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Commentaire de Tristan Valmour

sur Aujourd'hui, on insiste plus sur la compréhension que sur le savoir !


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Tristan Valmour 21 juin 2012 11:40

Salut

 

Quelques faits scientifiques sur le fonctionnement du cerveau

 

1. Les amygdales surveillent en permanence se passent dans notre corps comme à l’extérieur, ceci afin de nous préparer à fuir le danger ou à l’affronter. Dans la plupart des classes, le danger n’est pas physique mais il est tout de même perçu comme un danger. Ce peut être une remarque désobligeante du professeur, des camarades… S’il y a danger, on se trouve en situation de stress, le stress étant une défense de l’organisme pour pouvoir s’adapter à la situation. Mais le stress intense paralyse les fonctions cognitives supérieures. Ce n’est pas l’intensité du danger qui agit sur l’intensité du stress, mais la perception du danger. Autrement dit, ce qui peut n’être pas dangereux pour l’un peut l’être pour l’autre.

 

2. Toutes les données perçues par l’un de nos sens ne sont en réalité que des bits qui s’accumulent, et c’est leur somme qui fait sens. En fait, on peut dire que nous recréons dans la partie intégratrice de notre cerveau les objets perçus. D’ailleurs, si je vous regarde, je vais surtout percevoir vos yeux, votre nez, votre bouche, la partie droite de votre visage, puis quelques points de la partie gauche de votre visage. Tout le reste, je vais le reconstituer par symétrie. À partir du moment où la perception de l’environnement ne conduit pas à s’en faire une représentation exacte il y a déjà un premier problème dans l’encodage des données. J’ai cru que… Et je mémorise ce que j’ai cru que… Problèmes dans l’encodage des données magnifiés si la boucle phonologique ou le calepin visuospatial sont saturés d’informations. Par exemple, s’il y a du bruit dans la classe, plusieurs personnes parlent même en chuchotant, si la lumière n’est pas régulière (problème avec les néons), on se lève…

 

3. Les neurones du cortex sensoriel sont myélinisés et le chemin des informations sensorielles est simple. Pour affronter le danger, donc préserver l’espèce humaine, nous avons besoin de prendre rapidement des informations dans notre environnement. Ceci explique cela. Mais voilà, cela ne fait guère que 80 000 ans que nous sommes «  intelligents ». De plus, ni le savoir ni la connaissance se transmette génétiquement, car notre patrimoine génétique tient sur un CD de 750 Mb, alors qu’un film tient sur un DVD de plusieurs gigabits. Nous devons donc apprendre. Et comme la plupart des neurones dédiés à la mémorisation et à la réflexion ne sont pas myélinisés, et que d’autre part les chemins que prennent les informations (ce que nous apprenons) sont encombrés et plus longs, nous prenons du temps pour comprendre et mémoriser. On comprend bien que si on bachote, les informations arrivent trop rapidement, elles n’ont pas le temps d’être intégrées aux informations que nous avons mémorisées, et nous ne percevons pas l’unité nécessaire à la compréhension. Comprendre requiert beaucoup de temps, parfois des dizaines d’années. Ce n’est pas parce que nous avons mémorisé que nous avons compris. Et pour vous faire comprendre tout cela, j’ai dû dicter plusieurs paragraphes plutôt que de donner la réponse directement. C’est lorsque nous percevons l’unité que nous pouvons affirmer que l’on connaît. Autrement, nous n’avons que des données, des informations. Et comme nous sommes tous différents, que nous avons une histoire propre, qui commence dans l’utérus de notre mère (parce que notre père n’en a pas, hahaha, on peut être sérieux et rigoler en même temps, ainsi on mémorise mieux), une histoire qui commence par la perception de la voix de nos parents, par un certain nombre de mots répétés, comme « mon beau bébé », on va naître avec certaines connaissances sur lesquels vont se greffer toutes les données futures perçues dans l’environnement. Chacun de nous est unique, même les jumeaux, même les clones. Nous interprétons en permanence, de la perception à la compréhension.

 

4. Les mémoires à long terme (épisodique, procédurale…) ne conservent pas fidèlement les informations acquises dans l’environnement du sujet. En fait, nous les reconstituons, autrement il nous serait très difficile d’être créatif. Également, pour le mot « abeilles » par exemple, nous stockons les lettres quelque part, le son à un autre endroit, le sens à un autre endroit, tous les épisodes que nous avons vécus liés aux abeilles encore un autre endroit… Et après, si je dois commenter un texte sur les abeilles, ou résoudre un exercice de biologie sur les abeilles, je dois aller chercher ici ou la tout ce que je sais sur elles. En plus, il m’arrive beaucoup d’autres choses en même temps, ou mon regard se porte sur la jolie camarade à côté de moi, et dans ce cas, ce n’est plus ma tête qui pense. C’est ainsi que ça se passe.

 

5. Ce n’est pas parce que ma réponse ne correspond pas à la question que je n’ai pas compris. Plusieurs problèmes peuvent se poser. D’abord, la question a été mal formulée, et cela arrive très souvent dans les contrôles, y compris au bac, y compris en licence… Ensuite, mon cortex frontal et mon système limbique entre en conflit : le premier me dit que j’ai la bonne réponse, mais le plus souvent cette seconde commande, et il me dit avoir le sentiment que c’est trop facile, aussi faut-il l’abandonner. Alors j’en donne une autre. Également, je n’arrive pas à accéder aux informations au moment où j’en ai besoin (là encore, il existe plusieurs raisons, comme un problème avec le buffer épisodique). Aucun contrôle, aucun devoir, aucun test, de quelque nature que ce soit n’évalue les informations, le savoir, les connaissances dont dispose un sujet. Ils évaluent la capacité à interpréter correctement un énoncé comme la capacité à accéder à tout ce qui est stocké au moment où on a besoin. Ce qui explique qu’une fois sorti de la salle d’examen on se dise bon sang mais c’est bien sûr.

 

6. Je ne vous connais pas Rosemar, mais vous m’avez livré des informations sur vous. J’ai des données, mais je ne  vous connais pas. Pour les étudiants et les élèves, c’est la même chose. La plupart d’entre eux n’est pas capable d’expliquer et d’utiliser ce qu’ils sont censés avoir appris dans un contexte différent. Si beaucoup savoir n’est pas pensé, il faut encore moins confondre savoir, information et connaissance.

 

7. Ce n’est pas parce que je n’ai pas pu répondre à une question que je ne connais pas la réponse. De la même façon ce n’est pas par ce que j’ai répondu correctement à une question que je connaissais la réponse, et c’est également le cas si on résout un exercice de mathématiques. En effet, nos supercalculateurs ne sont pas placés dans notre cerveau au même endroit que ce qui nous permet de comprendre. Voilà pourquoi, il faut pouvoir comparer des données en même temps que résoudre une équation. On peut par exemple demander à résoudre 4 plus 3, mais aussi demander si 7 plus  6 est inférieur ou supérieur à 12 ou 14. Et c’est là que l’équation fait sens.

 

8. Comme pour accéder à la connaissance, j’ai besoin de comparer, il me faut des balises de comparaison, soit des données stables et objectives sur lesquelles m’appuyer. Voilà pourquoi il faut mémoriser certaines choses, comme les tables de multiplication, des dates, des éléments biographiques… Mais on ne mémorise pas par répétition, c’est inutile est contre-productif, même pour mémoriser un poème ; il faut créer dans notre cerveau différents chemins pour avoir plus facilement accès à ce que nous savons au moment où on a besoin. Et il existe de nombreuses façons d’y parvenir.

 

J’ai été long, il peut y avoir des fautes d’orthographe, je n’ai pas le temps de me relire, mais tout ceci était bien nécessaire pour comprendre :

-il faut mémoriser certaines choses

-et accéder à la compréhension de la plupart des autres

 

 


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