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Commentaire de lsga

sur De l'illusion newtonienne aux mystères quantiques


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lsga lsga 11 juillet 2012 17:28

Il s’agit simplement d’une superposition des énoncées de la philosophie ’’naïve« des physiciens. 


Beaucoup de scientifiques en effet se sont lancé dans leurs études en étant persuadés qu’ils allaient chercher la ’vraie’ nature des choses. Cela correspond à ce qu’était le paradigme scientifique du 19ème siècle, réductionniste, qui cherchait en effet les éléments constitutifs de la nature et qui nous abreuvait d’énoncés du type »en fait, le Feu, c’est ça...« , »en fait l’eau c’est ça« , »en fait la chaleur c’est ça...« etc. 

Il faut dire que les études scientifiques réalisées jusqu’en terminal favorisent ce biais épistémologique. On use et abuse des représentations graphiques pour les fonctions, de la géométrie dans l’espace, et autres outils mathématique plus utiles à l’ingénieur qu’au scientifique. 

Or, depuis le début du 20ème siècle, la révolution de la logique mathématique à signer le deuil de l’intuition et de la représentation en science. Certes, comme le dit l’auteur, cette révolution avait commencé au 19ème avec le théorème de Lagrange (qui préfigurait la théorie des groupes) et les géométries non euclidiennes, mais c’est bel et bien le calcul des prédicats qui va signer l’arrêt de mort des ’représentions mentales’ (des modèles attendus) en mathématiques. Les axiomes perdent alors leur statut de ’vérités évidentes’, et le corollaire pour les sciences physiques sera qu’elles perdront leur statut de révélatrice de la ’nature des choses’, voir même d’explication de la réalité. 

Bien entendu, les physiciens refusent de perdre ainsi leur fonction métaphysique à laquelle ils étaient très attachés, et quand ils essayent de philosopher sur leur discipline, cela donne précisément le genre d’article que l’auteur a rédigé ici. Ils font fi des développements philosophiques sur les questions ontologiques depuis le début du 20ème, refusent d’admettre que la question même »Qu’est-ce qui existe ?« est en fait directement liée aux questions »Que veut-on dire ? Que peut-on dire ? ". Pourtant, les philosophes des mathématiques ont appuyé ces réflexions sur des formalismes extrêmement rigoureux.

Bref, au lieu de considérer la ’matière noire’ comme une solution adhoc qui cache une imperfection de la théorie, au lieu de prendre les équations d’incertitudes de Heisenberg (le fameux lien entre observateur et particules... ) comme un indice de la nature instrumentaliste de la théorie quantique ; ils préfèrent prendre toutes leurs théories au pied de la lettre. Cela donne toutes ces théories touchantes de naïveté telles que celles développées par Penrose, qui sont franchement à ranger à côté de celle de Paracelse, tant par leur mysticisme, que leur proximité avec la science et leur beauté théorique. 


Pour rappel : l’interprétation classique aujourd’hui sur les équations d’incertitudes d’Heisenberg est qu’en fait la physique quantique ne nous parle pas directement du monde microscopique, mais de notre capacité à en parler. Exit le voile de Maïa de l’abeille, c’est certes moins poétique mais franchement plus probable. Une référence sur la question :
http://michel.bitbol.pagesperso-orange.fr/aveuglante.proximite.html

Le but de cet ouvrage est de tirer toutes les conséquences d’une idée formulée très tôt dans l’histoire de la mécanique quantique : celle que cette théorie traduit une situation d’inséparabilité entre l’objet et l’instrument servant à son investigation expérimentale, et que par conséquent elle ne fournit pas une image de la nature mais seulement « l’image de nos rapports avec la nature » (W. Heisenberg).

Bref, quand les physiciens pre-mortem prétendent faire le job des épistémologues post-pubert, ça donne souvent des théories ultra-idéalistes, du Bogdanov tartiné de tantrisme et caché derrières des énoncés complexes qui font peur au Quidam comme le Latin devait impressionner le manant. 

Si tout ça vous intéresse, je vous conseille de commencer par là :
http://www.amazon.fr/Structure-r%C3%A9volutions-scientifiques-Thomas-Samuel/dp/2080811150

ça permet de bien comprendre la nature de la recherche scientifique sans pour autant rentrer dans des formalismes trop abstraits.
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Structure_des_r%C3%A9volutions_scientifiques

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