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Commentaire de Christian Labrune

sur De la contradiction de toute pensée de droite


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Christian Labrune Christian Labrune 2 juin 2012 17:21

"Dans la pratique cette prétendue gauche était nationale-socialiste derrière un paravent de référence de gauche internationaliste."

@Sylvain Reboul
Je suis bien d’accord et je ne saurais vous démentir sur ce point. Mais ce qui m’embarrasse, c’est l’interpénétration des idéologies et la récupération constante, dans le réel, de la thématique d’un bord par ceux du bord opposé. Après tout, les fascismes se réclament bien d’un certain « socialisme » en même temps qu’ils brouillent les pistes et ne veulent être « ni droite ni gauche », pour reprendre le titre que donne Sternhell à son bouquin sur l’idéologie fasciste française. Le pétainisme se réclamera encore d’une « révolution » nationale, sans craindre le ridicule.
Quand on regarde les débats politiques actuels, on voit bien que beaucoup de « nouveaux réactionnaires » - dont je crains d’être ! - se réclament encore de bien des valeurs que la gauche réelle a complètement abandonnées. On a très bien vu cela lorsque les socialistes ont entrepris de détruire l’Education nationale en laissant délibérément la bride sur le cou à des « pédagogues » qu’ils savaient capables du pire. Et demain, si les mêmes socialistes essayent de trafiquer la loi Léonetti pour permettre à leurs électeurs de se débarrasser plus commodément de leurs vieux et des infirmes qui les encombrent, ce sont les mêmes nouveaux réactionnaires athées qui s’y opposeront, partant de principes purement éthiques et qui ne devront rien, évidemment, aux impositions des Eglises. Vous évoquiez l’influence des thématiques religieuses dans le système de légitimation des idéologies de la droite, mais la doctrine sociale de l’Eglise - dont, il est vrai, j’aurais plutôt tendance à rigoler - n’est plus quand même celle de Pie IX et de son Syllabus. Aujourd’hui, dans le temps même où la « gauche » abandonne, de fait, la classe ouvrière et les « travailleurs » chers à Arlette à la logique de destruction d’un libéralisme des plus féroces, on voit un parti authentiquement d’extrême droite développer non sans succès la thématique ouvriériste qui avait fait les beaux jours du PC. L’antisionisme, qui est une forme aggravée de l’antisémitisme, on pouvait croire qu’il resterait le fonds de commerce de la pire des droites. Il constitue désormais le trait d’union qui relie les verts et les antiques chapelles de l’extrême gauche. Et tous ces braves gens sont désormais tout à fait prêts aussi à s’asseoir sur un principe de laïcité conçu par la gauche d’autrefois pour donner des gages à l’islamo-fascisme montant : déjà, on a vu Rocard au pays des mollahs. Qu’allait-il donc faire dans cette galère ? Bref, si je continue bien à voir très clairement d’où surgissent encore les vieux thèmes de l’extrême droite (et c’est aussi bien à gauche qu’à droite), je ne vois plus que des simulacres d’une pensée « de gauche » devenue vraiment comparable au Canada dry - encore qu’elle puisse très bien saouler, comme l’a fait voir clairement l’hystérie du deuxième Front.


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