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Commentaire de sasapame

sur Crise de la zone euro : 4 options mais aucune solution


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sasapame sasapame 22 juin 2012 16:50

« Heureusement pour les détenteurs de d’obligations d’état [les pauvres...] il existe des garde-fous face à la faillite d’un état. [...] »

« [...] 1- Les obligations d’états grecs sont détenus par ...les Grecs eux-même[s] et en particulier leurs banques (plus de 50% de la dette nationale grecque) qu’il faudra re-capitaliser. Si Athènes annule ses 340 milliards d’euros de dette, cela ne correspond en fait qu’à 170 milliards de gagné pour le pays [...] »

La belle affaire ! S’il s’agit de trouver les compensations encore nécessaires, c’est une affaire de redistribution interne (« les Grecs » en général, ça cache des riches, des pauvres, des oisifs, des actifs, des spéculateurs, des qui suent pour eux, etc.).. Qu’est-ce qui vous dit que le défaut ne portera pas carrément sur 80% du capital restant dû, soit la part portée par des très riches, Grecs ou étrangers, avec étalement de 10%, celle de catégories plus modestes de détenteurs, grecs comme étrangers ? 50% Vous êtes bien optimiste... je veux dire pessimiste ! Seriez vous de ceux qui s’imaginent que le capital de ces montagnes de dettes — privées, surtout, et publiques moins — que ce système absurde et injuste a engendrées sera un tant soit peu remboursé ? Rassurez-vous, ce capital, vous pouvez l’oublier. Et c’est tant mieux. Ce système fondé sur une création monétaire privée — en partie, puis même à 100% aujourd’hui et pour nous — est non seulement injuste mais explosif. Lisez donc le 100% money de Irvin Fisher.

« [...] 3- [le fait que la »faillite« d’un pays l’amènerait à se] retrouver sur une liste [noire]. 11 ans après sa faillite, l’argentine n’est toujours pas revenu sur les marchés financiers. »

La belle affaire ! Vous ne l’avez pas compris, il semble : ce n’est pas du tout un problème qu’un pays n’accède plus aux marchés financier, au contraire. Les marchés financiers non seulement sont des choses dangereuses mais ne servent à rien (et par nature, n’ont absolument rien à voir avec des marchés ordinaires, qui eux peuvent avoir une utilité). S’il s’agit d’obtenir de la monnaie d’usage national, la monnaie, il suffit d’en créer — ce n’est pas évidemment pas un remède miracle, qu’il s’agirait d’employer n’importe comment, mais ce n’est en tous cas pas pas une contrainte en soi. Seulement faut-il justement sortir de l’euro pour ce faire. S’il s’agit d’obtenir des devises, soit on les achète avec la monnaie que la banque centrale créée, soit on exporte des biens et services réels, ce qui suppose évidemment une politique de crédit favorable à l’investissement, donc encore une affaire de création monétaire bien encadrée par une volonté politique.

« [...] 2- La Grèce étant membre d’un ensemble politique et économique (UE) et monétaire (Euroland) , il est bien évident que sa faillite aurait des conséquences non seulement sur ses partenaires européens mais dans le monde entier avec des situations de faillite pour de nombreuses banques. Il existe donc une grosse pression de l’ensemble des pays européen pour qu’elle ne commette pas un acte »irréparable« . »

Fichtre... Non, c’est un leurre, et en tous cas certainement pas un garde-fou. Pourvu qu’ils ne tombe pas dans le panneau et tienne bon, le pays qui fait défaut n’a pas de crainte à avoir de ce côté. De toutes manières, qu’est-ce que le FMI, le Club de Rome, les États occidentaux ont à lui proposer pour éponger sa dette, sinon de l’endetter plus encore ?...

« 4-Sortir de l’euro [...] Description : Si on considère que la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale et que c’est pour cette raison que certains pays connaissent une crise de la dette, le bon sens demande de sortir de la zone euro. »

Il aurait fallu n’y point entrer, déjà...

Il ne peut quitter l’euro sans sortir de l’UE ? La belle affaire. Tant mieux. De toutes manières, les tares de l’euro, qui les cumulent toutes, tiennent en grande partie au cadre de l’UE. Libre circulation totale des capitaux, dumping fiscal et porte grande ouverte vers les paradis fiscaux libre échange forcené, services publics démantelés, inflation bridée, ... — la liste est très longue — et plus que tout, impossible contrôle démocratique sur quelque instrument européen que ce soit. Et d’ailleurs, le pays concerné peut toujours, même, en cas d’urgence, en prendre et en laisser des traités, et désobéir, même en imprimant des euros pour son compte... Une chose est sûre : contrairement à tout ce qu’on entend dire d’autorisé, les blocages contre une violation des traités européens ne viennent pas du tout du niveau européen, ils sont dans les constitutions et les juridictions nationales. Et ça, c’est plus solide, mais ça peut sauter comme c’est venu, avec un bout de papier, et encore plus vite et pourtant tout aussi constitutionnellement en cas d’urgence — or nous arrivons, nous y sommes déjà, même ; y a qu’à.« 

 »Le pays qui quitte la zone euro retrouv[e] la maitrise de sa politique monétaire (change, taux d’intérêt...) pour le meilleur et pour le pire. Ce pays pourrait en particulier procéder à des dévaluation compétitive ou faire baisser les salaires et les pension en ne compensant pas une inflation élevée.« 

Quelle idée ! Il serait évidemment bien mieux avisé d’augmenter les salaires ! En parallèle, bien sûr, il aurait sans doute intérêt monétiser directement et massivement pour financer de grands travaux, dont certains bien planifiés... brrr ;) — en prenant auparavant, cela va sans dire, d’autres mesures en rupture avec la lettre ou l’esprit des règles UE : notamment réinstaurer le contrôle des changes, l’échelle mobile des salaires, etc., avant d’augmenter très fortement les impôts sur les hauts revenus... et de faire tout un tas de choses utiles comme organiser la faillite des bourses, avant de racheter ses anciens services publics pour quatre sous, autrement dit à juste prix après tant de pillage.

 »[...] Contrairement à ce qui est souvent écrit un pays qui quitterait l’euro ne pourrait pas convertir ses obligations émises en euros vers une nouvelle monnaie et rembourser en monnaie de singe, car aucune clause de ce type n’est présente dans ce type de contrat. Quand la France est passée à l’euro, les bon du trésor ont été converti en euro car le franc français n’existait plus, mais si demain la France quitte la zone euro, l’euro continuera d’exister et la France tenue de rembourser dans cette monnaie. En dévaluant sa nouvelle monnaie de 50% par rapport à l’euro un pays ne divise pas sa dette publique par deux.« 

Curieux de parler de »monnaie de singe« pour une monnaie portant réellement la signature d’un État-nation quand on voit que l’euro, monnaie par ailleurs moribonde, est la monnaie liée à un système parfaitement hors-sol (un gros bout de ce machin nommé UE) et qu’elle est à 93% émise par les banques, à 100% émise sur demande privée (les deux vont logiquement de pair)... Pardonnez moi de pensez que ça en dit long des présupposés et préjugés de l’auteur. ;)

A part çà, la belle affaire, là encore. D’abord, ça peut se compenser entièrement par un défaut de paiement. Quand vous faites défaut, ça veut dire, de fait : c’est ça ou m... vous prenez ce qu’on vous propose, et si vous n’êtes pas contents c’est la même chose, ou même rien ! Ensuite, vous l’avez suggéré vous même avec l’idée de l’huile d’olive : en définitive, une dette extérieure se règle non avec du papier mais par la fourniture de biens et services réels ; or un pays ne peut fournir que ce qu’il peut produire. Justement, s’il s’agit de produire, ce n’est pas avec des devises étrangères qu’on finance l’investissement / l’emploi dans son pays, mais avec sa monnaie (d’usage) national(e), et pourvu justement qu’on refonde une politique du crédit et une fiscalité favorables à la production, on peut. Après, les devises, ça s’échange. Enfin, un pays sortant de l’euro peut toujours garder de côté les euros qu’il détient (au sens où la banque centrale est tenue de ne pas »compenser« en réduisant d’autant la base monétaire en monnaie nationale) et les consacrer en priorité à effacer sa dette, même si c’est pour la transférer aussitôt en monnaie nationale via des emprunts forcés aux banques ou à la banque centrale. On en arrive alors au même, pourvu qu’on passe un peu par les bords, mais rien de méchant. Vous êtes de ceux qui vous laissent enfumer avec la technique car ils prennent la technique comme une fatalité qui empêcherait de faire des choix politiques.

 »La dernière trouvaille : Faire sortir l’Allemagne. Cette idée saugrenue [...] Et comme l’Allemagne est selon beaucoup d’économistes la grande bénéficiaire de la mise en place de l’euro, on l’imagine très mal sortir de son propre chef.« 

Au demeurant fort logique, et pourtant erreur de logique basique : vous raisonnez comme si le système euro était immuable dans ses orientations, alors qu’il est justement entrain de vaciller et sera forcé à changer fondamentalement ou à disparaître. Autrement dit, l’Allemagne sera poussée à sortir de l’euro précisément quand les autres pays de la zone, contraints et forcés, en arriveront à des extrémités faisant de l’euro autre chose, de fait, voire quelque chose menaçant de sortir de tout contrôle. Comme une monétisation massive, anarchique et non concertée... en euros. Quant à l’éventualité que le statu quo se prolonge encore quelques années, elle conduira l’Allemagne à y passer à la suite des autres, du fait que la pompe à exportation s’éteindra, trop rapidement. »

« Cette solution [fédérale] est bien sûr surtout défendue par les pays qui connaissent de graves problèmes budgétaires (Grèce, Portugal, Espagne, Italie et par l’Irlande, sauf en ce qui concerne une politique fiscale commune car elle ne souhaite pas modifier sa politique fiscale très favorable aux entreprises) et par ceux où siègent les organes dirigeants de l’UE et qui voient toujours d’un bon œil la création d’une nouvelle agence [sur] leur sol (Belgique et Luxembourg). »

Vous sortez ça d’où ? Un pays, ça n’est personne. Il y a — bien sûr — des pour et des contre dans chaque pays. Mais il y a — surtout — une majorité très large de gens jamais consultés...

Par ailleurs, je suis placé pour savoir qu’une infime minorité de gens comprend ce qu’est véritablement le fédéralisme.

Pour cause : ça consiste d’abord et surtout à supprimer tout cumul de fonctions entre le niveau national et le niveau « continental ». Autrement dit, à ce que les gouvernements nationaux (et les parlements nationaux) rentrent purement et simplement chez eux...
 
« [...] Les parlements nationaux sont tous très jaloux de leurs prérogatives, et le vote du budget est l’acte le plus important dans la vie d’un parlementaire, si l’UE dispose d’un droit de véto sur ce vote, les parlements deviendraient des chambres d’enregistrement et on pourrait même se poser la question de leur existence. »

Vaste confusion. Qui vous démontre bien, surtout, qu’en réalité, non seulement l’UE n’a rien de fédéral mais n’est pas du tout en passe de le devenir ! Un État fédéral brasserait, dans son champ de compétences bien séparé, un énorme budget, supérieur même à celui des États fédérés, et n’aurait pas du tout besoin de se substituer, dans le vote du budget, aux parlements nationaux car eux, ne s’occuperaient aucunement d’affaires fédérales... Par ailleurs, les parlements nationaux européens sont déjà devenues — de leur propre gré, contrairement aux intentions que vous leur prêtez — des chambres d’enregistrement dès lors que l’UE a une compétence dans un domaine, ceci justement à cause de cette même confusion complète des pouvoirs liés au fait que les agences de l’UE sont toutes entièrement, même si c’est indirectement, sous contrôle des gouvernements nationaux. Une situation aberrante, et forcément tyrannique.

Que vous soyez fédéraliste, ou croyez l’être, c’est votre droit, mais vous gagneriez vous même à être au clair sur ces « détails », et pour ne pas illusionner le lecteur, il serait bon d’y rentrer.

Or une chose est assez évidente, pour moi, et me semble suffisante pour oublier entièrement cette option fédérale qui n’a jamais été qu’un leurre (qu’on le déplore ou non) : les gouvernements nationaux ne voudrons pas perdre la haute main sur le machin, et ça change tout. Je veux dire : les gouvernements effectifs, au sens très large mais réaliste (voir ma mention précédente sur la bonne volonté européiste des parlements). En d’autres termes, toutes les puissances privées qui, au présent, bénéficient ou veulent bénéficier de la situation tyrannique que leur offre un système à la fois supranational et statutairement placé sous contrôle des États / de leurs gouvernements, de leurs cabinets, lutteront naturellement contre une évolution fédérale digne de ce nom. Un détail...

... qui devient fort dérangeant car évidemment, si la mutation fédérale n’est pas possible (*) (à court terme), reste une sortir pure et simple de l’euro. Et de l’UE si nécessaire... ou plutôt si possible.

(*) Je vous renvoie logiquement à l’article que je viens de poster sur ce thème : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/nous-on-veut-pourquoi-il-faut-118812


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