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Commentaire de Argentinpendant2ans

sur Une crise argentine est-elle possible en France ?


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Argentinpendant2ans (---.---.86.55) 31 janvier 2007 13:34

Lorsque vous citez parmi « Les causes les plus criantes de la crise argentine sont : la surévaluation du peso, arrimé artificiellement au dollar » je partage votre analyse, partiellement du moins. En effet, cet arrimage a été lors de sa mise en place une solution qui a permis d’enrayer l’hyper inflation du début des années 90. Les prix changeaient de manière permanente. Les familles modestes ou de classe moyennes éprouvaient les pries difficultés et des fortunes se sont faites a travers la spéculation la plus malsaine. Le problème a par la suite été le manque de courage politique pour désarrimé le peso du dollar. Ce qui aurait idéalement du être fait à partir des années 96/97.

« la destruction de tous les systèmes sociaux, parfois directe, souvent à travers une « décentralisation » faite sous prétexte « d’efficacité ». La décentralisation à laquelle vous faites référence est un impératif dans un pays grand comme six fois la France et où on ne peut comparer les besoins structurelles de Buenos Aires à des provinces comme celles de Santiago del Estero ou Jujuy. En effet, le problème n’est pas tant la décentralisation que la manière dont celle-ci est gérée puisque la corruption imprègne toutes les couches de la société.

« les privatisations systématiques : pétrole, eau, énergie, transport, santé... » La aussi je partage partiellement votre point de vue. En effet, les privatisations ont été l’occasion d’une gigantesque orgie pour le pouvoir en place puisque ces privatisations ont donné lieu à de colossales détournement de fonds. Cependant, il faut également savoir que la gestion publiques qui en était faite était souvent pire. Vous citez l’exemple de l’eau : très souvent les réseaux de distribution étaient à la limite de la rupture ce qui a nécessité des investissements que l’Etat Argentin seul (ou ses provinces) ne pouvaient assumer. La Hausse des prix a été importante dans ce secteur et ce d’autant plus que les gens paient désormais leur consommation et non pas un forfait en fonction de la surface de leur maison... ce qui générait donc une énorme gabegie d’eau. Lors des périodes estivales des coupures d’eau étaient courantes en raison de problèmes de réseaux laissant parfois + d’un million de personnes sans eau durant 3 ou 4 jours comme à Cordoba durant l’été 1999/2000. Des investissements importants justifient très souvent les hausses de prix constatés.

Le cas du pétrole est différend puisqu’il a été « donné » pour une bouchée de pain par Menem qui n’a aujourd’hui plus de soucis à se faire pour son avenir et celui des siens pendant quelques générations... . Quant à l’énergie d’une manière générales, nombre de centrales étaient dans un état calamiteux et les investissements ne pouvaient être que limité par la mauvaise santé de l’Etat et des provinces. Les privatisations se justifiaient donc entièrement même si la aussi les modalités d’attribution ont du donner lieu à quelques « primes »... .

« le démantèlement rapide de toutes les protections douanières ». La réduction des protections douanières (et non pas le démantèlement) a généré une concurrence principalement avec des produits manufacturés d’Asie (Chine principalement) importée à bas coûts mais a aussi autorisée certains secteurs à se développer. Par contre nombre de marchandises rentrent sans droit de douanes et notamment ceux du Brésil. Or le Brésil a su décrocher à la fin des années 90 de son arrimage au dollar. A ce moment là l’Argentine est resté accroché au peso / dollar et a véritablement détruit une partie de son économie puisque les produits Brésiliens entraient sans droits de douanes à payer. Les consommateurs ni ont vu que leur intérêt à court terme : un pouvoir d’achat plus important sans prendre en compte la perte de compétitivité de leurs entreprises. Depuis peso argentin et real brésilien oscillent de la manière que l’euro et le dollar et les deux économies s’en portent très bien.

« le démantèlement du droit du travail ». Plus que le démantèlement, c’est un droit du travail à plusieurs niveaux qui a posé problèmes et posera encore problème puisque nombre de professions sont surprotégés (principalement les grands corps d’états et les militaires) et pour compenser d’autres ne le sont pas du tout (petit paysan, employé des PyMEs (PME/PMI))

« la corruption d’un régime qui bénéficiait des privatisations et de la fuite des capitaux » C’est même la corruption des différents régimes d’après la seconde guerre mondiale qui ont ruiné ce pays et non pas la corruption d’un seul régime. Les Peronnistes jetant de l’argent par la fenêtre (et pas de manière imagé ...) plutôt que de l’investir dans de vrais projets (santé éducation infrastrustures), les divers dictatures entretenant une armée et ses privilèges (billets d’avion gratuits, santé, logement... .) Les pires systèmes de corruption sont en place et ils sont la véritable cause des difficultés de ce pays que j’ais la chance (oui ! malgré tout la chance) de bien connaître. et cette corruption n’est pas le fait d’un seul, elle est ancrée dans la société.

Je concluerais en disant que les deux principales difficultés ont été la surévaluation du peso, arrimé artificiellement au dollar et la corruption d’un régime de tous les régimes qui ont été au pouvoir et ce bien avant Menem.

Dont les conséquences ont été « la destruction des services publics privatisés par les groupes internationaux qui les avaient rachetés, ou bien des augmentations de prix sans précédent » Voués à la disparition ou nécessitant des investissements colossaux de nombreux secteurs avaient besoin d’être privatisés : Eau, Energie et transports principalement. Mais ces privatisations auraient avec un peu moins de corruption du permettre un investissement dans des secteurs cruciaux comme l’éducation et la santé qui se sont dégradés tout au long des 50 dernières années. « la destruction de l’industrie locale, inapte à faire face à la concurrence internationale sans protection tarifaire, avec une monnaie surévaluée » « une destruction sans précédent du lien social » Il n’y en a jamais eu. Si vous connaissiez vraiment le pays dont vous parlez vous sauriez que le terme de classe sociale a encore tout son sens. Afin de La population peut se découper de manière schématique : 50% de pauvres, 25% classe moyenne inférieure (j’arrive à survivre en ayant de grosses difficultés en cas de coup dur), 20% classe moyenne (j’arrive à vivre bien), 5% classe aisée (Je vis très bien). « une progression massive de l’endettement jusqu’à l’explosion et à la crise. Les dépenses publiques structurelles n’ont pas beaucoup diminué, mais le déficit commercial a obligé l’Etat à s’endetter pour masquer un moment les effets de la désindustrialisation. »

« En résumé, on peut dire que les gouvernements argentins, et en particulier les gouvernements de M. Menem, ont volontairement sabordé leur propre pays, » Sans aller jusqu’à dire que cela a été volontaire, ils l’ont effectivement saborder trop préoccuper qu’ils étaient à se maintenir ou à profiter des opportunités de s’enrichir.

L’Argentine était auparavant l’un des pays les plus prospères d’Amérique du Sud. Notamment après la deuxième guerre mondiale puisqu’elle a fournit tous les belligérants notamment en matière première comme le blé. Et par la suite ce sont les différents pouvoirs qui ont petit à petit dilapidés toutes les énormes ressources de ce pays et ce quelque soit leur étiquette politique. Quant aux privatisations elles ont été une opportunité donné à la classe dirigeante en place à ce moment là de s’enrichir de manière éhonté. Quant à dire que les grandes sociétés sont responsables de tous les maux de la société argentine, c’est prendre un raccourci facile car même si certaines ont profités de ces privatisations pour réaliser des achats à vils prix, d’autres ont investit d’importantes sommes d’argents sur place en rachetant des sociétés (Crédit Agricole, Danone, Casino), ou en investissant pour rénover des structures obsolètes ou construire des industries (eau automobiles et énergie).

Les différents pouvoirs ont usé ce pays en attribuant des avantages à leurs électorats traditionnels. Sans jamais se préoccuper de l’intérêt général, ils l’ont ruiné.

Deuxième partie : comparaison des causes

Deux ou trois points me laissent perplexes « La destruction des systèmes sociaux » « Le transfert des charges du RMI et de l’APA participe à la même logique de destruction qui a prévalu en Argentine. L’Etat français se désengage d’un grand nombre de charges sous prétexte de meilleure gestion ou d’efficacité. En quoi le RMI, dont le montant et les conditions d’attribution sont fixés par l’Etat, serait-il mieux géré localement ? » Je répondrais par une question que je me pose : Peut être un RMI à Paris ne permet il pas de vivre dignement alors qu’un RMI le permet dans des départements ou le coût de la vie est moins élevés. Quant à la gestion local, c’est le système qui permet à nos grands voisins de gérer au mieux leur pays (Allemagne et Espagne) peut être devrions nous regarder chez les autres et prendre ce qu’ils ont fait de bien.

« Les privatisations EDF est privatisable, avec sa « rente nucléaire » que le privé saura valoriser. GDF est privatisable. France Telecom est privatisé. La Poste est privatisable. Le transport ferroviaire est libéralisé. Air France est privatisé. Le secteur de la santé est en privatisation constante et progressive. La pression des assureurs est forte sur le système de retraite. » France Télécom est privatisé et le coût des communications n’a jamais été aussi faible. Quant à la privatisation d’EDF, cela me semble dangereux car l’énergie est un secteur stratégique pour l’avenir de tous pays. Quant à la Poste, j’espère qu’une privatisation leur permettra de travailler un peu mieux que dans le sketch de Dany Boon qui décrit assez bien le respect que ces « travailleurs » qui n’ont de fonctionnaires que les avantages sans en avoir le sens du devoir. Le secteur de la santé que vous décriez reste malgré toutes les crises (salutaires si elles nous permettent de nous améliorer) l’un des meilleurs au monde (si ce n’est le meilleur). Le système des retraites est quant à lui parfaitement injuste puisque tout le monde ne bénéficie pas des mêmes conditions mais ce problème ne se posera certainement plus d’ici quelques années quand nous aurons réussi à détruire ce que nous avons adoré faute d’en prendre soin.

Le démantèlement douanier Aucun Etat européen n’est plus maître de ses questions douanières. L’UE participe à l’OMC où elle est représentée par un « négociateur » mandaté par la Commission, alors qu’il signe des traités qui auront force de lois. Il est vrai qu’ils devront être ratifiés, mais pas par les parlements nationaux. La notion de « préférence européenne » a été définitivement écartée du vocabulaire, et les protections tarifaires sont en voie de disparition. Je ne suis pas économistes mais les bonds en avant que réalisent des pays comme la chine ou l’Inde sont dues aux ouvertures douanières. Il y a + de 450 000 000 de personnes qui sont sorties de la misère grâce à ce libéralisme. Alors plutôt que de maintenir des pays dans le besoin d’aide de notre part (les pays riches voir très riches) il me semble préférable d’avoir moins de barrières douanières. L’Espagne en 1984 effrayait par ces différences de coûts de production et finalement l’Espagne tout autant que la France et les autres pays européens ont tirés parties de cette entrée dans l’Europe.

Le démantèlement du droit du travail Plusieurs articles sur ce site en font état. Le CDI traditionnel est en voie de disparition. Le CNE et ses descendants auront sa peau Si le CDI c’est l’emploi à vie alors je crois qu’il va falloir nous habituer très vite à sa disparition. Pour autant des pays très protecteurs pour les personnes comme peuvent l’être nos voisins du Nord (Finlande Suède Norvège et Danemark) ont pris le partie de faciliter les changements de carrière en mettant en place des cursus de formation (dans des sociétés privées) pour les personnes à le recherche d’un emploie tout en indemnisant mieux les personnes en formation ou au chômage. J’ai pour ma part été deux fois au chômage sans avoir jamais eu de formations vraiment utiles... .

La corruption du régime Ce point est délicat à prouver. Il l’était d’ailleurs également en Argentine. Disons que c’est pour le moins un sentiment de plus en plus répandu. Mais, par exemple, pourquoi vouloir à tout prix transmettre GDF à Suez ?

Votre deuxième phrase sous entend que la France est un pays corrompu. Bien qu’aucun pays ne soit (et ne sera) exempt de cette maladie, on ne peut comparer une corruption endémique à la corruption qui doit exister dans notre pays.

PS : je suis désolé pour les qq erreurs qui se seront certainement glissés dans mes idées que je vous livre en vrac (j’ai juste ma pause déjeuner pour écrire). Pour ceux qui ne connaissent pas l’Argentine, c’est malgré tout un pays superbes et remplis de gens chaleureux et accueillants. Allez y.


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