Un droit au blasphème serait une entorse à la laïcité. Même si je doute que cela apparaisse clairement à ceux qui en parle.
Terme fondamentalement religieux, le blasphème est à l’origine un terme théologique qualifiant des paroles qui « insultent la divinité ». Une insulte à quelque chose d’indémontrable ? Dont l’existence en peut être prouvée.
Avec la baisse de la qualité du français, c’est devenu plus généralement, une irrévérence pour ce qu’il y a de sacré ou d’inviolable.
Avec ce mot et suivant l’acception floue qu’on lui donne, on reconnaitrait juridiquement une catégorie particulière juridique lié à des divinités ? On reconnaitrait un droit à l’insulte spécifique, ou non du reste, au domaine religieux ?
Dans la version faible, « sacré ou inviolable », se poserait alors la question de la définition de ce qui est sacré ou inviolable. Ou pas. D’un point de vue anthropologique, la plus part des chercheurs actuels s’accordent à reconnaitre qu’il existe dans toutes les sociétés des croyances, liée à des conceptions de l’homme du sens de sa vie et de la question de sa fin qui sont structurantes et identitaires.
Le vrai problème anti laïque c’est que dans cette acception, c’est l’État qui au final définirait ce qui ressort d’un droit au blasphème et ce qui est juste une irrévérence. Il s’arrogerait un droit à la définition du sacré, ce qui en ferait fonctionnellement un organe religieux. C’est bien ce qui se produit en tendance.
On le voit avec le racisme. Il y a eu une campagne de pub récente expliquant que le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Il aurait été plus efficace de montrer que c’est surtout une connerie, mais, bon. Depuis que c’est le cas, tous le monde en profite pour traiter tous le monde de raciste dans des conditions qui forcent souvent à l’éclat de rire. Racisme anti musulmans, racisme anti patron plus récemment, racisme quand des arabes ratonnent des roms, racisme antihomosexuel (? ???).
Dans tous les cas,on sous entend à la fois que les race n’existent pas, que les catégories en question en constituent, que toute opinion contraire est un racisme qu’on défini comme la croyance en quelque chose qui n’existe pas. On à tous les aspect de quelque chose de sacré au nom de quoi on interdit d’avoir une opinion contraire à celle définie. C’est bien une interdiction d’un blasphème.
On a déjà un droit à l’irrévérence. On a des lois et des juges pour trancher sur ce qui est irrévérence, insulte, diffamation. Je ne vois que des apsects négatifs et antilaïque à reconnaitre un droit au blasphème, notamment et peut être surtout si il est réservé au religieux.