@Asp Explorer
Hé bien voilà, on arrive enfin au fond du sujet grâce à vous !
D’abord une bonne palanquée de commentaires mais tous y compris le mien à peu près sur les mêmes thèmes :
- souffrance des animaux, santé humaine, qualité et coût de la viande, pollution et gaspillage...
qui amènent irrémédiablement aux mêmes controverses :
- végétariens = riches, pauvres = mangeurs de viande ou à l’inverse, mangeurs de viande = jouisseurs et libertaires en butte aux attaques de la secte verte.
C’est tourner autour du pot, peut être par crainte de se faire accuser de sensiblerie pour les uns (syndrome Brigitte Bardot), de cruauté pour les autres. Au contraire des Anglo-Saxons, nous les Français avançons des arguments « objectifs » pour justifier nos choix. Chez nous, la sensibilité n’est jamais crédible quand elle ne se monnaye pas...
il faut admettre que vous êtes le plus « courageux » du camp « adverse » en allant directement à la source réelle du clivage en écrivant :
« ce sont des animaux. Ils n’ont pas plus de droit que mon porte-manteau. Ce sont les gens qui ont des droits, et les gens seulement, sinon on ne s’en sort pas. »
C’est tout notre héritage que vous venez de résumer par ces deux phrases. Quelques philosophes n’ont fait que mettre en théorie la soi-disant « frontière entre l’homme... et la bête » afin de contrer de vieilles peurs venues du tréfonds des âges. Notre tête en a été farcie afin de nous faire accepter certains choix cependant la réalité est plus ambiguë...
Pour parler donc franchement, il y a pourtant deux camps en philosophie occidentale :
- celui qui est défendu dans cet article et les commentaires qui le plébiscitent, accorde une valeur intrinsèque à chaque être vivant. Cette philosophie nous apprend à reconnaître « la valeur de cela même à quoi nous n’attachons personnellement aucune valeur », nous permet de découvrir que nous avons encore des devoirs au-delà de nos préférences et de nos préoccupations humaines. Elle conteste l’idée de la supériorité humaine sans plaider pour autant un quelconque égalitarisme normatif.
- celui dont vous vous prévalez pour justifier votre indifférence face à la souffrance animale, hiérarchise la nature avec à la fin l’homme. La science moderne est venue à sa rescousse en « réduisant le monde à l’état de matière inerte, offerte aux façonnements, aux manipulations et à la domination des technosciences » (guillemets pour extrait de C. Merchant : the dead of nature).
C’est la suprématie de l’homme sur les animaux en particulier, la nature en général. On nous vante ce modèle à longueur de temps et même en écologie, il y a contamination. Cela s’appelle par exemple : aménagement du territoire, gestion de la faune, restauration de la nature etc.En économie, cela s’appelle « valeur instrumentale de la nature ».
Cette philosophie là amène à l’extermination industrielle des animaux... et des hommes car elle n’a rien d’humaniste au contraire.
Pour en avoir un tout petit aperçu :
Entretien avec Elisabeth de Fontenay (Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité, Paris Fayard, 1998)
Toutefois puisque en effet, votre « choix » philosophique est assumé, n’hésitez pas à lire par ex, le travail de H. -S. Afeissa qui a réunit quelques textes fondateurs pour relayer d’autres idées :
« Ethique de l’environnement »
nature, valeur, respect
ou plus simplement « Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer.