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Commentaire de Scual

sur Drame de Collobrières : Policiers-Gendarmes : Être le boucher... ou être le veau ?


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Scual 19 juin 2012 14:07

Tout d’abord je tiens à dire clairement que je ne suis pas un monstre sans pitié et sans âme incapable de s’émouvoir. Ce genre d’évènement tragique est une catastrophe pour les familles et les amis des victimes. Rien n’a plus de valeur qu’une vie. Cela dit ce n’est pas du drame en lui même que je veux parler.

Je veux parler de la France et des médias. La surmédiatisation de ce genre de faits d’hiver est un catastrophe en termes de liberté d’opinion. Tout le monde utilise ce drame à des fins personnelles. La classe politique pour se faire voir, les partis pour faire leur propagande, les médias pour faire de l’audience, les experts pour vendre leurs expertises qui bien entendu n’en sont pas si peu de temps après les faits et avec aussi peu d’éléments... et tout le monde s’en sert pour illustrer ses idées. L’exemple non-représentatif devient généralité, l’exception devient la règle.

Le peuple du pays tout entier en sort avec une opinion qui fait généralité de l’exceptionnel. Au final face au pilonnage omniprésent et unanime on abouti à un véritable bourrage de crane. Cela s’appelle propagande. Le résultat en est la création dans nos esprits d’un monde virtuel, dans lequel on croit vivre alors que la vérité se trouve dans les généralités et non dans les faits divers sensationnalistes. Quand on y ajoute que ce monde virtuel est dramatiquement anxiogène, il crée une société en état de siège, ou tout est potentiellement ennemi. C’est la marque des société autoritaires de diviser le peuple par la peur.

Au final si l’émotion et la compassion sont effectivement partagées par tous, tout comme le besoin de justice, je pense qu’il ne faut pas oublier de prendre le recul indispensable pour ne pas vivre entre les murs d’une prison virtuelle dans laquelle nous auraient enfermé les médias.

Quand je vois la manière dont est traitée cette affaire, si je prends du recul, ce n’est plus du tout de la compassion que cela provoque en moi car je ne vois plus l’affaire en elle-même mais une autre affaire, celle de la propagande à la télévision. Je vois des ministres faire des déclarations grandiloquentes et prendre des postures dignes pour soigner leur image, je vois des commentateurs feindre l’émotion et l’indignation alors que si c’était le cas ils auraient de la dignité et accorderaient le deuil au lieu de tout faire pour propager la douleur, je vois une classe politico-médiatique faire son numéro ou chacun joue son rôle, mais pas le rôle qui est celui d’exercer son métier, son rôle de cinéma ou tout est faux, tout est mis en scène, ou tout le monde fait semblant d’exercer son métier.

Au final que voit t-on ? Délinquance, émotion, peur, violence, police, larmes, indignation, sauveurs, insécurité... Le changement c’est maintenant ? Vraiment ? Pas à la télé en tout cas ! Le système de création du consentement est le même en tout point et il m’apparait difficile d’imaginer que cela soit pour changer de modèle de société.

Au final cela sert évidement à créer le consentement pour faire passer des messages indéfendables. Cet article en est d’ailleurs la preuve ! Je vais le résumer : « Pleurez tous ! » Ça y est ? Maintenant que vous avez baissé votre garde voila le message « si seulement on pouvait flinguer à tour de bras en étant présumés innocents ! »

La peur de la bavure et la présomption de légitime défense n’ont rien à voir avec ce fait divers ! Un bel exemple d’utilisation de faits divers pour détourner l’attention qui illustre à la perfection ce que j’ai essayé de dire.

Le policier est payé pour faire un métier difficile. Il est tout à fait sain et normal que les policiers aient peur de faire une bavure. C’est une très bonne chose si on veut bien prendre un peu de recul 5 minutes, de pouvoir se dire que les flics ne peuvent pas faire n’importe quoi, et de se rappeler que c’est uniquement dans les dictatures qu’ils le peuvent. De plus il est évident qu’il est plus normal pour un flic payé pour ça d’avoir peur d’être parfois confronté à ce genre de dilemme plutôt que pour le citoyen d’avoir peur des bavures policières. C’est carrément hallucinant qu’il faille le rappeler ! C’est quand même dingue, des policiers se plaignent d’avoir peur de la loi, on marche sur la tête ! Pourtant bien peu de gens bronchent devant un tel scandale et c’est justement à cause de ce consentement absurde créé de toute pièce par l’image fausse d’une société où la situation serait si catastrophique qu’on devrait concéder ceci à la police, alors qu’on ne l’accepte même pas dans le cas d’un pays en situation de guerre civile !

De plus moi aussi je connais des policiers et je sais très bien pourquoi ils ont peur des bavures et que ce discours ne tient pas quand on les questionne sur le fond. Ils n’ont pas peur des bavures, ils veulent juste pouvoir les faire sans avoir à répondre de leurs actes. Je ne dis pas qu’ils veulent faire du mal à tout le monde bien entendu, mais ils veulent faire eux-même justice. Pas seulement faire la police et attraper, mais aussi punir, sauf qu’après ils veulent qu’on ne leur demande pas des comptes. Ils n’ont pas peur de la bavure, c’est faux. Ils veulent faire des bavures et ne veulent pas être punis. Ce dont ils ont peur, c’est de la loi ! C’est de devoir rendre des comptes. Ils ont peur de la justice qu’ils accusent d’être laxiste, voir d’être « de gauche », en somme ils l’accusent de ne pas avoir bien choisi son camp, sans même se rendre compte qu’il n’y a pas de camps mais seulement la loi.

Alors les beaux discours derrière la réalité des désirs de la profession je sais ce qu’il en est. Je connais aussi des policiers qui eux n’ont pas vraiment peur des bavures et vous savez pourquoi ? Parce qu’ils n’ont absolument aucune intention d’en commettre. Ils savent quels risques ils prennent ! Ils savent que si une intervention prend une mauvaise tournure, la peur et le stress peut entrainer une « bavure ». Mais ils savent surtout en quoi consiste leur boulot. C’est les risques du métiers et c’est pour ça que sont payés et formés les policiers, pour faire un métier difficile et se montrer capable de faire face à de telles situations en état de stress.

Cette histoire de policiers qui ont peur de la bavure et qui veulent la présomption de légitime défense, c’est comme si un plombier avait peur des fuites et demandait le droit de laisser une ou deux fuites. L’exemple est bien évidement réducteur mais c’est de ça qu’il s’agit et la réponse est évidente : Ils n’ont qu’à bien faire leur travail ! Quand on a un problème on essaie de le résoudre et pas de le nier. Ce qu’il faut c’est réduire le nombre de bavure, et non pas les rendre normales et légales ! On met tout sous le tapis ! Plus de bavure, circulez y a rien à voir. Et après les flics s’étonne que cette proposition ait soulevé un tollé ? Mais encore heureux ! Ils ont complètement perdu pieds avec ce qu’est leur métier. Ils ne sont pas soldats payés pour faire régner la terreur dans un pays occupé.

Ne vous laissez pas amadouer par l’émotion provoquée par les faits divers car au final, n’ayez aucun doute là-dessus, certains profiteront de votre apitoiement pour faire passer pour juste et nécessaire des choses qui entraineront des drames potentiellement plus nombreux et plus dramatiques encore que le fait divers lui-même.


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