En qualifiant de « délire » une assertion dont vous ne pouvez pas démontrer la fausseté ou seulement l’inexactitude (tout simplement parce qu’il n’y a pas de chiffres probants sur ce sujet) c’est vous qui donnez dans la mauvaise foi.
"Résultats de la plus importante étude épidémiologique jamais conduite en Europe.
Ils ont été publiés par le très sérieux Joumal of the National Cancer Institute américain en octobre 1998. Cette enquête a mobilisé pendant dix ans, plus d’une trentaine de chercheurs du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), un des plus prestigieux laboratoires de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Elle a impliqué douze centres de recherche de sept pays européens y compris la France (INSERM U351, Villejuif) sous la direction du Docteur Paolo Boffetta. Il a fallu en effet du temps pour identifier, parmi 12 000 cas de cancer pulmonaire, 650 personnes, essentiellement des femmes, qui n’avaient jamais fumé. Ces cas ont été comparés à un groupe témoin de 1542 sujets non-fumeurs, âgés de moins de 74 ans, et qui ne présentaient pas de cancer. C’est ce qu’on appelle une étude cas-contrôle. Selon le Docteur Boffetta, cette série de 650 cas de cancer pulmonaire chez de véritables non-fumeurs est la série la plus importante jamais réunie dans le monde.
Le risque en fonction du tabagisme passif a été recherché pour trois sources principales d’expositions :
- le conjoint (le mari le plus souvent) ;
- l’exposition sur le lieu de travail, le sujet étant dans une pièce où se trouvent des fumeurs ;
- une exposition pendant l’enfance à la fumée des parents, soit cinquante à soixante ans avant le développement du cancer.
Les résultats trouvés par le Docteur Paolo Boffetta et ses confrères sont les suivants :
- L’exposition à la fumée du conjoint est associée à une augmentation du risque relatif (1) (R.R) de cancer du poumon de 1,16.
- L’exposition à la fumée sur les lieux de travail est associée à une augmentation du R.R- de 1,17.
- Les personnes doublement exposées présentent un R.R de 1,14. Selon ces résultats, le risque relatif diminuerait quand l’exposition à la fumée augmente.
Cette apparente contradiction n’est pas surprenante car, selon le CIRC et le National Cancer Institute, un risque inférieur à 2,0 est difficilement interprétable.
- L’étude du CIRC souligne que l’exposition à la fumée du tabac durant l’enfance n’est pas associée à un risque de cancer du poumon.
- Aucune augmentation du risque n’a enfin été trouvée pour les autres expositions à la fumée de tabac que ce soit dans les locaux publics, les restaurants ou les transports en commun.
Un risque non significatif
Les risques relatifs de 1,14, 1,16 et 1,17 rapportés par le CIRC (parfois présentés comme une augmentation de 14%, 16% et 17% du risque) doivent être replacés dans leur contexte pour être compris et appréciés.
Selon un ouvrage de référence publié par le CIRC lui-même, « les risques relatifs inférieurs à 2,0 peuvent facilement refléter une erreur systématique ou un facteur de confusion non apparent » (2). Aux Etats-Unis, le National Cancer Institute, dont le journal publie l’étude du CIRC, a tiré les mêmes conclusions estimant qu’en matière de « recherches épidémiologiques, les risques inférieurs à 2,0 sont considérés comme faibles et généralement difficiles à interpréter » (3). Les résultats publiés aujourd’hui par le CIRC entrent justement dans cette catégorie de risques considérés par la plupart des scientifiques comme « faibles » et par conséquent non-significatifs.
Dans les études épidémiologiques sur l’exposition à la fumée de tabac dans l’air ambiant, comme celle du CIRC, des questionnaires sont utilisés pour évaluer l’exposition à la fumée. Cette méthode consiste à s’en remettre à la bonne volonté et à la capacité des personnes interrogées à se souvenir de la nature et du degré de leur exposition à la fumée de tabac dans l’air ambiant pendant plusieurs dizaines d’années. De nombreux scientifiques avaient souligné le manque de fiabilité d’estimations d’études passées. Ces estimations sont en effet à la fois indirectes et décalées dans le temps. L’incapacité à se souvenir de l’exposition passée est un des problèmes qui « affectent de manière chronique les études épidémiologiques sur l’exposition à la fumée de tabac dans l’air ambiant » (4). C’est ce qu’on appelle un facteur de confusion.
C’est ainsi que les premières études publiées, notamment, par des scientifiques américains dans les années 80 faisaient état de risque relatif de cancer du poumon chez les non-fumeurs exposés à la fumée ambiante de l’ordre de 1,4 (40%). Puis l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) en 1993, après avoir évoqué, dans un premier temps, un chiffre de 1,28, rendait un rapport concluant à un risque relatif de 1,19. Aujourd’hui le CIRC arrive à un risque relatif de 1,14 dans les cas de double exposition (travail et domicile). Ainsi, au cours des années et après plus d’une quarantaine d’études, l’estimation du risque baisse.
Plusieurs chercheurs ont fourni à cela une explication : l’amélioration de la qualité des études (notamment à travers l’attention portée aux facteurs de confusion) permet d’affiner les résultats, en se rapprochant d’un risque relatif de 1, ce qui signifie une absence d’augmentation du risque.
En résumé, les résultats de l’étude du CIRC qu’ils soient considérés en eux-mêmes ou par comparaison à ceux de la quarantaine d’études épidémiologiques sur l’exposition à la fumée de tabac d’autrui, ne fournissent pas de base scientifique convaincante aux allégations concernant l’exposition à la fumée de tabac dans l’air ambiant et le cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Un étrange oubli
Ainsi, répétons-le, au cours des années 80-95, l’estimation du risque baisse. Pendant ce temps en France, le professeur Tubiana rendait en avril 1997 à l’Académie Nationale de Médecine un rapport où, à partir d’une étude partielle, donc partiale - 16 études prises en considération sur les 40 existantes étaient passées en revue - il faisait état d’une augmentation moyenne du risque de 1,35. Un bond en arrière de 10 ans !... Difficilement explicable...
Au moment où le professeur Tubiana avançait un R.R de 1,35, il est difficile de croire qu’il n’était pas au courant des conclusions auxquelles était arrivé le CIRC, à savoir 1,14 en cas de double exposition. Le professeur Tubiana présentât en effet un « rapport d’un groupe d’étude sur le tabagisme passif » devant ses confrères académiciens comprenant notamment le Docteur Jean Trédaniel par ailleurs membre de l’équipe de chercheurs du CIRC.
Un « oubli » compréhensible si l’on se rapporte à la forte médiatisation - une demi-page dans « Le Monde » - du rapport Tubiana et des recommandations qu’il contient. En effet plus le risque relatif avancé est élevé, plus la médiatisation est assurée. Inversement, le faible risque relatif établi par le CIRC n’a trouvé que pas ou peu d’écho dans la presse grand public et médicale."
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06/02 16:10 - TiCi
> En l’occurence il n’est pas absolument établi, c’est même douteux, que le (...)
06/02 15:22 - minijack
C’est vrai, je ne fais pas dans la nuance, mais si les vérités sociales peuvent être (...)
06/02 12:56 - TiCi
> mais n’en est pas et de loin le seul responsable. Admettons qu’il y a un doute. (...)
06/02 10:37 - JLE
@l’auteur Evidemment que vous n’êtes pas idiot. Mais que voulez-vous, vous (...)
05/02 22:39 - minijack
Autant pour moi, c’est vrai le Dr Paolo Bofetta est du CIRC. Il n’empêche... (...)
05/02 21:48 - minijack
Trouvé, sur www.sante.gouv.fr, un rapport publié le 15/10/2003 par l’ABAC qui, aux côtés (...)
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