LQDN
a déjà précisé sa position pour ce qui concerne la mission
Lescure
ici
D’’autre part Philippe Aigrain ’explique fort bien ce boycott sur son blog :
- "Le gouvernement ne se préoccupe que de macro-économie, sujet sur
lequel il semble avoir une idée de ce qu’il devrait faire, mais le fait à
moitié (au mieux), dans un contexte où seule une action résolue et cohérente pourrait atteindre des résultats.
- Le gouvernement et son président hypernormal ne se soucient pas
d’ancrer leurs politiques dans les attentes, initiatives et pratiques
des citoyens, même lorsque celles-ci sont compatibles avec les valeurs
dont ils se réclament.
- Les déclarations et politiques ne manifestent aucune compréhension
visible de l’impact des grands choix technologiques ou concernant les
modèles d’innovation, de production et d’échange, les déclarations
d’intention à l’issue de la conférence environnementale ne pouvant en
tenir lieu.
En conséquence, le gouvernement prend des positions désespérantes dès
qu’il s’agit de questions dépassant les grands agrégats
macroéconomiques :
- Il défend les intérêts industriels établis au nom de l’emploi même
lorsqu’ils s’opposent à l’innovation et au développement économique
(exemple de la défense d’Orange contre la concurrence ou du refus de
légiférer sur la neutralité du net) alors même qu’il a pris des mesures
salutaires pour commencer à réduire les avantages fiscaux des plus
grandes entreprises.
- Il considère les pratiques non marchandes comme des échecs du marché
et non comme le développement d’un nouvel espace de socialité, de
production et d’échange.
- Il a démis une ministre respectée (Nicole Bricq, heureusement
réaffectée à un autre poste) parce qu’elle avait pris une décision
visant indiscutablement l’intérêt général, sous prétexte de l’opposition
d’un lobby particulièrement peu estimable.
- Il met en avant le « sécuritarisme » au risque de pérenniser ou
d’aggraver la stigmatisation de populations (actions à l’égard des roms
et retrait de la mesure sur les récépissés de contrôle d’identité).
- Et enfin, il conduit de façon très dangereuse le débat (ou plutôt son absence) sur le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’union économique et monétaire
et d’autres décisions européennes comme celle de la BCE d’acheter la
dette des Etats sans limites sur les marchés secondaires (j’y reviendrai
dans un prochain post).
Le fil conducteur de toutes ces dérives, hélas prévisibles pour qui
avait suivi l’attitude du président de la République et de son équipe
pendant la campagne, c’est l’incapacité à traiter les citoyens en
adultes politiques, porteurs d’idées, d’analyses et de propositions.
C’est la segmentation des interlocuteurs en groupes d’intérêt, c’est la
marginalisation aussi au sein même de la majorité de ceux qui avaient
tissé d’autres liens avec la société civile, c’est le respect accordé
aux interlocuteurs en raison de leur seul pouvoir de nuisance. Le temps
va être très court pour se ressaisir."
On ne peut être plus clair.
Jordanne Л