Pour l’État terroriste, une fois le pouvoir acquis, il s’agit d’éliminer l’ancien pouvoir jusqu’aux racines – ce qu’accomplissent les bolcheviks, action symbolisée par l’assassinat du tsar et de sa famille. Second objectif : éliminer tous les postulants potentiels au pouvoir et tous les opposants. C’est cette situation qui avait déjà caractérisé la Révolution française en 1793-1794. Lénine saura tirer les leçons de l’échec de Robespierre en maîtrisant l’instrument terroriste. Mais il s’attelle rapidement à la tâche d’éliminer ses adversaires politiques ou idéologiques, à commencer par les anarchistes, qui sont les premiers à dénoncer le dérapage de la révolution et la dictature bolchevique. Ceux-là figurent parmi les premières victimes ciblées de la terreur rouge. Le terrorisme ante- anarchiste commence même avant septembre 1918 et se poursuit lorsque l’appareil d’État, notamment l’armée, est suffisamment fort pour appliquer la terreur généralisée. En avril, Trotski organise la première campagne de terreur contre les « anarcho-bandits ». Après la Russie, les persécutions contre les anarchistes s’étendent à l’Ukraine. La campagne anti-anarchiste n’est pas uniquement une campagne destinée à éliminer un adversaire politique. Bientôt, la pensée anarchiste est elle-même interdite. Les autorités utilisent cette campagne de répression pour écraser toute volonté de résistance que pourraient entretenir d’autres groupes..