Je l’ai mal dit plus haut : cette « dichotomie » purement
occidentalo-morale qui conduit notre bien-pensance à condamner la drogue
chez nous alors qu’elle en favorise la production par géopolitique
interposée dans les pays concernés, c’est l’ironie de fond que soulève
Michel, si j’ai bien saisi le sens général. Et le cynisme que j’y vois, c’est la sémantique diplomatique en cours qui bien sur se doit d’éluder ce problème.
Et en effet, l’oxymore est patent. Et en effet, la révision de la
position que je définis comme « morale » vis à vis des drogues, non
seulement entre en contradiction avec nos agissements à l’étranger,
notamment en Afghanistan, mais de plus empêche toute approche sereine et objective du « problème ».
Après, que les cartels se jouent de cette morale et finissent par pendre gouvernements et organisations internationales en otage, quoi d’étonnant ? Quand on voit la culture et les trafics de pavot, qu’avaient éradiqués les Talibans, revenir en force avec l’appui des dollars de la coalition des « civilisés », peut-on reprocher à des Farc de pactiser avec les cartels ?
Il faut choisir : on ne pourra pas indéfiniment aller dans ces pays avec des médicaments dans une main et des kalashnikovs dans l’autre : d’une part nous serons vite, nous le sommes déjà, à bout de crédibilité, mais de plus les différentes parties, que nous maintenons à bout de bras dressées les unes contre les autres, pourraient bien s’apercevoir un jour qu’en s’alliant, elles pourraient enfin nous obliger à payer les ressources que d’une troisième main bien cachée, on leur vole tranquillement.
Alors, critiquer des oligarques russes ou des mafia calabraises ou autre, dans ce contexte, c’est un peu la paille et la poutre.
D’autant que sans les paradis fiscaux et l’arsenal de l’évasion fiscale, ces derniers seraient facilement éradiquables. Et à ma connaissance, ce ne sont pas les mafias qui ont crée ou qui organisent les innombrables et impénétrables circuits financiers qu’utilisent ces organisations dites criminelles, mais bien des décrêts, des lois et autres circulaires très officielles avec pignon sur rue à Génève ou dans la City.
Le ménage, on le fait d’abord chez soi.
Après on pourra parler de la diabolisation du shit.