Bon, j’ai lu le document, et voici ce qu’il en ressort :
- Les scientifiques qui ont fait cette étude sont
beaucoup plus mesurés que vous sur la validité de leur expérience,
notamment eut égard à l’échantillon trop faible, et également au fait qu’il
y a 2 fois plus de femmes que d’hommes. En plus, il est précisé que l’échantillon
est composé de personnes n’ayant pas pratiqué le taï-chi : donc, des
novices !
- Ce n’est pas une véritable étude randomizée. Il se
trouve que je connais le quartier où cette étude a été réalisée. C’est le
quartier des expatriés. Déjà que Shangaï ne représente pas la Chine, c’est une ville
spéciale. La liste des participants a été communiquée par le gouvernement
chinois. Il manque de nombreuses données pertinentes. On ne sait pas si l’échantillon
test s’est mis à pratiquer d’autres exercices de stimulation. On peut en
effet supposer, selon la façon dont l’étude a été menée, que certains d’entre
eux se soient intéressés à la stimulation et aient pratiqué d’autres
exercices. Cela s’est déjà vu plusieurs fois.
- On présente 25 tests, et on se dit « 25, c’est
beaucoup ». En fait, ces tests mesurent à peu près la même chose :
la mémoire à court terme, la mémoire de travail (qui ne se mesure pas
directement mais s’infère) et essentiellement ce qu’on nomme l’attention
(alors qu’il y en a plusieurs), que vous pouvez aussi nommer fonctions
exécutives. Le même phénomène prend différents noms et différents sens,
selon l’angle d’étude. Manque de bol, il existe plusieurs modèles de
mémoire à court terme et mémoire de travail, avec une bataille entre le modèle
anglais de Baddeley et le modèle américain de Cowan, sans oublier Oberauer
et Cie. En plus, ces modèles sont des construits ; ils ne
représentent pas la réalité, même s’il existe des preuves
neuropsychologique de leur existence. Il est impossible de séparer les
différentes mémoires. Comment expliquez-vous que si vous avez un empan de
7, vous puissiez suivre une conversation de + de 7 mots et/ou nombres ?
Les tests ne mesurent pas votre performance, mais la performance aux
tests. Point barre. Mais cela commence à rentrer chez certains professionnels
sérieux.
- Les tests présentés mesurent donc surtout l’attention,
et ça tombe bien, la pratique du taï-chi développe l’attention chez le
novice. Au même titre que si vous contrôliez vos pulsations cardiaques
lorsque vous courriez. Ou que vous appreniez une chorégraphie du dernier
logiciel de danse de la kinect. Bref, lorsque vous êtes novice et que vous
appreniez quelque chose. Je confirme donc ce que j’ai écrit dans mon
précédent post.
- Il est normal que le volume étudié ait augmenté. Le
chauffeur de taxi londonien ou le musicien, ou le joueur d’échecs ont
aussi un volume de certaines zones du cerveau plus important. C’est dû à
la nature de l’activité pratiquée. Mais le chauffeur de taxi londonien qui
veut s’installer à Paris devra apprendre le plan de Paris. Son volume ne l’aidera
en rien. Le joueur d’échecs qui veut faire du sudoku devra aussi
apprendre. Son volume ne l’aidera en rien. Le volume est la conséquence. Et
il n’y a pas de transfert automatique du bénéfice d’une activité à l’autre.
De plus, les processus sont vicariants, et cela ne se mesure pas…encore !
- Les chirurgiens cardiaques sont formés au MMSE, un
test rapide et simple qu’ils utilisent pour évaluer les dysfonctionnements
cognitifs chez les patients âgés après certaines interventions. J’ai
administré ce test à certains d’entre eux, entre deux parties de golf (smile) :
les résultats ne furent pas particulièrement brillants. Ils n’ont pourtant
aucun trouble cognitif…
- Il aurait été intéressant de savoir si après la
pratique du Taï-Chi, le groupe test avait moins d’accidents domestiques ou
autres soucis dus à un déficit d’attention. C’est ça qui aurait
véritablement permis de savoir s’il y avait un impact réel mesurable dans
la vie quotidienne. Pas des tests STANDARDISES ET GROSSIERS qui mesurent
la performance aux tests. L’important
est le transfert et la mesure systémique (qui n’existe pas), pas la mesure
analytique ! La vie est faite d’une combinaison de milliards de
variables. En labo, on les isole. Il
faisait comment Luria ?
- Le fameux test de Wechsler trouve que les
afro-américains ont un Qi inférieur aux blancs. Pourtant, on oublie de
dire que quelques décennies plus tôt, on a stérilisé des milliers d’afro-américains
parce qu’ils avaient échoué aux tests de Stanford-Binet. Depuis, les
afro-américains sont stressés lorsqu’ils doivent passer des tests (y
compris le SAT pour entrer à l’université). Connaissez-vous les effets du
stress sur la performance cognitive mesurée par des tests
standardisés ?