LE FIGARO. - Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec l’affaire Litvinenko, votre livre est au coeur de l’actualité...
Arkadi VAKSBERG. - Je ne m’attendais pas à bénéficier d’une telle actualité. Mon livre était déjà sous presse quand Litvinenko a été empoisonné au polonium 210 en novembre. Mais contrairement à l’opinion occidentale, je n’ai pas été étonné. Car, après avoir passé des années dans les archives soviétiques, aujourd’hui largement refermées, j’y vois un nouvel épisode de ce terrorisme d’État pratiqué avec systématisme par le Kremlin depuis l’époque de Lénine pour éliminer ses adversaires réels ou imaginaires. C’est la continuité de cette chaîne d’assassinats politiques que j’essaie de décrire dans mon livre, car elle éclaire certains aspects de la réalité russe actuelle.
Comme plusieurs autres cas récents - l’empoisonnement de l’homme d’affaires Ivan Kivélidi, celui du député journaliste Iouri Chekotchikine, voire celui du président ukrainien Viktor Iouchtchenko - l’assassinat de Litvinenko semble indiquer que le Laboratoire des poisons, créé à l’initiative de Lénine en 1921 et soutenu au sommet de l’État, est toujours en activité. Dans La Loubianka criminelle, Litvinenko affirmait que ce laboratoire était toujours en activité et donnait même une adresse à Moscou, rue des Héros-Rouges. Je ne sais si ces informations sont exactes. Mais je ne doute pas de l’identité des commanditaires. La question que je me pose est plutôt : à qui le tour ?.