• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Kibou

sur Le Front de gauche : l'extrême gauche ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Kibou 28 mai 2012 18:05

@ onecinkiou

Votre ton étant péremptoire, le mien le sera aussi. Vous utilisez de bien jolis mots. J’en suis fort aise. Normalement c’est aux gauchistes que l’on reproche le verbiage. Alors commençons, Mr le cerveau du FN.

"Mondialisation économique qui a été théorisée et conceptualisée par d’éminents penseurs, puis mise en application servilement à sa suite par des politiques aux ordres de la composante sociale détentrice du Capital apatride. Mais, et c’est cela que vous ne voyez pas ou refusez de voir, incroyablement cautionnée simultanément par les idiots utiles gauchistes acquis aux préceptes de l’idéal internationaliste - au sans frontiérisme -, qui est une foutaise radicalement démentie par une simple et rapide étude historique.« 

Vous choisissez prudemment vos mots. Vous parlez de »composante sociale« pour ne pas dire classe ou oligarchie. Nous avons ce point commun, même si nous n’employons pas les mêmes mots pour désigner ceux qui nous contrôlent : les nantis nous ruinent. Néanmoins, même si c’est à la mode, n’allez pas croire qu’il y ait une quelconque proximité idéologique. Le simple choix de vocabulaire dont vous faite preuve montre que vous faites des accapareurs des gens, somme toute, comme tout le monde. C’est faux. Ces accapareurs appartiennent à une classe dominante et ils le savent. Ils se réunissent même régulièrement à Davos. Ils régentent le monde par tous les moyens que leur immense fortune leur donne, parfois en ayant les meilleures intentions paternalistes du monde, plus souvent pour leur propre compte. Ensuite vous parlez des »foutaises«  »internationalistes« et »sans-frontiéristes", ces gros mots qui vous font peur. Et vous prétendez qu’une simple et rapide étude historique peut les remettre en question ? Tiens donc ? Lesquelles ? De plus, tout ce qui est rapide et simple, je m’en méfie. Peut-être parce que je suis historien. Et que je sais qu’aucune étude historique ne peut prétendre juger du bien fondé ou pas de valeurs comme celles que vous dénoncez. Là n’est pas d’ailleurs le rôle de l’Histoire. Votre argument est donc nul, au sens premier du terme. Libre à vous de ne pas croire en l’égalité des hommes et des nations. Mais parlez clairement. 

D’autre part l’Euro, en tant que vecteur incontestable de l’utopie fédéraliste européenne (un faux nez de l’oligarchie financière et rentière), est lui aussi responsable de la situation macro-économique désastreuse dans laquelle nous nous trouvons. Et lui aussi a été porté par la gauche bien-pensante - Mélenchon en tête, soutien au Traité de Maastricht faisant foi - dont je rappelle qu’il n’appelle aucunement à sortir, mais à l’ « amender ». Ce qui fait malheureusement rire tout le monde de quelque peu avisé sur le sujet.

Vous confondez politique et économie, volontairement ou pas. Le fédéralisme européen réclame un système politique. Il est bien souvent opposé à l’oligarchie financière et rentière, qui adore jouer des inégalités entre les états membres pour « faire jouer la concurrence » et tirer les acquis sociaux vers le bas. La preuve, après 20 ans de Maastricht, le fédéralisme n’existe toujours pas, et n’est pas prêt de l’être, hélas. De plus, j’aimerais bien savoir en quoi quelque chose qui n’est pas en pratique peut être responsable d’une crise systémique. Quant aux positions de Mélenchon sur Maastricht, deux choses : la première, c’est qu’il a admis avoir été dupé comme beaucoup d’autres et c’est bien là le seul regret qu’il accepte de formuler sur ses décisions politiques (cf émission des Paroles et des actes du 12 janvier). La deuxième, c’est que Mélenchon n’est pas opposé au libre-échange à condition que tout ce qui se rapproche de près ou de loin du bien être de l’humain en soit préservé. Donc nous saurons ce que contiendra ces amendements : des limites claires à la folie des marchés. 

Les gauchistes attardés, à la vision géopolitique adolescente, sont les alliés objectifs de la ploutocratie dans cette affaire, c’est à dire de celle-là même qu’ils prétendent dans le même temps combattre par devant une opinion publique en état de sidération avancée. En réalité ce sont des pitres, rien de plus...

No comment sur ce ramassis d’injures et d’à priori dont chacun jugera de la vacuité, sinon qu’on peut utiliser de bien jolis mots pour faire preuve d’un mépris vulgaire.

Je continuerai en vous mettant de nouveau devant une grossière contradictions vous concernant : citez moi une mesure, UNE seule, dans le projet présidentielle du candidat FdG, qui viserait à remettre en cause le dogme du libre-échange, dont vous dites vous-même qu’il est porteur de graves dangers pour notre économie.
Je vous réponds tout de suite : j’ai parcouru le programme de Mélenchon et vous n’en trouverez pas le début du commencement d’une mesure concrète.

Le libre-échange n’est pas l’unique problème, votre argument prend le projet de Mélenchon par le petit bout de la lorgnette. Il n’a jamais été question, dans le programme l’Humain d’abord, de priver les gens de liberté, ni des les exproprier. La question est toujours : où est la frontière entre intérêts publics et intérêts privés ? Puis d’agir en fonction de la réponse. Si le libre échange ne nuit pas aux intérêts publics, il n’y a pas de raison de le supprimer. Si le libre-échange nuit aux intérêts publics alors il doit être régulés fortement ou bien pris sous la responsabilité des citoyens : d’où des mesures concrètes de nationalisation des grands secteurs économiques garants de l’égalité sur le territoire. Voilà, vous les avez vos mesures concrètes. 
La seule candidate de premier plan qui ait proposé de manière concrète (taxe de 3% des produits importés) une réinstauration de barrières douanières aux frontières pour contrer les effets délétères du libre-échange, c’est... Marine Le Pen !

Je ne vous ferai pas le coup du « ce n’est pas réalisable » on nous le fait assez au front de gauche. Mais je ne cautionne pas non plus votre politique du « c’est la seule solution ». Sans doute vos tendances simplistes. L’économie mondialisée est intriquée quoi qu’on en dise. Il faudra donc composer avec les autres ou les affronter. Mélenchon propose de rester dans l’Europe pour que, solidaire et donc plus forte face à la concurrence étrangère, celle-ci puisse lutter économiquement. Dire que c’est à lui, après, que l’on reproche des attitudes cavalières ! Encore une preuve, s’il en est besoin, qu’il est loin d’être le prétendu extrémiste que certains pensent.
D’autre part on ne peut raisonnablement dénoncer le libre-échange sans s’attaquer à l’un de ses vecteurs fondamentaux, à travers l’usage par l’oligarchie, que vous (prétendez) dénoncer, de flux migratoire savamment incontrôlés. Et ce alors même que la libre circulation et installation des travailleurs (des futurs chômeurs et assistés plutôt) est strictement prônée par le néolibéralisme et concomitamment par le grand patronat. C’est indiscutable, comme d’ailleurs la présidente du Medef, Madame Parisot, le démontre systématiquement. 

Vous essayez vous même de vous persuader que le Front National est devenu un parti anti-libéral. Le FN ne veut supprimer que les libertés politiques. Les libertés économiques, elles, une fois que la France serait enfermé à double-tour sur elle-même, prospèreraient à l’intérieur du pays, pour le plus grand bonheur des accapareurs de richesse. Ces mêmes accapareurs qui bénéficient de la non régularisation des travailleurs sans-papiers, comme cela a été prouvé par des études sur les flux migratoire entre le Mexique et les Etats-Unis. Ecoutez bien, une bonne fois pour toutes : lorsqu’un immigré s’arrache de sa terre natale pour tenter de trouver une meilleure vie, il est sous l’emprise des réseaux ; donc il ne peut s’exprimer ; donc il ne peut pas demander les mêmes droits ; donc le patron trouve une main d’oeuvre servile et bon marché en concurrence déloyale avec le travailleur français ; donc si chaque travailleur est protégé par des droits, plus de concurrence. Régulariser, c’est à dire donner des papiers (pas la nationalité française !) à tous les travailleurs sans papiers, c’est en finir avec la politique de dumping social dont se rend complice l’Etat depuis des années. Et en plus on respecte les êtres humains !
Là encore, Marine Le Pen et le Front national - le seul et authentique front anti-système - sont les seuls à s’attaquer à ce phénomène en tant que processus structurel faisant partie intégrante de l’offensive mondialiste visant à mettre en esclavage les peuples par la destruction des économies des nations et de leur décohérence identitaire interne.

Vous y croyez vraiment, vous qui supportez l’héritière d’une des familles les plus riches de France (qui a elle-même hérité dans des conditions obscures) ? Et puis de quel système parlez vous ? Il est pratique ce mot, on y met tout ce qu’on veut... « L’offensive mondialiste », non mais je vous jure ! Le propre de la mondialisation, c’est justement que c’est un grand bordel où tout le monde tire la couverture à lui ! Et vous voudriez nous faire croire qu’il s’agit d’un complot ? C’est pourtant simple de dire les choses : le système qui menace tout le monde, c’est le système financier, lui même conséquence du système capitaliste. Et puisque vous parliez de mesures concrètes, pouvez vous en donner une concrète du programme du FN qui le combatte ? La vérité c’est qu’il n’y en a pas, malgré les imprécations opportunistes de sa leader.
Je demande donc sans rire : quand prenez-vous votre carte ?

A la suite de cette démonstration, je vous retourne la question. Un petit argument en plus, et de taille : le Front de Gauche n’appelle pas à la haine contre des individus mais combat avec résolution un système. C’est ce qui fait la différence entre un parti extrême et un qui ne l’est pas.

Pourtant le libéralisme-libertaire et ses corollaires font partie d’un corpus idéologique tout autant admis - sinon infiniment plus - par la sociale-démocratie incarnée en France par le PS que par les partisans droitards et affairistes de l’UMP. 

Malhonnêteté intellectuelle ! Libéralisme et libertarisme n’ont quasiment rien à voir. Pour enrichir un peu plus votre grande culture : il y a deux libéralismes. Economique, qui est un système de pensée qui prône la liberté des échanges et politique, qui nous a permis de voter, de nous organiser collectivement contre les puissants, d’avoir une liberté de la presse... Bref, ce que vous englobez sans doute sous le terme libertaire qui, même si je ne les apprécie pas, ne peut strictement pas être associé à l’UMP et au PS.

PS qui a été, sans contestation possible, l’un de ses plus farouche promoteur sur la dernière séquence historique, notamment à travers la construction du mécano eurolibéral - l’union européenne - construction néolibérale s’il en est. Vous voilà mis face à vos factuelles contradictions. Surtout si, comme je l’on s’en doute, vous avez contribuez à avaliser la mascarade de l’alternance en appelant à voter au second tour pour un néolibéral atlantiste soumis à la Banque pour soi-disant « faire barrage » à un autre néolibéral atlantiste soumis à la même Banque !

Le PS est un parti dont je ne partage pas les opinions. Mais ce dont je suis certain, c’est qu’il ne fera jamais pire que ce qui a été fait par l’UMP dont la dangereuse déviance sécuritaire, xénophobe, et anti-républicaine inspirée par vos héritiers de Saint-Cloud a bien failli nous conduire vers un coup similaire à la Hongrie actuelle. Alors nous nous contenterons du PS qui, s’il n’est pas économiquement ma tasse de thé, a au moins ce respect de tous les êtres humains et des fondamentaux de notre République. En attendant 2017...


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès