• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Ulysse

sur « Apocalypto » : Mel Gibson y commet une erreur... astronomique !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Ulysse (---.---.191.72) 5 février 2007 09:47

Pour ce qui est des exactions commises par les Anglais en Amérique, on peut se référer, par exemple, à l’article « Guerre d’Indépendance » de Wikipédia : « Exactions des Anglais dans la Caroline et la Géorgie Le général anglais Prévost vint rejoindre Campbell, et le chef des milices américaines, Lincoln, fut forcé de leur abandonner, avec la Géorgie, toute la Caroline du Sud. Les Anglais faisaient de ce côté une guerre d’extermination qui soulevait contre eux les populations, aussi le général Lincoln put-il bientôt reprendre l’offensive et forcer l’ennemi à lever le siège de Charleston (mars 1779). En même temps, sir H. Clinton envoyait des détachements sur les côtes de la Virginie et de la Nouvelle-Angleterre pour tout ravager. Ce général concentra ses troupes sur le bord de l’Hudson et vint attaquer les forts de Verplanck et de Stoney-Point. Cette dernière place fut prise, puis reprise par Wayne. Le lieutenant-colonel de Fleury se précipita le premier dans les retranchements qu’il avait fait construire et saisit le drapeau anglais. Les Américains accordèrent la vie sauve à la garnison anglaise, bien qu’elle eût commis d’horribles massacres. Washington dut pourtant abandonner ce poste après en avoir enlevé les munitions et en avoir détruit les défenses. » C’étaient des choses assez habituelles au XIXe siècle, époque où les « conventions de Genève n’existaient pas, même si on pratiquait « la guerre en dentelles » (sic). Il suffit de se rappeler l’opinion de Voltaire au sujet de la guerre (voir, par exemple, Candide). Les civils étaient aux premières loges lorsqu’ils se trouvaient sur la route d’une armée qui, de plus, se ravitaillait sur l’habitant. L’exactitude des costumes dans « The Patriot » est acceptable car les Américains sont très attachés à cette période historique qu’ils reconstituent assez volontiers. On peut pour s’en convaincre consulter la version « collector » du film où l’on explique les choix vestimentaires. Mais ce film n’est nullement un film de propagande car il a été tourné par... Roland Emmerich et non pas Mel Gibson (bien que ce dernier y ait probablement adhéré dans la mesure où les Anglais y sont peints au noir [Gibson est un activiste écossais anglophobe]). Sa passion du Christ est souvent grotesque (ne parlons pas des costumes) ; le spectateur non averti ne sursautera pas lorsque Jésus passe inopinément de l’araméen au latin (à cette époque, à l’instar de la nôtre où tout le monde parle anglais, la langue véhiculaire de l’Empire était le grec ! Ce qui est d’autant plus vrai dans la partie médio-orientale de la méditerranée : Jésus, on le sait d’après les Évangiles qui relatent « la fuite en Égypte » (les véritables raisons de cette fuite figurent dans les bouquins de Gérald Messadié), a probablement longtemps séjourné à Alexandrie où se trouvait une importante colonie juive (qui est à l’origine de la « Bible des Septantes », traduction en grec de l’ancien Testament). Comme toute personne cultivée, Jésus s’exprimait en grec. Mais ceci n’est qu’un détail. Gibson ne fait qu’ « adapter » les passions d’Outre-Rhin. Ridley Scott est un excellent metteur en scène que j’admire énormément (« photographie » superbe), mais l’exactitude historique n’est plus guère au rendez-vous depuis qu’il travaille pour Hollywood (le pitoyable « Gladiator » qui ne vaut que par la reconstitution initiale de la bataille contre les Germains, « La Chute du faucon noir » qui n’est qu’un film de propagande (20 ou 30 millions d’adversaires tués, si j’ai bien compté), « Kingdom of Heaven » presque parfait s’il n’était gâché par son dénouement qui n’a rien d’historique). Son seul bon film (historique) est « Duellistes », admiré par Jean Tulard : il est vrai qu’il est adapté très fidèlement de la nouvelle de Joseph Conrad et que les références iconographiques au préromantisme ainsi que le final qui évoque Caspar David Friedrich sont superbes. Il n’a coûté, à l’époque (1977) que 900 000 $. « Gladiator » est le « remake » (encore une adaptation !!!) de « La Chute de l’Empire romain », mais totalement vidé de sa substance (l’intrigue complexe a été réduite à la dimension de ce qu’un spectateur nouvelle génération peut comprendre avec les 5000 mots qui constituent, pour les plus performants, tout son vocabulaire). Pourtant, en cette période électorale, la fin de « La Chute de l’Empire romain » mériterait d’être méditée... le général Livius qui vient de tuer Commode s’éloigne après avoir arraché du brasier la fille de Marc-Aurèle ; les sénateurs corrompus tentent de le retenir : « 3000 000 de sesterce si tu acceptes d’être notre Empereur... - Non, 4000 000... » Mais impavide , Livius s’éloigne avec mépris. Parmi les bons films historiques, il y a « Gettysburg », malheureusement introuvable en France (quatre heures de véritable plaisir). Quant à « Apocalypto (titre éminemment ridicule !) pourquoi personne n’a-t-il donc songé à adapter « Azteca » de Gary Jennings, l’un des meilleurs romans historiques (avec « Neropolis » de Hubert Monteilhet) ?


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès