« Il y a un moment où il faut savoir se détacher de son éducation religieuse et aborder la question sous un angle logique. »
Fort bien, abordons la question sous son angle logique et demandons-nous pourquoi notre civilisation a engendré le modèle père-mère-enfant, contre d’autres modèles existant ailleurs ou auparavant. Il y a des civilisations où la famille est constituée de co-épouses, des civilisations où les enfants d’un couple sont élevés par d’autres personnes que les parents, etc. Les modèles sont très nombreux. Le modèle judéo-chrétien a opté pour la logique suivante : la meilleure place d’un enfant est au milieu de ses géniteurs naturels, lesquels forment un couple stable soudé à vie, qui s’est choisi l’un l’autre librement, et instaurant un flux de filiation extrêmement clair qui projette l’individu dans une génération historique cohérente et lisible (parents, grands-parents, oncles, cousins, aïeux,...). Dans ce modèle, pas de confusion. Les géniteurs sont tout pour l’enfant : ses parents légaux, ses éducateurs, ses protecteurs ; et les enfants sont les héritiers légitimes à part entière. On ne dissout pas les fonctions.
Dès que l’on sort de ce modèle, on fait entrer les exceptions les plus marginales (l’adoption) dans le champ de la règle générale. Les mères porteuses, par exemple, opèrent la dissociation de la matrice et de la maternité, ce qui crée de la confusion sur la filiation : comment un enfant peut-il naître de deux femmes et d’un homme ? La réponse judéo-chrétienne est la suivante : ne nous engageons pas dans la confusion, et privilégions toujours les choses claires et logiques. Un enfant naît de la rencontre du principe mâle et du principe femelle, donc d’un homme et d’une femme, point.
Pour bien grandir, un enfant n’a pas seulement besoin d’amour : il a surtout besoin de sécurité, et ce besoin de sécurité est encore plus grand quand il s’agit d’un enfant adopté. La sécurité, ce n’est pas seulement une sécurité matérielle, c’est avant tout une sécurité psychique, identitaire. Bien sûr qu’un couple homo est capable matériellement d’élever un enfant. Mais est-ce que ce modèle répond à ce que nous voulons de mieux pour un enfant ? Ma réponse est non. L’amoooûûûûr n’a rien à voir là-dedans ! C’est une question de sens et de vérité.
Pour ajouter un mot sur l’adoption, je souhaite bon courage aux couples homosexuels qui souhaitent adopter un enfant. Pour les couples hétérosexuels, c’est déjà l’enfer. Non seulement les listes d’attente deviennent interminables (aujourd’hui on est plus proche de délais comme 6, 7 ou 8 ans et il y a de moins en moins d’enfant adoptables internationalement), mais en plus ce sont les pays d’origine des enfants qui fixent leurs conditions. Déjà aujourd’hui, si vous êtes célibataire ou si vous êtes un couple non marié, vous voyez de nombreuses portes se fermer devant vous à cause des clauses établies par les pays. Comment fera un couple homosexuel pour adopter ? Ils vont galérer comme tout le monde, et même bien davantage. Je doute que les pays du Tiers-Monde, de culture traditionnelle, soient nombreux à accepter de poser comme condition « parents homosexuels acceptés ».
Adopter un petit français ? Avec 220.000 avortements par an et très très peu de naissances sous X, les enfants adoptables français sont très peu nombreux et les délais d’attente sont interminables. Quelle solution ? Les mères porteuses ? Donc la location d’utérus et la marchandisation du corps des femmes-pondeuses délocalisées en Inde ? Il est beau, l’amour ; il est beau l’altruisme ; il est beau le progrès.
Ne soyons pas naïfs et regardons les questions éthiques en face.