On peut cependant trouver une raison à cette négation du spirituel ou du métaphysique chez Laplace et observer qu’elle est largement pédagogique :
"
Conseils de Laplace sur l’enseignement :
"Il ne faut donc pas dans
l’enseignement insister sur ce qui peut manquer encore
à la rigueur des preuves que l’on en donne, et l’on doit
abandonner cette discussion aux métaphysiciens géomètres,
du moins jusqu’à ce qu’elle ait été suffisamment éclaircie
pour ne laisser aucun nuage dans l’esprit des commençants.
Les sciences même les plus exactes renferment quelques
principes généraux que l’on saisit par une sorte d’instinct
qui ne permet pas d’en douter, et auquel il est bon de se livrer d’abord. Après les avoir suivis dans toutes
leurs conséquences, et s’être fortifié l’esprit par un long exercice dans l’art de raisonner, on peut, sans
danger, revenir sur ces principes, qui se présentent alors dans un plus grand jour ; et l’on risque moins de
s’égarer, en cherchant à les démontrer avec rigueur. Si l’on insiste trop en commençant, sur l’exactitude de
leurs démonstrations, il est à craindre que de vaines subtilites ne produisent de fausses idées, qu’il
est très difficile ensuite de rectifier... Cependant, s’il est utile d’écarter
les subtilités d’une fausse métaphysique, il importe également d’accoutumer l’esprit à n’accorder une entière
confiance qu’aux choses parfaitement prouvées."
Pierre Simon Laplace 1749 - 1827
Or d’une méthode d’abstraction didactique on est passé à une doctrine matérialiste fermée avec des élèves qui devenus professeurs n’ont pas compris qu’ils devaient dépasser ce cadre scolaire simplificateur de l’enseignement sans tomber sur l’écueil d’un dogmatisme étroit ni sur celui d’une métaphysique échevelée. C’est cela qui reste regrettable.