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Commentaire de noodles

sur La poésie pour dénoncer la guerre...


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noodles 23 septembre 2012 09:57
Je ferai remarquer que Rimbaud n’avait que 16 ans  quand, en 1870, à la suite d’une fugue, il traversa un champ de bataille jonché de cadavres. Sensible à la vulnérabilité des jeunes soldats -il est lui-même très jeune- . Il dénoncera  les horreurs de la guerre en tant qu’authentique témoin. (Votre extrait, Le Dormeur...)

Encore des poètes dans la tourmente récemment, non pas pour lui donner tort, j’ai parlé de Romain Rolland qui a fui le conflit de 1914. Rosemar vous avez longuement évoqué le soldat Bardamu, le héros de LF Céline...
Pour ma part j’aurais bien voulu éviter d’y aller (Algérie)et je vous avoue que cela ébranlait pas mal mes convictions. Je n’ai pas eu le courage de déserter -car c’en est un-, devenir un paria...
Pourtant on se construit mieux en restant fidèle à ses convictions...Si c’était à refaire et vu les résultats de la guerre d’Algérie, je crois que je pourrais bien déserter.
Rappel encore de Jean Giono, pacifiste, a été condamné pour appeler les gens à se désengager du conflit 39-45 qui ne reproduisait que trop l’enfer de la « Der des Der »(sic) qu’il avait vécu en tant que soldat en14. (Défaitisme)

La guerre est un vécu forcément douloureux, dans lequel on ne s’appartient plus. Soit on y est contraint, soit on adhère aux idéaux et aux valeurs qui soutiennent le conflit, soit alors on déserte. 
René Char qui relate dans les « Feuillets d’Hypnos » son engagement dans la lutte clandestine en tant que Capitaine Alexandre sans les renier, pourtant seulement à quelques dizaines de km de l’Isle sur Sorgue son lieu de vie, Char ne voudra jamais revenir sur les lieux de son combat, à Céreste, contre les nazis. 

Max Jacob, dit « le plus chrétien de tous les juifs », mourra interné à Drancy en 1944 malgré les efforts de ses amis pour le faire libérer
il aura vécu dans l’angoisse toute cette guerre infâme
Il écrit sur l’exode de 1940 : 


........ Reportage de juin 1940

........

    Ici plus de nouvelles, de postes, plus d’argent.

    Les magasins sont clos et la place est déserte.

    On logeait le fuyard au lit de l’habitant.

    On était bon pour tous ! les bontés se concertent.

    J’avais passé la nuit dans l’ombre à ma fenêtre

    Où montaient les pauvres voix des soldats piètres :

    Une armée ! elle ne savait se diriger

    D’un côté, c’est Sully ! de l’autre Châteauneuf !

    Où aller ? des drapeaux les bataillons sont veufs.

    L’aurore s’étonne d’un bruit de sabots sourds.

    Des chevaux en troupeau dont la croupe était nue

    Attendaient pour glisser leur fuite dans la rue

    Que le fourgon laissât la place à leurs parcours.

    Des chevaux en troupeau que la soif exaspère

    Couronnaient la ville muette et leurs crinières

    Repartirent à l’amble, entraînant des harnais

    Vers quel soleil plus noir ? et quel fleuve est près ?

    D’où venaient-ils ? d’un désespoir d’artillerie ?

    Aux flancs d’une jument un poulain nouveau-né !

    Si l’un avait l’aspect des chevaux de caserne,

    L’œil gardant le souvenir des embrasements,

    L’autre sentait encor le trèfle et la luzerne.

    Des fontaines de sang coulaient d’un cheval blanc !

    Il trottait, élevant la mort entre les dents.

    Puisse, Étoile, ton sang être pluie de Sagesse

    Et toi, Deucalion, le Noé de la Grèce

    En ce déluge avoir semé dans les sillons

    La vertu renaissant, la Foi et la Raison. (Derniers poèmes, 17 septembre 1940).


Bon dimanche rosemar, bon dimanche à tou(te)s

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