Ce cher Matsada semble penser que l’ouvrage auquel il se réfère soit une
sorte d’argument massue qui règlera définitivement la question du dit
« peuple palestinien », qui si j’en crois ce cher Matsada serait une
sorte de fantasme arabo-soviétique né pendant la Guerre Froide.
So cher Matsada, je ne sais sur quel site de prop-à-gland pour
hasbourriques débutantes vous avez trouvé des références à cet ouvrage (écrit
en latin et gratuitement accessible), mais voilà donc pour vous reprendre quelques remarques extraites de cette
passionnante étude :
1) cette passionnante étude est une étude de la Palestine BIBLIQUE (et évocation de la période romaine)
: alors oui, effectivement qu’elle n’évoque qu’occasionnellement les Arabes qui
à cette biblique époque vivent à la périphérie de Canaan, en Arabie et dans la
dite steppe syrienne : l’ouvrage donc ne parle ni du Hamas, ni de l’OLP, etc…
mais parle des Ammonites, Amorrites, Moabites, Edomites, Nabatéens, Egyptiens,
des tribus d’Israël, etc… bref d’un paquet de monde qui ne vivait plus à l’époque
où cet ouvrage fut produit par Reland.
Ce dernier d’ailleurs, et j’en viens à mon point 2) :
Reland n’a JAMAIS foutu les pieds en
dehors de la Hollande : on se demande comment ce cher Reland a donc pu tel que
vous le précisez " L’auteur opère surtout un recensement de l’époque, pour
chaque localité visitée."
Vu qu’il n’a JAMAIS foutu les pieds là-bas ! D’où le fait que ses références quant à son ouvrage
sur la Palestine BIBLIQUE ou CANAAN sont Josephus, Pline, Polémon, Pausanias,
etc… à nouveau des types qui étaient morts depuis perpèt…
3) On en veut pour preuve le fait même qu’un nom latin,
celui de “Palestine”, ait été repris à son compte par le camp arabe…
Donc selon vous, Hérodote qui vivait au Vè siècle av JC, Aristote au IVè siècle,
Polémon, etc… tous grecs ayant vécu avant que les Romains ne colonisent cette
région en employant le terme Palestine (employé aussi par les Assyriens par exemple) utilisaient donc un nom latin ?
4) Comme vous semblez vous intéresser à l’usage que les « Arabes »
ont pu faire du nom de Palestine et vu que vous semblez passionné d’ouvrages historiques,
je vous renverrai à deux « Arabes » ayant vécu dans le coin : Mujir
al-Din al-Ulaymi ayant vécu fin XVè/déb. XVIè siècle, historien natif de
Jérusalem ayant écrit de nombreuses chroniques sur Jerusalem et Hébron, ainsi
que Khayr al-Din al-Ramli , lui natif de Ramla et ayant vécu au XVIIè
siècle qui non seulement utilisent le terme « Filistin » ( depuis la période mamelouk, suivi de la conquête
ottomane : le terme Palestine/Filistin n’était plus utilisée) mais aussi dénomment
cette terre « biladuna »
soit notre pays (Al Ramli lui
préférait se faire appelé Al Filistini) : une autre option aurait été possible
telle que « arduna » soit notre terre mais le choix de biladuna (donc notre
bled) autant implicitement qu’explicitement renvoie à un sentiment
d’appartenance nationale lié à un territoire précis : la Palestine !
(d’ailleurs la révolte de 1834 contre Mehmet Ali, géographiquement trés localisée= Palestine : Naplouse, Hébron, Jerusalem, Jaffa, etc... pas Damas ou Amman !) marque bien un sentiment d’appartenance nationale et une réaction propre aux indigènes face aux diktats de Mehmet Ali)
Enfin
5) que ce soit la génétique, que l’ethnologie/l’anthropologie, l’histoire,
l’archéologie, etc… la nature indigène du dit « peuple palestinien »
est incontestable : vous retrouverez dans le folklore (contes, légendes,
pratiques folkloriques, etc…), l’artisanat (habillement, verrerie, poterie, etc…),
pratiques culturelles (lieux sacrés, superstitions, etc…), agriculture, etc… un
substrat cananéen, sémitique qui n’a
rien à voir avec celui des groupes sémitiques (Arabes) de la Péninsule
Arabique.
Quelques exemples (auxquels vous aurez du mal à trouver une origine arabe) :
a) les vêtements et broderies traditionnels palestiniens emploient des
motifs que l’on ne retrouve nulle part ailleurs si ce n’est sur des
représentations antiques égyptiennes et assyriennes décrivant des Cananéens : pas des Arabes ou des
Bédouins !
b) les lieux sacrés (genre tombeaux de saints) de la "folk
religion" palestinienne qui sont placés sur d’anciens sites religieux cananéens antiques
c) les contes ainsi que l’arabe palestinien, de même que les rites folklo
(genre sorcellerie) contiennent x références à des divinités/démons du panthéon
cananéen et sémitique (levantin) antique,
d) l’usage par les paysans palestiniens d’un calendrier « pentecontade »
utilisé uniquement par les paysans cananéens
et amorrites antiques pas les Arabes (vraisemblablement aussi par les Juifs
avant l’adoption d’un calendrier solaire), de même que son découpage
particulier (350 jours) en périodes de 50 jours, soit 7 semaines de 7 jours
plus un jour ait probablement à voir avec l’origine de l’obligation du Shabbat
par les Juifs (le calendrier était connu sous le nom de shapatum
en babylonien)
Bref il va être difficile d’expliquer que les Palestiniens ne sont qu’une
création contemporaine alors que leur culture et mémoire collective (ainsi que
leur patrimoine génétique) ont préservé depuis des millénaires des
particularités et caractéristiques qui n’ont RIEN d’arabe ou d’arabique ! Ceux auxquels
vous déniez tout droit sur cette terre ne sont rien d’autres que vos cousins
ayant connu une histoire différente. Je sais ça casse un peu tous les mythes
chionistes, mais bon fallait mieux bosser côté story-telling…