Non, pas entre celle qui est produite et celle qui est consommée, mais entre celle qui est injectée dans les moyens de production (énergie primaire) et celle qui est produite.
Autrement dit, si on considère que l’énergie potentielle de l’uranium (énergie primaire) qui est utilisé dans les centrales nucléaires est de 100, l’énergie électrique produite par les centrales est de 33 environ. Les 67 sont dissipés essentiellement sous forme de chaleur, soit dans l’atmosphère (le panache de vapeur des aéroréfrigérants), soit dans les fleuves.
Cette dissipation de chaleur n’est pas propre au nucléaire, mais également à tous les procédés de production d’électricité qui utilisent des carburants à base de carbone : le charbon, le fioul, le gaz naturel, le bois, le biogaz.
Tous les procédés conventionnels qui brûlent l’un de ces combustibles dans une chaudière pour produire de la vapeur qui elle même va faire tourner une turbine qui elle même entraîne un alternateur (exactement le même procédé que dans le nucléaire), ont un rendement qui tourne autour de 35%. C’est physique.
Il existe des procédés plus performants, car, soit ils utilisent une partie de cette chaleur pour produire encore plus d’électricité dans une deuxième turbine (cycle combiné), soit ils récupèrent cette chaleur, sous forme de vapeur, pour du chauffage ou pour des procédés industriels (cogénération).
Effectivement, il n’existe pas de centrales nucléaires à cycles combinés ou à cogénération. Marginalement, on récupère une partie de la chaleur des centrales nucléaires pour chauffer des fermes à crocodiles comme au Tricastin.
Revenons donc à nos 33 qui sortent des centrales nucléaires.
Ces 33 doivent être transportés distribués jusqu’aux points de consommation. Ce transport et cette distribution dissipent à nouveau une partie de l’énergie, sous forme de chaleur (effet Joule). Environ 10%. Il reste donc 0,9 x 33 soit environ 30.
Ensuite, ces 30 sont consommés par différents appareils.
Ces appareils ont eux même un rendement, c’est à dire qu’ils n’utilisent qu’une partie de l’électricité qu’ils consomment pour remplir la fonction pour laquelle ils sont conçus. Le reste est dissipé, là encore sous forme de chaleur. Ainsi, une ampoule qui est faite pour éclairer, ne produit pas que de la lumière, mais aussi de la chaleur, ce qui n’est pas du tout intéressant, sauf éventuellement en hiver. L’énergie réellement « utile » est donc encore inférieure à l’énergie consommée ... Et ceci restera vrai même avec de l’éolien ou du solaire.
Concernant le solaire et l’éolien, on considère par convention que l’énergie produite par l’éolienne ou le panneau solaire est de l’énergie primaire. Donc nécessairement, le rapport entre l’énergie primaire consommée par une éolienne ou le panneau solaire et l’énergie électrique produite est de 100%. Mais sur le plan physique vous ne pouvez pas comparer ces 100% aux 33% de l’énergie nucléaire, car il ne s’agit pas des mêmes grandeurs. En réalité, les rendements physiques des panneaux solaires et des éoliennes ne sont pas de 100%. Le panneaus solaire a un rendement physique de l’ordre de 10 ou 15%, c’est à dire que seulement 10 ou 15% de l’énergie potentielle de la lumière est récupérée sous forme d’électricité produite par le panneau solaire. De même toute la force du vent n’est pas récupérée par l’éolienne : il y a des frottements ...
Si l’on prend cette convention concernant l’énergie primaire pour le solaire et l’éolien c’est, je suppose, parce que il n’y a pas d’ajout dans l’environnement de l’énergie potentielle du vent ou du photon qui n’est pas récupérée sous forme d’électricité. En effet, cette énergie non utilisée par les panneaux solaires ou les éoliennes est déjà présente dans l’environnement, alors que la chaleur dissipée par les centrales nucléaires ou conventionnelles n’était pas dans l’environnement avant d’être « libérée » de sa forme fossile (ou minérale) par la combustion ...
Maintenant, ce qui me paraît aberrant à moi, c’est de chauffer une maison mal isolée. Mais à partir du moment où vous avez une bonne isolation, le choix du mode de chauffage est un choix qui doit être rationnel et basé sur un raisonnement économique, technique et écologique : quel est le mode de chauffage le moins cher (en raisonnant à coûts complets), pour un bon niveau de qualité, et un impact environnemental acceptable.
A ce compte là, l’électricité n’est pas forcément le moins bon choix.
Chacun aujourd’hui peut installer chez soi des moyens pour ne pas dépendre de l’électricité nucléaire, et nul doute que ces possibilités s’étendront à l’avenir.