Vous avez lu je suppose le livre de Stella Baruk
Stella Baruk a fait beaucoup parler d’elle dans les années 70. Elle dit des choses intéressantes mais je ne la rejoins pas sur tous les points.
Quoi qu’il en soit elle a bien mis les pieds dans le plat avec « l’âge du capitaine », ceux qui connaissent l’anecdote peuvent en rire encore. Mais elle assène aussi quelques truismes concernant la langue usuelle, la langue spécialisée et le lien qui n’est pas très bien fait. Peut être a-t-elle raison pour ce qui concerne l’évaluation des très jeunes enfants, mais enfin si un enfant de CP ne parvient pas à apprendre à lire il faut en faire le constat, une note sur 20 n’étant pas dans ce cas indispensable.
En tout cas, il y a aussi une question de pédagogie ! Je crois avoir eu
toute ma scolarité entre zéro et trois en maths ( sauf pour les
probabilités et stat où je frôlais les vingt !) et prise en main par une
amie très douée en math, en trois après-midi , j’ai atteint les 10/20
au bac !!
Les mathématiques ont un côté paradoxal, c’est à la fois la chose la plus inutile à l’individu dans sa vie quotidienne (la règle de trois, quelques trucs sur les pourcentages et la surface des rectangles suffisent à se tirer d’affaire dans 95% des cas) et la plus utile à la société, car en tant que langage des sciences, c’est le sésame vers la recherche, les découvertes technologiques et la maîtrise des technologies Les mathématiques sont le langage de la nature, c’est un langage universel qui nous permettrait certainement de communiquer avec des aliens, mais on peut vivre et même bien vivre sans. Un des problèmes que nous avons est de motiver les jeunes en leur faisant croire qu’elles sont indispensables alors que dans leur expérience personnelle ils constatent exactement le contraire.
Pour clore ce chapitre avec vous je vous ferai la confidence que j’ai toujours pêché contre l’esprit en développant la conviction que certains individus sont plus doués en maths que d’autres et que certains, tout en étant intelligents de façon évidente, avaient peu de chance d’améliorer leurs performances dans ce domaine.
Cela va à l’encontre du principe égalitaire des cerveaux, et de cette idée que l’homme n’est que le produit de la société que l’on ressort finalement d’une tête que ce qu’on y a mis. Certains individus sont doués et même extraordinairement doués et nous ne faisons que leur faciliter un peu la tâche en guidant leurs lectures et en leur donnant quelques raccourcis, mais cet adage qui dit que « l’enseignement n’est nécessaire que quand il est superflu » n’est pas dénué de bon sens. En fait la répartition des dispositions pour les sciences abstraites suit commebeaucoup d’autres une loi de Gauss avec une courbe en cloche, ce qui doit vous parler puisque vous aimiez les stats. Fort heureusement certains individus peu doués pour les maths développent des qualités remarquables dans d’autres domaines tout aussi utiles. Le rôle d’un bon système éducatif est donc de tirer le meilleur de chacun en détectant ses qualités au lieu de promouvoir un égalitarisme crétin.
Il va de soi que ce ne sont pas des propos à tenir en salle de classe.
Cela dit nous donnons à des gens pas forcément très doués un certains vernis et nous faisons œuvre utile à donner quelques notions de maths à des gens peu receptifs qui sauront quand même de quoi il s’agit. Convenez qu’il y a une différence entre quelqu’un qui a fait 7 ans d’anglais à l’école et qui ne parle pas la langue couramment (fréquent dans ce pays) et quelqu’un qui n’a jamais étudié un mot d’anglais.
Bonne soirée.