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Commentaire de cricri

sur Chirac, c'est de la bombe !


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cricri (---.---.82.150) 2 février 2007 18:57

Tels quels, les propos de Chirac peuvent être considérés comme un écart diplomatique, un impair s’il s’agissait d’une conversation de salon, mais cela ne produit que ratiocinations des médias et vapeurs éphémères dans quelques chancelleries.

Sur le fond, la question est entendue : l’Iran a droit à l’énergie nucléaire et, malheureusement, si l’intéressé a un brin de malice, la bombe en découle à plus ou moins long terme. A partir de là, comment, pour les Occidentaux faire une omelette sans casser trop d’œufs, c’est-à-dire contrôler cette phase « gazeuse » (les centrales actuelles, avec l’implication des Russes, mais pas encore le plutonium pour construire le beau jouet) sans provoquer, par une intervention militaire tactique (bombardements puissants de tous les sites concernés) un séisme économique et politique à l’échelle intercontinentale.

Ce que dit Chirac, c’est ce que tous les responsables politiques sérieux (américains et israéliens compris, bien entendu) disent entre eux mais jamais en tribune afin que la diplomatie puisse continuer à brasser le vent nécessaire des propos convenus : même si les Iraniens avaient dans un délai de quelques années une ou deux armes nucléaires, l’utilisation de celles-ci contre Israël scellerait immédiatement le sort de leurs dirigeants, de leur régime, de leurs cités et même de l’essentiel de leur pays sinon d’une grande partie de la population iranienne.

Ahmadinedjad n’a jamais dit qu’il était question d’anéantir Israël par l’atome, mais que cet Etat artificiel s’écroulerait un jour comme l’Union soviétique, de lui-même, sauf que ses propos négationnistes à propos du génocide des juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale ne plaident pas pour que ses adversaires prennent en compte ces nuances sémantiques et fassent le distinguo entre ses analyses prospectives et ses intentions belliqueuses répétées.

Donc méfiance, pas d’allumettes à neutrons pour le taliban de Téhéran ! D’autant que, si l’utilisation est plus qu’hypothétique, l’imitation, elle, est certaine (Arabie saoudite, Egypte, Algérie...), et les risques de guerre totale, dans cette hypothèse, augmentent de façon exponentielle.

Chirac, pour revenir à lui, fait un constat clair et précis du problème posé. Ce que personne ne sait par contre, ni lui, ni Bush, ni peut-être même les dirigeants iraniens - qui ne sont certainement pas tous aussi exaltés que leur président - c’est comment sortir de cette situation effectivement intenable sans provoquer, après la calamiteuse guerre d’Irak, de nouveaux dégâts irréversibles.

Faire sortir le dentifrice du tube, ce n’est pas compliqué, l’y faire rentrer est un tout autre exercice : lorsque Nixon, sur les conseils de Kissinger, a décidé l’invasion du Cambodge pour éviter la défaite au Vietnam, il n’a fait qu’amplifier le désastre. Les conséquences terribles qu’en subirent des dizaines de millions de personnes restèrent, à l’époque, limitées au continent asiatique. Une attaque sur l’Iran, aujourd’hui, aurait certainement des effets bien plus dévastateurs, directs et indirects, pour le monde entier.

Il paraît que dear Henry a repris officieusement du service auprès de l’hôte actuel de la Maison Blanche : les souvenirs laissés par les recommandations de ce prix Nobel de la paix pour gagner une guerre ont tendance à me donner des frissons...


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