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Commentaire de Philippe Vassé

sur La Chine et l'Afrique : le grand dilemme ?


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Philippe Vassé Philippe Vassé 21 juillet 2012 02:00

Cher Léo le sage,

Le préjugé de nature moral et/ou politique sur une source qui entend déterminer sa fiabilité par son origine nationale est le pendant, en journalisme, du préjugé raciste déterminant la fiabilité d’un individu selon l’origine dans la vie sociale.

C’est une des déformations « franco-françaises » qui, dans un pays ignorant 95% des informations circulant dans le monde, entend donner au monde ses propres grilles de lecture en fonction de l’origine du média qui diffuse l’information, car croyant encore à l’existence de blocs bons contre les blocs mauvais, en mettant hors de l’histoire réelle les peuples, les contradictions sociales, économiques et politiques, bref en appauvrissant et asséchant toute forme de pensée par des prêches emplies de préjugés aveuglants et auto-isolants.

C’est encore plus comique de raisonner en 2012 avec un esprit de type « guerre froide », bloc gentil contre bloc méchant, quand on ne lit et ne comprend pas un mot de chinois, de vietnamien, ou de russe, que l’on n’a pas accès aux informations diffusées dans les pays concernés et qu’on croit encore qu’on détient seul la vérité révélée ( cas typique de certains commentateurs français sur Internet, lesquels font rire même ceux qu’ils soutiennent).

Une information par elle-même ne dépend pas donc de l’origine de qui la diffuse, mais de la possibilité de sa vérification par une pluralité de sources non-dépendantes entre elles. C’est le b a ba du journalisme.

Il en ressort qu’un rapport interne au Conseil d’Etat chinois est une information brute (un document de travail) visant à orienter l’action du gouvernement du pays comme un rapport américain a le même but.

Le problème est la réalité de ce qu’il exprime et en sens opposé de ce qu’il ne dit pas ( travail d’investigation).

Il est donc aussi vain que stérile d’opposer en Afrique une « bonne Chine » à une « affreuse Europe », ce qui est cynique dans le fond et méprisant pour les peuples d’Afrique qui, eux, subissent les réalités successives et ne font pas de jolies phrases sur un clavier.

Il est manifeste, et les faits connus dans les pays africains sous emprise chinoise constamment renforcée en attestent, que les autorités chinoises se préoccupent d’abord DE LEURS INTERETS PROPRES avant les intérêts des populations des pays où elles prélèvent (pillent ?) les ressources naturelles.

Les créations d’infrastructures sont étudiées dans une perspective globale, non de poussée au développement des productions satisfaisant les besoins IMMENSES des populations autochtones, mais DE STABILITE DU SYSTEME de prélèvement (pillage ?) desdites ressources minières, y compris la corruption des dirigeants politiques locaux.

La réalité vivante, vérifiable, attestée, y compris en filigrane par les rapports alarmistes remis à Hu Jin Tao sur la montée des sentiments anti-chinois dans plusieurs pays africains et la réaction de celui-ci dans un discours officiel, est à mettre à nu, sans esprit borné, sans addiction à des préjugés personnels, mais dans une recherche des faits eux-mêmes et de leur signification.

Récemment, j’’avais révélé une information sur les liens étroits entre les gouvernements américain et chinois pour se favoriser mutuellement sur le plan de l’achat de la dette fédérale américaine. Une information comme cet accord passé en secret et exposé par des médias locaux (américains) permet de voir ce qu’il en est des vraies relations entre des Etats et des gouvernements, de leurs points d’accord et de conflit, les deux faits ne s’excluant pas dans la réalité vivante, multicolore et contradictoire, loin de la forme dogmatique de pensée figée.

Quant à estimer que la direction chinoise est une caste de gens qui seraient emplis d’un amour désintéressé et pur, désireux de développer l’Afrique en général et satisfaire au mieux aux aspirations des peuples, une telle théorie (dogme crédule ? est une pure aberration mentale et/ou psychologique, ou la preuve d’un aveuglement grave.

La politique des accords en yuans, la mainmise sur les terres rares et l’or, entre autres faits revendiqués par Pékin et connus du monde entier, ne semble pas produire des cultures vivrières locales, ni enrichir les populations dabs leur immense majorité.

Par contre, elle produit un développement économique indubitable, mais déformée, c’est à dire orienté exclusivement à la satisfaction des demandes des autorités et entreprises chinoises.

Voir cette réalité que nul ne nie, même à Pékin, relèverait donc de la volonté de ne pas vouloir regarder les faits en face.

Bien cordialement (et après une soirée très agréable de détente)

 


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