« Noblesse oblige : oui, mais à quoi ? Au respect envers toutes les formes de vie végétale et animale, c’est-à-dire
envers toutes les espèces qui nous ont précédés dans l’évolution, et
sans lesquelles notre existence n’aurait pas pu être possible. Cette
noblesse a sa raison d’être, car, n’en doutons point : notre survie,
comme celle de tout animal, dépend en dernier lieu, du monde végétal qui
constitue la base même de toute chaîne ou tout réseau alimentaire.
Notre appareil digestif nous permet de nous nourrir convenablement et
exclusivement du monde végétal. Tuer un animal est donc d’abord superflu
et est, en outre, un acte incompatible avec les aspirations
intellectuelles et spirituelles de notre espèce.
Si, tuer un
animal dans un contexte d’autodéfense est encore acceptable, l’abattre
pour en retirer des protéines, des graisses, des connaissances
scientifiques, des plaisirs gustatifs, etc … ne l’est plus, et ceci
d’autant plus que ces raisons sont bien banales par rapport à la
souffrance et à la perte de vie d’un animal, être sensible et conscient.
Ne nous trompons pas ; tout animal est capable de souffrir, et il n’y a
aucune justification morale de mépriser sa vie, de négliger sa
souffrance, de banaliser sa mise à mort et de mutiler son cadavre pour
en faire des délicatesses carnées. Tout éthique qui se veut universelle,
objective et compatissante, se doit de respecter les intérêts
semblables de tous ceux, animaux humains et non humains qui sont
affectés, directement ou indirectement pas nos actes. Une telle éthique
ne peut être que centrée sur un principe d’égalité qui accorde autant
d’importance à l’intérêt légitime d’un animal d’éviter la souffrance
qu’à l’intérêt légitime d’un homme … Et même si la mise à mort
systématique et organisée de ces milliards de bêtes innocentes
s’effectuait sans la moindre peine pour elles – nous en sommes, hélas,
loin, très loin de là – nous n’aurions aucune raison d’être fiers
d’avoir transformé la terre en un abattoir gigantesque. Et que dire
alors de ces animaux tués par plaisir à la chasse ou pour les
spectacles, corridas, combats de coqs, de ces animaux sauvages enfermés
dans les cirques etc … et de cette horrible vivisection. Indifférents
aux intérêts et aux droits légitimes des animaux nous perpétuons à
chaque repas carné un massacre dont l’envergure nous échappe et qui
trahit notre profond mépris de nombreuses espèces animales. Ne
sont-elles pas nos compagnons sur la route de l’évolution ? »