Je pense qu’il faudrait des mois de discussion pour que nous arrivions à un commencement d’accord, tellement nos points de vue sont éloignés. Je me contenterai seulement de trois remarques :
- il est évident que les femmes, la plupart du temps, ne sont pas des esclaves. Mais il existe de très nombreuses formes de domination, et l’esclavage n’en est qu’une parmi d’autres. Le fait qu’aujourd’hui encore les femmes soient sous-représentées politiquement est un indice de la perpétuation d’une certaine domination. Mais il y en a bien d’autres.
- Le fait que les femmes ne se soient pas révoltées, ou très peu, durant des milliers d’années, ne prouve pas grand chose. Un rapport de domination est une relation inégalitaire et durable par laquelle une personne ou un groupe accepte de faire passer ses désirs après les désirs d’une autre personne ou d’un autre groupe. Toute domination suppose donc un certain consentement de la part des dominés. C’est tout le problème de la servitude volontaire, dont parlait très bien La Boétie au XVIème siècle. L’esclavage a duré des milliers d’années sans être contesté sérieusement. Même les esclaves ne semblent pas avoir remis en cause une institution qui les faisait pourtant souffrir. De même, la domination des nobles sur les paysans n’a guère été remise en cause pendant des siècles. Cela ne prouve pas que cette domination était inexistante.
- Lisez ou relisez le début de la Genèse. Vous verrez quel châtiment Ève et sa descendance féminine ont reçu de la part de Dieu : « Désormais, l’homme te dominera ». Cela signifie que les juifs et les chrétiens, pendant deux mille ans au moins, ont eu une claire conscience que les femmes étaient dominées, et que cette domination était justifiée (à leurs yeux, bien entendu).