Sur plusieurs
points essentiels, Adam Smith est aux antipodes de ceux qui l’encensent
aujourd’hui.[1]
Selon Adam
Smith : « Le travail d’un ouvrier de manufacture ajoute en
général, à la valeur de la matière sur laquelle il travaille, la valeur de sa subsistance et du profit du maître »[2].
Karl Marx et Adam
Smith considèrent, à des époques différentes, que le patron ne produit pas de
valeur. C’est l’ouvrier qui la produit. L’ouvrier crée donc de la valeur…
sans qu’il n’en coûte au capitaliste : « Quoique le premier
(l’ouvrier) reçoive des salaires que son maître lui avance, il ne lui coûte (au
capitaliste), dans les faits, aucune dépense, la valeur de ces salaires se retrouvant
en général avec un profit de plus dans l’augmentation de valeur du sujet auquel
ce travail est appliqué »[3].
Ce qui est
évident : les prix fixés aux clients sont le cumul du prix des matières
premières, du travail de transformation qui valorise ces matières, et du
bénéfice escompté par le patron et les actionnaires. Lorsque ces
derniers prétendent que le travail leur coûte, c’est un mensonge, une
manipulation, un détournement, car il ne compte en fin de compte qu’aux
acheteurs des produits, pas au patron. En réduisant le salaire des
ouvriers et employés, les actionnaires (et le patron) s’octroient
seulement un bénéfice supplémentaire - un double bénéfice - alors même
qu’eux ne produisent strictement rien. Le « capital » est payé par les
travailleurs, puisque ceux-ci payent des intérêts conséquents pour leurs
achats (voiture, maison, logement, etc.), intérêts qu’ils n’auraient
pas à payer s’ils étaient rémunéré selon leurs mérites, c’est-à-dire beaucoup plus que les actionnaires et patron (qui, je le répète, ne produisent rien, ne valorisent rien, ne créent rien.
[1] Et comme le dit le proverbe : « L’encens noircit l’idole
pour laquelle il fume. »
[2] Adam Smith, Livre I, p. 147.
[3] Adam Smith, Livre I, p. 147.