@ Romain,
ces citations d’Elie Wiesel et d’Einstein sont intéressantes
« Le tirage au sort s’expliquait puisqu’au fond une seule caste avait le droit d’être élue »
non, non, non, « une seule caste avait le droit d’être tirée au sort »
là, dans cette inoffensive phrase, s’est fait le glissement, la pente fatale qui raye la désignation aléatoire des possibilités
notre regard de 2012 est prompt à parler d’aristocratie grecque, les femmes étaient exclues, en France aussi jusqu’en 1945 ! les métèques étaient exclus du processus, et bien en France 2012, pareil, reste les esclaves, ok nous parlons d’une époque -600, -400 avant JC
compte tenu de cela, remis dans le contexte, le panel des tirés au sort était trop large pour parler d’aristocratie, et le mot démocratie convient...quand même, vous poussés le bouchon, à vous lire, Athènes n’était pas une démocratie, et notre système 2012 est LA démocratie, c’est osé
la clé, le germe fertile qui malheureusement vous échappe avec cette position est la rotation des charges qu’amène le mandat court et non renouvelable
Pour Aristote, c’était le cœur de la vertu civique : « être capable de bien commander et de bien obéir »
Les démocrates grecs se plaisaient à répéter : « on ne peut bien commander que si l’on a obéi »
Comme le note Bernard Manin dans « Principes du gouvernement représentatif » : « La
rotation des charges fondait ainsi la légitimité du commandement. Ce
qui conférait des titres à commander, c’était le fait d’avoir occupé
l’autre position » »
les commandeurs deviennent ensuite les commandés
imaginez, ou pas, une seconde les bienfaits responsabilisant d’un tel système, les répercussions positives dans le cercle familial, amical d’un désigné, qui une fois dans sa vie aura à participer à la chose publique
si on se plaint aujourd’hui de la dépolitisation de notre société, être contre ce remède serait une contradiction...au moins, un débat ouvert et rationnel poserait le sujet, la question sur la table commune
pour finir, votre remarque sur la refonte du conseil constitutionnel est pertinente, à l’époque de sa création, ce « conseil » faisait hurler les constitutionnalistes...resterait à définir le mode de désignation / révocation du « conseil des sages »