J’ai opposé un « refus de regard » à ce spectacle comme on oppose « un refus de vote », mais d’une manière hypocrite j’espérais, consciemment ou pas, que quelqu’un regarderait pour moi et aurait cette réaction. Merci, chère auteure, de m’avoir permis d’éviter ce pensum et me retrouver dans votre article. Je sais, c’est un peu lâche, mais pendant ce temps-là je militais sur Internet contre ces immenses dangers qui nous menacent tous. C’était une sorte de partage des tâches de militants, ou même de citoyens, ou encore d’êtres humains du refus et de la résistance.

Cependant, je veux réagir aussi au commentaire d’Alinéa, avec qui je suis en grande partie d’accord. Est-il humain de faire des fêtes quand tout va mal ? Ou a-t-il été toujours habituel d’amuser les peuples pour mieux les opprimer ? En ce moment, je pense aux jeux du cirque de notre antiquité, aux joutes des chevaliers devant lespaysans asservis mais ébahis. Je pense aux derniers « 14 juillet », que les centres commerciaux tentent de banaliser en en faisant un jour de « libre consommation », à cette fête populaire qui se résume de plus en plus à une démonstration de nos forces armées, un feu d’artifice et un bal le soir... chez moi cela se passe le 13 juillet, sans respect de la date, même si le 15 juillet tombe un dimanche et que les gens peuvent se reposer après avoir passé la nuit à danser. Je me souviens des fêtes de mon village dans mon enfance : discours du maire, chorale des enfants, distribution de prix aux lauréats du certificat et immense goûter pour les 80 à 100 enfants de la commune payé par le maire avec le petit montant de ses indemnités, enfin bal public sur la place devant la mairie de 16 heures jusqu’à l’aube. Tout le village participait. Moi aussi, comme Eva Joly, je verrai bien un défilé populaire de tous ceux qui veulent montrer leur attachement à la République, République qu’on assassine peu à peu en ces années de lutte acharnée de la classe internationale des financiers contre le reste de l’humanité, classe des prolétaires et autres exploités.
Cette « ferveur populaire », j’aimerais la voir au service de l’indignation, mais surtout de la résistance, voire de la révolte. Un peu plus de temps pour la réflexion politique et la recherche de l’information libre, un peu moins pour la lecture de l’Equipe.
Et je vais me faire des ennemis. Quel est l’enseignement donné aux jeunes par certains sports ? Le respect des règles librement acceptées, oui, le respect des partenaires et adversaires, oui, l’esprit d’équipe ou collectif, oui, l’importance du corps sain, oui... mais, lorsqu’il y a un arbitre, contre lequel il est interdit de manifester son désaccord même en cas d’injustice flagrante et que toute critique entraîne des sanctions, dans ce cas ces sports apprennent à nos jeunes la soumission parfaite à toute autorité institutionnelle, en dépit de toute iniquité.

Cordialement à tous.