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Commentaire de Monolecte

sur Au sujet de l'ouverture des commerces le dimanche


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Monolecte Monolecte 2 février 2007 15:45

On éructe ou on applaudit, mais on ne reste pas indifférent. Voilà ce que m’inspire les commentaires au premier regard.

Ensuite, il semble que beaucoup ait des difficultés à dissocier le fond de la forme. Comme si la provocation était une fin en soi, comme si l’idée était qu’il faille regarder le doigt plutôt que la lune... dont acte ! smiley

Plus intéressant, le fait que je n’ai pas dû être très claire sur ce que l’enjeu du travail le dimanche dissimule réellement.

J’entends bien ceux qui disent qu’ils ne peuvent faire leurs courses le dimanche parce qu’ils bossent plus de 45 heures par semaine (Payées 45 ? Avec les 10 heures sup ?) et qu’ils ne peuvent faire autrement. Déjà, nous sommes nombreux dans ce cas. Mais nous n’avons pas tous accès à des commerces dominicaux. Nous faisons donc autrement.
Plus prosaïquement, si votre travail vous aliène à ce point, où est le problème : votre travail ou la disponibilité des autres pour pallier à votre manque de disponibilité ? Le serpent se mord la queue.

Donc, parce qu’on travaille trop en semaine, il faut établir le travail le dimanche... pour les autres. Intéressant !

Oui, on pourrait dire que c’est bien le travail le dimanche, si cela concerne les gens qui ne bossent pas en semaine, qui sont volontaires et mieux payés. Oui... Ceci dit, un jour par semaine, même majoré de 50%, c’est pas gras...

Mais ce qui a l’air de vous échapper, c’est que ce qui rend le travail du dimanche relativement attractif pour ceux qui y sont soumis, c’est que, comme c’est l’exception, il reste mieux payé.

Ce que je voulais vous faire sentir, c’est que tous ces gentils couplets sur le pauvre ch’tite consommateurs qui a absolument besoin de se dégourdir les arpions le dimanche entre les têtes de gondole cache un but moins avouable : la suppression du dimanche comme jour de repos. Ce qui en fait un jour de semaine comme les autres. Pas mieux payé. Et que si c’est un jour de semaine comme les autres, il y a fort à parier qu’on vous demandera d’aller bosser ce jour-là plutôt que de glander à dépenser votre fric. Et que ce sera sans compensation financière !

Là, certains disent : mouais, on s’en fout, on se reposera un autre jour... Vi, vi, vi, mes mignons, comptez là-dessus et buvez du beurre tiède !

Car si vous avez l’oreille qui traîne, vous avez sûrement entendu parler des demandes très fortes concernant l’abolition même du concept de temps de travail (dernière parution du MEDEF), pour ce caler sur le maximum européen, soit 48 heures par semaine, avec un plafonnement à 65 heures dans le cadre de l’annualisation des temps de travail. Vous voyez bien que ça nous laisse largement de la marge pour ajouter le dimanche à votre amplitude hebdomadaire de travail. Et grâce à d’autres projets forts intéressant, comme la suppression pure et simple de la taxation des heures sup, on finit d’exploser les limites. smiley

Vous ne voyez toujours rien venir ou il faut vous faire un dessin ?

La suppression du dimanche comme jour férié de référence n’a pas pour objectif de permettre des embauches supplémentaires, mais d’accroître encore la flexibilité du travail jusqu’à la rendre presque totale. Si vous ajoutez à cela la réorganisation du management du travail qui est à l’oeuvre actuellement, vous commencerez peut-être alors à présentir que cette petite histoire insignifiante de coursettes du dimanche est le cheval de Troie de la dérégulation totale du travail et non une quelconque manière de vous simplifier la vie.

Pour info, 65 heures de travail par semaine, ça représente 9 heures et quelques de travail par jour sur 7 jours...
Là, c’est sûr, faire vos courses va vraiment devenir un exercice pénible !


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