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Commentaire de Christian Labrune

sur De l'idéologie dominante, de la gouvernance globale et du néo-totalitarisme à travers l'opération « Pussy riot »


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Christian Labrune Christian Labrune 3 septembre 2012 11:36

@Pierre,

Je connais trop mal la situation actuelle en Russie pour m’aventurer à en dire quoi que ce soit, ce serait téméraire, mais je me garderai bien de prendre parti pour un courant politique plutôt que pour un autre, et c’est ce que je reproche à beaucoup d’intervenants ici, qui prennent fait et cause pour le nouveau tzar, lors même que le fonctionnement des institutions produit des horreurs. Pour l’instant, la situation paraît à peu près stable, mais considérez une situation historique de transition, celle qu’on a connue par exemple en 2011 dans les pays arabes, et l’erreur où sont tombés la plupart des observateurs occidentaux : d’abominables tyrans étaient sur le point d’être renversés, les peuples aspiraient enfin à la démocratie, les « révolutionnaires » siégeaient sur les places publiques. On est resté, dans la presse et probablement dans l’opinion, au moins jusqu’au début de l’été 2011 dans ce qu’il faut bien appeler après Malraux une « illusion lyrique » des plus calamiteuses avant que se profile le spectre d’un hiver islamiste qui s’est enfin installé, et pour « un certain temps ».

Les religions monothéistes, à moyen terme, sont condamnées, et l’islam comme les autres ; quand les réserves monétaires seront complètement épuisées en Egypte et que les Frères seront confrontés à une misère sociale contre laquelle ils ne pourront plus rien, le petit peuple abandonné par Allah se trouvera évidemment quelque peu dessaoulé, mais cela va prendre combien de temps ? Combien de générations sacrifiées ? Au moins deux, dans l’hypothèse la plus optimiste. Vous me dites que « le système Poutine est un passage obligé et qu’il aboutira à une réelle démocratie quand le pays sera réorganisé ». C’est une très vieille rengaine que vous me chantez-là ! « Sacrifiez-vous au bonheur des générations futures » disait déjà le communisme stalinien dans les années 30. On a vu le résultat. Evidemment, lorsqu’il s’agit de pays lointains où nous ne vivons pas, ces choses-là sont aussi faciles à admettre que pour les journalistes du Monde en 75 le déplacement vers les campagnes des habitants de Phnom Penh. Cela paraîtrait difficile à concevoir en France, disaient-ils, mais le Kampuchea démocratique n’est pas la France et les Cambodgiens ne devraient pas tarder, après « un certain temps », à s’en trouver mieux. Quand il s’agit de la France et qu’un parti politique brigue le pouvoir, on ne promet évidemment pas une amélioration pour les générations futures, personne ne le comprendrait, et « le changement, c’est tout de suite ».

A ce compte-là, on peut très bien justifier aussi le système capitaliste. Il fonctionne en Europe sans interruption depuis le moyen-âge, et malgré les crises et le marxisme qui prédisait son effondrement fatal, il finit toujours par retomber sur ses pattes. Sauf que les réajustements nécessaires pour un minimum de redistribution des richesses, la perpétuation du système et son homéostasie, se font toujours sur une ou deux générations et qu’il y a toujours une grande quantité de gens qui, pendant ce temps-là, se trouvent condamnés à la misère et à l’humiliation. Dans votre logique, c’est donc cette idée de la nécessité des délais qui me paraît critiquable : on ne peut pas, quand on regarde sa propre situation dans le monde, considérer qu’on a qu’une vie et qu’elle est au centre de l’histoire, et regarder les peuples lointains avec le regard d’un historien de la longue durée qui ne perçoit que des groupes humains réduits à des abstractions.

Je ne suis pas du tout d’accord non plus avec ce que vous écrivez concernant une démocratie française qui serait injuste avec le FN. Le FN vient du fascisme, c’est l’héritage d’un Mitterrand qui en vient aussi, qui a délibérément a voulu et très bien programmé sa croissance. C’est bien, du reste, le seul domaine où son action ait été une réussite, et vraiment calamiteuse. Je n’envoie plus d’articles sur AgoraVox, ils sont systématiquement refusés, et le seul qui n’ait pas été bloqué par la modération porte justement sur cette question du FN et des 500 signatures. Pas de pitié pour ces gens-là et les pauvres bougres d’hilotes qui les soutiennent ! C’est ma position.


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