à l’auteur,
Je suis vraiment consterné par votre article. Vous renvoyez les femmes à une physiologie particulière, bref à une « nature » qui ferait d’elles ce qu’elles sont et surtout ce qu’elles doivent être, éternellement.
C’est oublier que la civilisation s’est toujours construire CONTRE la nature, et pour s’en affranchir. Descartes voulait que l’homme se rendît « comme maître et possesseur de la nature ». Et certes, je ne songerais pas contester un tel point de vue.
La reproduction de l’espèce humaine telle qu’on la connaît depuis les origines touche à son terme. Dans peu d’années - les meilleurs biologistes en sont d’accord -, cela pourra se faire du début à la fin en bocal, et puisque cela pourra se faire, cela se fera. On s’est déjà affranchi de la malédiction biblique : « tu enfanteras dans la douleur ». C’est une bonne chose, et la plupart des femmes ont bien raison de n’être pas masochistes.
Par dessus le marché, je ne vois pas du tout quel intérêt il y a à associer la femme, plus que l’homme, à la procréation. Des enfants, on peut en faire ou ne pas en faire, et il me semble un peu plus sage, dans cet espace très limité de la planète où ils ne manquent pas, de s’abstenir. Donner la vie, la médecine étant ce qu’elle est encore, c’est ipso facto donner la mort. Drôle de cadeau.
Je connais beaucoup de femmes que l’idée de la maternité n’a jamais traversées, qui vivent préférentiellement dans les domaines de la culture et de la pensée où la question du sexe n’intervient évidemment pas. Tout le reste est de l’ordre d’un tragique archaïsme. « On ne peut pas réduire une femme à un utérus sur pattes », dit très justement Axel Kahn.