Il y a une motivation légitime à être libertarien aux US (sous-entendu soutenir le candidat Ron Paul) :
- mettre un terme à une politique extérieure de gendarme du monde et retour à l’isolationnisme pré-wilsonien (en réaction aux guerres injustifiées en Irak essentiellement) ;
- abus inflationnistes de la part de la Fed afin de financer le complexe militaro-industriel ;
- socle culturel propice aux libertés nouvelles ;
- remise en question des principes fondamentaux de la première démocratie moderne (Patriot Act de l’administration Bush, poursuivie par l’administration Obama) ;
- corporatisme d’état où les multinationales américaines font les lois, fort loin d’un libéralisme de marché suivi à la lettre ;
Transposé en France, une telle politique perd beaucoup de sa pertinence, notamment puisque la culture française est particulièrement attachée à la common decency, et que, justement, si Adam Smith et les libéraux qui s’en revendiquent prônent encore un minimum à ce sujet, les libertariens sont en rupture par rapport à leur héritage idéologique dans ce domaine.
Le libertarianisme français aurait sans doute quelques chances politiques s’il s’acculturait plus solidement aux spécificités françaises, qui ne déméritent pas toutes en s’appuyant là où les dysfonctionnements du marché portent le flan à la critique (gros business qui soudoient les eurodéputés pour faire passer leurs lois, politique du too big too fail, critique de l’interventionisme militaire, etc). Mais non, année après année, on ne peut y lire que de la propagande pour la concrétisation des rêves les plus fous des zélotes d’un propriétarisme et encore plus d’un financiarisme à peine complexés.
Bref, l’élève (libertarianisme français) est vraiment la déchéance du maître (libertarianisme américain).