Pour ma part il me semble que le « projet de l’an 2000 » s’est retrouvé privé de financement du fait de « l’anarchie politique » libérale et la fuite des ressources et moyens de sa réalisation vers des « paradis fiscaux ».
Mais est-ce une grande perte ? Non plutôt une expérience négative, un échec commun qui au contraire nous donne l’occasion d’une prise de conscience de cet écart qui subsiste entre Projet politique et Réalisation et donc nous rendre plus attentifs et réalistes.
Dans les années 80 la grande illusion du moment était de croire que nous pouvions simultanément exister comme société organisée et nous laisser envahir et convaincre par les thèses anarcho-libérales des Chicago boys...
Cette illusion s’est dégonflée et laisse apparaître -à ce niveau- l’incompatibilité absolue et pratique entre Civilisation et Individualisme. C’est déjà une bonne chose en soi. Cela remet au goût du jour la question du volontarisme et de l’effort collectif ’rien ne se conquière sans lutte’ et surtout les enjeux politiques et humains de la Révolution française.
Participer à l’instauration une société humaniste, se débarrasser de l’oppression féodale n’est pas un projet plus irréaliste, ni moins enthousiasmant aujourd’hui qu’il ne l’a été en 1789. Cette perspective nous conduit seulement à postuler que le « rêve de l’an 2000 » et les masses de granit institutionnelles ( le droit commercial et financier par exemple qui autorise tous les abus de la « bourgeoisie ») n’étaient que des leurres, de fausses bonnes solutions pour atteindre l’objectif raisonnable d’une société démocratique et fraternelle...
Comme français et comme humanistes, l’histoire nous destine et propulse aux premières loges d’une nouvelle manifestation de son génie. Sachons tenir à cette place notre rôle avec le sens de « l’à propos » et y faire contre mauvaise fortune, bon cœur.