de telles lois sous forme de « narrations ». Le faire est un puissant stimulant à l’observation, à l’expérimentation et à l’action. Or comme le regard porté aujourd’hui sur le monde découle d’un nombre croissant de disciplines scientifiques, il est donc logique d’y chercher les cohérences et des règles communes. On pourrait espérer en tirer, sinon une Théorie du Tout, du moins des approches de plus en plus englobantes, dont chaque science pourra bénéficier.
Quant
à la possibilité de rapprocher des sciences
aussi différentes que la physique quantique,
la biologie et plus particulièrement la génétique,
l’anthropologie, les sciences de l’informatisation,
incluant leur aspect encore le plus élusif, celui
des systèmes dotés de conscience artificielle,
l’expérience permise par 12 ans consacrés
à tenter de procéder à de tels
rapprochements interdisciplinaires sur le site Automates
Intelligents nous a convaincus que cela, non seulement
n’était pas impossible mais que cela s’imposait.
Les revues d’articles et d’ouvrages que nous avons faites,
les entretiens que nous avons conduits, ont tous apporté
des arguments en faveur de tels rapprochements.
Plus directement, notre démarche éditoriale
a pu bénéficier des apports conceptuels
de la physicienne Miora Mugur Schachter, du biologiste
Jean-Jacques Kupiec, du professeur d’informatique Alain
Cardon, du « méméticien »
Howard Bloom. Nous les en remercions.
Pour en revenir au thème qui donne son titre à cet éditorial, sans prétendre, ce qui serait incorrect, enrôler ces scientifiques dans la définition d’une théorie unifiée de l’évolution des systèmes vers l’autonomie, nous pouvons encourager nos lecteurs à étudier et discuter leurs travaux, dont certains sont accessibles en téléchargement gratuit sur ce site. Jean-Paul Baquiast se permettra d’y ajouter ses propres écrits portant sur ce qu’il a nommé les systèmes anthropotechniques. Certes, la plupart des travaux d’intégration sont encore à réaliser, mais une direction claire parait désormais pouvoir être définie.
Sur
le plan épistémologique, une contribution
fondamentale de Mme Schachter doit nous semble-t-il
être mise en exergue de toutes contributions ultérieures
visant à identifier des processus communs intéressant
le développement vers l’autonomie tant des systèmes
biologiques que des systèmes artificiels. Il
s’agit de ce qu’elle a nommé la méthode
de conceptualisation relativisée (MCR). Elle
postule qu’il n’existe pas de « réel
en soi », indépendant des observateurs,
mais des constructions nécessairement situées
dans le temps et dans l’espace, associant un observateur,
ses instruments et une entité sous-jacente dont
on ne peut rien dire a priori, sauf à constater
que cette entité « répond »
d’une façon bien définie dans le cadre
de certaines expériences. Il s’agit d’un postulat
qui sous-tend l’essentiel des travaux des physiciens
quantiques. Mais un peu d’attention montre qu’il devrait
utilement être étendu, avec des nuances,
à l’ensemble des sciences dites macroscopiques.
Nous essayons d’ailleurs de le rappeler dans un essai
en cours de rédaction pour le compte de chercheurs
associés dans la promotion de MCR.
29/05 15:17 - Automates Intelligents (JP Baquiast)
Le livre d’Alain Cardon "Modélisation constructiviste pour l’autonomie des (...)
26/05 21:49 - Automates Intelligents (JP Baquiast)
25/05 23:58 - Christian Labrune
Merci pour cet article précis et passionnant. Ce qui m’intéresse particulièrement, dans (...)
25/05 21:02 - calimero
Intéressant comme approche, merci de ce papier. Ghost in the Shell ne semble plus si loin. (...)
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