Merci, Eric, de replacer les événements dans une perspective historique et sociologique, beaucoup plus intéressante que les amalgames à bon marché. Je connais un peu un peu mieux le cas du Danemark, mais il me semble qu’il y aurait à y voir bien des parallèles. En effet, les juifs qui ont trouvé refuge en Suède au cours de cette opération qui, encore aujourd’hui, fait la renommée du Danemark (qu’il ne mérite plus, hélas), étaient dans leur grande majorité des Juifs qu’aujourd’hui on appellerait intégrés, issus de milieux aisés, aux patronymes se terminant en -sen à la danoise, en bonne partie descendants de gens que la couronne danoise avait invités à s’établir au début du XIXe (peut-être pour aider le pays à sortir du marasme économique et de la banqueroute où l’avaient plongé les guerres entre la France et le reste de l’Europe).
D’un autre côté, il y avait les juifs pauvres, en général émigrants de première et de seconde génération de gens qui s’étaient réfugiés au Danemark à la suite des vagues de pogroms en Russie et ailleurs en Europe orientale. Parlant mal la langue, peu éduqués, mal vêtus aux normes des bonnes gens (ça vous rappelle les banlieues ?), et surtout souvent méprisés par les juifs de vieiile souche(de même que les Gitans/Tziganes « établis » de nos contrées occidentales regardent d’un œil soupçonneux et même plus ceux qui de nos jours débarquent des Balkans), ce sont eux qui sont tombés dans les rafles nazies pour finir à Teresienstadt.
J’imagine que c’est un peu la même chose qui s’est produite en France à l’époque, avec cette seule différence que l’anti-judaïsme était, dans l’ensemble, moins prononcé au Danemark (pas d’affaire Dreyfus, pas de Maurras, de Barrès...)