1) En premier lieu, effectivement qu’en aucun cas, on ne peut ou doit transiger sur la liberté d’expression, pour autant critiquer ou questionner la pertinence ou non de la publication par CH de ces caricatures (compte-tenu des évènements récents) relève aussi de cette même liberté d’expression : et renvoyer sans cesse aux bûchers médiévaux, à la Collaboration, etc… ceux qui questionnent ce choix de CH ou rappellent que liberté entend responsabilité est un procédé fallacieux autant qu’une rhétorique extrémiste assimilant les personnes qui expriment ces vues à des lâches, des collabos, etc…bref des attaques ad hominem dont le seul but est, à l’instar des fanatiques religieux, de les intimider afin qu’ils se taisent : la violence n’est pas nécessairement physique.
2) il n’existe pas de liberté d’expression « absolue » en Europe, mis à part les USA où la liberté d’expression est totale : en Europe, et encore plus en France elle est relative : par là, on ne peut parler de réelle liberté (qui ne saurait être limitée) mais d’un droit à l’expression (variable, changeant, amendable, etc...)
3) à partir de là, si l’on prétend défendre la liberté d’expression : la première condition est de réclamer que celle-ci soit « totale » : bref que TOUTE opinion puisse être librement exprimée publiquement : ce qui est ma position, ce qui me fait largement relativiser le pseudo-débat actuel où les gesticulations de groupuscules islamistes représenteraient une menace pour notre dite « liberté d’expression » : ce qui n’est objectivement pas le cas : rapporté à l’échelle (autant démographique que géographique) du domaine musulman, ces manifestations représentent en proportion largement moins qu’une de nos manifs « rituelles » de fonctionnaires : au final, seul l’effet zoom webo-médiatique tend à faire croire que l’ensemble des musulmans ou du domaine musulman serait en effervescence à cause du film "innocence of muslims" : il est certes en ébullition mais pour bien d’autres raisons
4) la problématique actuelle (révélée notamment par la diffusion ou non de ce film anti-islam) et bien réelle semble échapper à la plupart des commentateurs, qui paraissent ne pas en avoir conscience ou ne pas en avoir pris acte : à savoir donc le fait que ce ne sont plus les gouvernements qui définissent ce qu’est la liberté d’expression, ce qui peut être publiquement exprimé, diffusé, etc…mais (dans le cas présent) une mégacorporation transnationale qui (à nouveau dans le cas de ce film) a décidé qu’en fonction de ces « corporate guidelines » ce film ne transgressait pas la définition propre à YouTube (Google) du Free Speech : indépendamment des législations locales ou nationales, auxquelles visiblement Google ne se sent pas « soumis »
(à noter qu’en dépit du supposé obscurantisme du domaine musulman) seuls 5 pays ont censuré ce film (Google ayant accepté les requêtes de leurs gouvernements pour 3 cas : Inde, Indonésie et Malaysie, et interdit l’accès temporairement en Libye et Egypte)
5) La question est donc maintenant de savoir si « notre » liberté d’expression peut être « imposée » à d’autres : rappelons que nous vivons dans un monde globalisé, et que comme le montre le pouvoir d’une corp comme Google : autant frontières que législations locales peuvent être « contournées » ou ignorées (cela sur la simple décision d’une entité privée, n’ayant aucune « légitimité » démocratique et ne répondant donc pas à telle valeur ou principe mais à ses actionnaires et objectifs économiques) : cela peut sembler anodin mais il me semble qu’il y a matière à réflexion : notamment sur la notion de liberté (et son champ d’application) : a) les entreprises privées sont-elles habilitées à « légiférer » et décider des limites de nos libertés ? b) considérant que ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui : replacé dans le contexte d’un monde globalisé : je ne peux d’un côté critiquer les tentatives d’autrui de nous imposer ses valeurs ou principes et dans le même temps vouloir le faire ou objectivement le faire…le fait que notre monde soit devenu autant plein que fini nous oblige à repenser nombre de questions : la première étant la façon de gérer les interactions entre sociétés/cultures différentes : puisqu’aujourd’hui, je peux « virtuellement » me retrouver dans le salon d’un autre, mais là où historiquement j’évitais de « chier » sur le tapis trônant au milieu de son salon, aujourd’hui je peux le faire (dois-je le faire ? Est bien la question) : bref en dépit des situations conflictuelles, la norme historique était que de passage dans un monde autre que le mien : je tendais à respecter les us/coutumes locaux, les législations nationales, les cultures, etc…par le web, aujourd’hui : je n’y suis plus contraint : la question donc étant de savoir si les nouvelles technologies ont pour objet/finalité de faire converger l’Humanité vers un ensemble de valeurs universelles que ce soit par émulation ou débat, ou si ces dernières sont/seront utilisées afin d’imposer sans débat telle ou telle autre valeur
6) maintenant sur la critique faite à CH : rappelons que la première diffusion de ce film anti-islam (hors web) a été le fait de Al Nas : chaîne égyptienne (mais fonds saoudiens) repère de « sheikhs » fondamentalistes (école saoudienne) tous plus allumés les uns que les autres : partant de là : a) les premiers à avoir « mondialisé » ce blasphème sont objectivement les complices de ceux qu’ils accusent de blasphème (à noter que le concept de blasphème est autant absent du Coran que des Hadiths) et b) cela soulève nombre de questions –qui ne relèvent aucunement de la liberté d’expression ici- sur l’étrange calendrier opérant ici, que sur les instigateurs de cette « opération » : en premier lieu les Wahhabis saoudiens et leurs supplétifs égyptiens : les islamistes ont fait/font une démonstration de force : qui si l’on s’en tient à la réalité factuelle se voit très limitée : et révèle avant tout autant l’instabilité actuelle du domaine musulman, que la difficulté (qui sera toujours croissante) pour les mouvances islamistes à devoir désormais conjuguer avec une réalité qu’ils n’avaient pas anticipé : à savoir celle où ils pourraient potentiellement accéder au pouvoir et comment gérer la diversité d’opinion des sociétés qu’ils prétendent gouverner mais aussi conjuguer avec les différents courants au sein même des partis islamistes (à savoir comment gérer les tendances divergentes qui existent au sein de ces partis : où l’on retrouvera des positions allant du fanatisme le plus intransigeant à des positions beaucoup plus flexibles ou ouvertes)
(bien entendu cela ne s’applique pas au Golfe : et à ces « théomonarchies » mais aux pays où les partis islamistes peuvent gagner (ou ont gagné) des élections et donc être élus « démocratiquement »)
22/09 22:38 - mehdi
tout le monde est manipulé, une poignée d’islamiste est un non evenement, les islamistes (...)
21/09 20:46 - PapaDop
Dites moi Guy Liguili Personne ( à part qqes uns ;-) ) ne postes « bêtement » ,arrêter les (...)
21/09 16:51 - franc
L’Eglise catholique ne s’ y est pas trompée ,quand elle accepte le droit à la (...)
21/09 16:00 - franc
« Charlie Hebdo est néo-conservateur. Charlie Hebdo a défendu l’intervention de (...)
21/09 12:58 - zélectron-libre
la France n’est pas réellement un pays chrétien, la plupart des gens sont agnostiques, et (...)
21/09 09:28 - TicTac
Un BIG UP pour Morice, pour qui un type ayant l’air d’un surfer est forcément (...)
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